mars 28, 2024

Death Sentence

Auteurs : Monty Nero et Mike Dowling

Editeur : Delcourt

Genre : Science-Fiction, Action, Super-Héros

Résumé :

Que feriez-vous si vous aviez des super-pouvoirs et seulement six mois à vivre ? Le Virus G+ est un agent infectieux qui se transmet par voie sexuelle et qui donne des pouvoirs extraordinaires, puis vous tue. Verity, Monty et Weasel l’ont tous les trois contracté. Vont-ils crever dans leur coin ou mourir auréolés de gloire ? Et s’ils décident de se battre, que restera-t-il de la Terre ?

Avis :

Venu tout droit d’Angleterre, Death Sentence (à ne pas confondre avec le film de James Wan) est un comic qui se veut très sulfureux et qui va jouer avec les codes du politiquement incorrect. A la manière d’un The Boys ou, si on va plus loin, d’un Crossed, Montynero et Mike Dowling vont tisser un récit autour de super-héros dépravés qui veulent profiter de la vie avant de mourir. Partant d’un concept intéressant et innovant, à savoir un virus qui octroie des super-pouvoirs mais qui tue son hôte au bout de six mois, force est de constater que l’histoire ne va jamais aller plus loin que cela, et propose, in fine, un scénario assez convenu, où sexe et gore occupent la place principale, dans une tonalité presque légère et totalement gratuite. Tombé dans l’oubli aujourd’hui, le comic appartient pourtant à cette famille très fermée de super-héros en perdition.

Comme dit auparavant, l’histoire évoque un virus, le G+, qui donne des super-pouvoirs à qui le contracte. Sexuellement transmissible, il est aussi très dangereux, puisque lorsqu’il se réveille, il ne laisse plus que six mois à vivre à son hôte. A partir de là, Montynero propose de suivre trois personnages abîmés par la vie. On aura droit à Weasel, une star du rock qui sombre dans la drogue et l’alcool et ne trouve plus l’inspiration malgré le virus qui doit le donner une inspiration dingue. Verity est une belle jeune femme, artiste peintre, qui est perdue dans sa vie et qui déclenche un super-pouvoir destructeur. Quant à Monty, un humoriste qui peut contrôler les esprits, il va aller bien trop loin, faisant de Londres un terrain nihiliste où tout le monde baise tout le monde. Vous l’aurez compris, c’est lui le grand méchant de l’histoire.

Le récit s’articule alors autour de la vie de ces trois personnages. Weasel et ses désirs d’inspiration, en plus de revoir son fils. Verity et sa quête de qui elle est vraiment et de ce qu’elle va laisser sur Terre après sa mort. Monty et ses délires mégalos, allant jusqu’à coucher avec la reine d’Angleterre. Chacun a des motivations différentes et sont emplis d’une sorte d’urgence, laisser une trace avant de mourir. Le problème, c’est que tout, absolument tout, passe soit par le cul, soit par une violence exacerbée. Monty est totalement dépravé et va pousser les potards le plus loin possible. Weasel va tuer sans s’en rendre compte avec son pouvoir de passe-muraille et ne pense qu’à boire, se droguer et baiser. On a un trio assez antipathique pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. Et même du côté des humains normaux, on reste dans un schéma pénible et détestable.

Et c’est là l’un des principaux problèmes de cette histoire, qui n’arrive jamais à contrôler ses protagonistes, qui vont faire n’importe quoi, quitte à ne pas avoir de sens. Le personnage de Weasel en est un exemple flagrant, lui qui aime son fils, mais qui ne fait aucun effort pour le retrouver, que ce soit dans son train de vie ou dans ses bagarres internes. Pire du pire, lorsqu’il développe de nouveaux pouvoirs, il faut qu’il hurle des insanités, prouvant le côté bas du front de ce scénario. Même Verity, qui aurait pu être l’atout empathique de l’histoire, ne possède pas une écriture très fine, se faisant piéger par une agence gouvernementale qui veut à tout prix l’utiliser pour vaincre Monty. Certaines de ses actions posent question, comme lorsqu’elle couche avec Weasel, avant de se rendre compte que c’est un gros camé.

En fait, si l’histoire globale aurait pu être intéressante et part d’un concept malin, force est de constater que Montynero n’en fait pas grand-chose. On tombe de suite dans le graveleux qui ne pose jamais la bonne question, à savoir que faire pour gérer une épidémie qui transforme les gens en super-héros. On aurait pu avoir un récit politique intelligent, avec une intrigue potentiellement dense, mais ici, on préfère mettre en avant un méchant nymphomane (dont les coucheries qui doivent refiler le virus n’ont aucune incidence) qui pousse tous les curseurs de la décence loin en-dessous du niveau de la mer. C’est un peu triste comme constat, tant le potentiel est là, mais le scénariste ne veut que choquer et surfer sur les élans de Garth Ennis et son Crossed. Mais sans le génie gore et les questionnements sur la violence inhérente à l’Homme.

Quant aux dessins de Mike Dowling, ils sont à double tranchant. Avec des traits anguleux et quelques montages numériques hasardeux pour présenter les différents chapitres, on entre ou pas dans le délire. Si les dessins en gros plans sont plutôt sympathiques et démontrent un certain talent, il n’en est pas de même avec les plans larges, qui manquent de précision et semblent faits à la va-vite. De plus, il n’y a pas vraiment d’ambiance particulière qui se dégage de l’ensemble. On est dans une histoire assez glauque, où le ton est mis sur le politiquement incorrect et sur le côté sexy de Verity, mais jamais dans la beauté véritable des dessins. Encore une fois, c’est dommage, on aurait pu avoir tellement mieux avec un tel potentiel.

Au final, Death Sentence n’est qu’une vaste promesse qui ne tiendra pas. Hormis des séquences de cul et de massacre, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent, et le concept même n’est jamais véritablement exploité. Si on a tout de même quelques passages croustillants et une volonté de frapper fort le lecteur avec des morts d’enfants et un aspect sans pitié, on ne peut qu’être un peu déçu par un scénario qui aligne les poncifs sans jamais rentrer dans les détails. Mais là, c’est le format one shot qui est à blâmer, car l’histoire aurait gagné en épaisseur sur un schéma épisodique plus long.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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