avril 19, 2024

Lune de Glace – Antoine Tracqui

Auteur : Antoine Tracqui

Editeur : Editions Critic

Genre : Thriller

Résumé :

« Tu voulais savoir la date de la fin du monde, Josh ? commenta Caleb d’une voix amère. C’est dans quatre jours. »
Avant-hier. Lors d’une mission secrète à destination des côtes britanniques, le sous-marin nucléaire le plus performant jamais bâti va connaître un sort tragique ; dans ses soutes se trouve la mère de toutes les abominations, une cargaison qui pourrait exciter bien des convoitises.
Hier. Dans les immensités désertes du Grand nord canadien, une jeune femme fuit pour sauver sa vie : elle doit à tout prix dénoncer l’effroyable projet ourdi par ses employeurs. Mais déjà, un chasseur impitoyable s’est lancé à sa poursuite…
Aujourd’hui. Après un ultime contrat périlleux, Caleb McKay rêve d’une retraite bien méritée. Mais un attentat sans précédent va bouleverser ses plans : face à un ancien adversaire revenu des morts pour assouvir sa vengeance, lui et son équipe n’auront d’autre choix que de replonger dans la bataille. De Washington à Florence et tandis que le monde entier s’achemine vers le chaos, une nouvelle course contre la montre s’engage pour les membres de la Hard Rescues.
De son issue dépendront la survie ou l’extinction de l’espèce humaine.

Avis :

En l’espace de seulement deux ouvrages, Antoine Tracqui s’est avancé comme une véritable référence littéraire en matière de techno-thriller. Les deux premiers tomes de la Hard Rescue se sont imposés comme des romans entraînants, maîtrisés et d’une rare méticulosité dans chaque thématique ou détail avancé. Il en ressortait des histoires d’une densité conséquente, mais guère handicapante pour maintenir l’intérêt du lecteur sur le long terme. Avec Lune de glace, l’écrivain (et médecin légiste) marque la conclusion d’un projet qui aura nécessité plus de dix années de gestation et, à titre indicatif, la bagatelle de plus de 4,5 millions de caractère pour les trois livres !

À l’image de ses prédécesseurs, le récit s’amorce sous différents angles en restant circonspect quant à la vision d’ensemble de l’affaire principale. Là encore, on distingue une rigueur évidente sur les descriptions. Cela tient autant à l’exposition des environnements, au traitement des personnages ou à la présentation d’un arsenal qui sort de l’ordinaire. Pour autant, les détails amenés demeurent pertinents et ne souffrent guère de longueurs ou d’errances narratives. Chaque élément concourt à étayer le réalisme de l’intrigue. Cela concerne le contexte, l’histoire elle-même et le travail d’anticipation sur la géopolitique.

En ce qui concerne ce dernier point, le récit prend place en 2024. On notera quelques spéculations quant aux relations internationales qui unissent (ou désunissent) les superpuissances. Tout comme d’autres auteurs versés dans l’exercice, on y distingue des occurrences qui se vérifient ou sont susceptibles de se produire à courte échéance. Il est tout aussi appréciable d’intégrer une dimension environnementale, eu égard au réchauffement climatique, à la surpopulation mondiale et aux actions écoterroristes pour tenter d’endiguer l’impact des sociétés consuméristes. Il ne s’agit pas de justifier des prises de position radicales, mais de trouver une référence vraisemblable du point de vue des antagonistes.

Côté action, l’auteur n’hésite guère à multiplier les confrontations dans des circonstances et des lieux d’une grande diversité. On a beau assister à des fusillades, à des combats rapprochés ou même à des éliminations à distance, tout est parfaitement orchestré et chorégraphié. La fluidité du style tient compte des contraintes physiques et spatiales, ainsi que des rapports de force ; quand bien même ces derniers relèvent du nombre d’adversaires ou des armes employées. À ce titre, on retrouve un large panel de technologies pour tuer ou provoquer des catastrophes à l’échelle planétaire. Quant à la menace nucléaire, elle s’avance surtout comme le déclencheur de conséquences irrémédiables.

Lune de glace coche donc toutes les cases du techno-thriller et propose une aventure emportée à plus d’un égard. Cependant, on notera que les enjeux demeurent similaires à ceux évoqués dans Point Zéro ou Mausolée. Certes, leur échelle n’est pas la même. Les risques sont également décuplés. Toutefois, l’ensemble suit un cheminement assez attendu pour les lecteurs versés dans ce type d’ouvrages ou, plus généralement, dans le genre. On distingue quelques éléments qui tiennent du fantastique, voire de la science-fiction. Ce qui détonne face au soin apporté pour ancrer l’intrigue dans un cadre réaliste. On songe à l’androïde ou à la créature dantesque qui fait office de machine à tuer.

Au final, Lune de glace s’avance comme une bonne conclusion à un triptyque à la fois dense et intense. Sur la forme, on y retrouve tous les ingrédients de ses prédécesseurs, rehaussés par des enjeux d’autant plus importants. L’intrigue ne souffre d’aucun temps mort, tandis que les scènes d’action se suivent et ne se ressemblent pas. La plume d’Antoine Tracqui est toujours aussi agréable à suivre, a fortiori pour une aventure au long cours. L’évolution et les relations des personnages, ainsi que le traitement géopolitique et la force de description finissent de parfaire un tableau flatteur de cette ultime (?) incursion de la Hard Rescue. Seuls bémols : quelques éléments irrationnels hors contexte et une progression attendue. Il n’en demeure pas moins un techno-thriller recommandable pour les amateurs du genre, comme pour les novices.

Note : 14/20

Par Dante

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