avril 20, 2024

Le Faucon

De : Paul Boujenah

Avec Francis Huster, Guy Pannequin, Maruschka Detmers, Joseph Boujenah

Année : 1983

Pays : France

Genre : Policier

Résumé :

Frank est un flic qui aime attraper ses proies. Gus quant à lui, n’a pas fini de l’oublier, puisque ce dernier a causé la perte de sa femme, et blessé à vie sa petite fille. Leurs chemins vont à nouveau se croiser.  

Avis :

Dans la famille Boujenah, aujourd’hui, on s’arrête sur le petit frère, Paul. Moins connu, que Michel Boujenah, Paul Boujenah est lui réalisateur et il a eu une petite carrière notamment dans les années 80, où il a enchaîné pas mal de films les uns à la suite des autres. Et ce qui est assez drôle dans cette histoire, c’est le fait que Paul Boujenah ait réussi à enchaîner les films qui sont tous, de manière quasi-unanime, jugés mauvais. C’est à lui qu’on doit des films comme « Fait gaffe à la gaffe » ou encore « Yiddish connexion« .

L’un des fleurons de la petite filmographie de Paul Boujenah, c’est son deuxième film, « Le faucon« , un thriller particulièrement speed, dopé à un Francis Huster en roue libre qui ne s’arrête strictement jamais. Présenté en premier film de la sixième nuit Nanarland, « Le faucon » mérite parfaitement sa place, et peut-être même son trône, tant le film de Paul Boujenah frise le génie. Hilarant de bout en bout, défiant toute logique de narration, ayant un sens très aiguisé de la géolocalisation avant l’heure, « Le faucon » se voulait être un thriller nerveux français, influencé par l’Amérique, et il se pose en fait comme une merveille malgré lui. Une merveille dont nos zygomatiques vont s’en souvenir pendant un très long moment.

Zodiac fut autrefois l’un des meilleurs flics de Paris, au point qu’il avait écopé du surnom du faucon. Aujourd’hui, Zodiac n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa femme et que sa fille soit dans le coma à la suite d’un accident de voiture. Mais ce matin-là, alors qu’il ne s’y attendait pas, le Faucon va faire son grand retour quand il croise la route de Gus, un criminel ultra violent. Un criminel qu’il a déjà croisé autrefois…

Comme chaque année depuis sept ans maintenant, la nuit Nanarland s’installe au Grand Rex de Paris pour nous offrir une escale jubilatoire vers un cinéma qui frise le génie malgré lui. Et cette programmation commence très fort avec « Le faucon« , deuxième film réalisé par Paul Boujenah, qui se pose comme un film purement et simplement incroyable. En fait, c’est le genre de film qu’il faut voir pour le croire !

Avant de commencer par la multitude d’éléments qui ne vont pas dans cette histoire, il faut quand même laisser à ce « … faucon » d’être plutôt bien filmé (même si les scènes d’action riment souvent avec n’importe quoi, et plus encore). Le film, qui jouit d’une restauration, est visuellement assez « beau », et derrière ça, il peut même se vanter d’avoir quelques idées de mise en scène qui sont intéressantes, voire même bienvenues. Autre élément, le rythme est quant à lui très bon, Paul Boujenah cherchant à livrer un film qui ne s’arrête quasi jamais. Pour être drôle, on pourrait aisément comparer ce film à « Speed » de Jan De Bont, sauf qu’ici, le bus en question, c’est Francis Huster. Ainsi, derrière les rires moqueurs, jamais l’on ne s’ennuie tant le film enchaîne, et enchaîne, et enchaîne.

Autre petit truc sympa, « Le faucon » regorge d’acteurs débutants, qui ont fait carrière aujourd’hui, et même s’ils ne sont pas forcément bons, c’est très plaisant de voir de tout jeunes Vincent Lindon, Isabelle Nanty, Agnès Jaoui, ou encore Audrey Dana.

Pour ce qui est des bons éléments de ce film, on peut dire que c’est à peu près tout, car pour le reste, on peut même se demander comment c’est possible d’écrire quelque chose comme ça, car le souci de ce film vient bel et bien de son écriture, qui est une très grande leçon de n’importe quoi. Très marqué par les années 80, misogyne et balançant des vannes aussi tordantes que gênantes, « Le faucon« , c’est surtout une histoire devant laquelle il faut s’accrocher pour piger quelque chose. L’intrigue part dans tous les sens et on a bien du mal à lui trouver un sens. Tiré par les cheveux, faisant fi de toute subtilité, jouissant de coupes hallucinantes qui nous font nous égarer plus qu’autre chose, « Le faucon » est de ces nanars qu’on adore. Un nanar de très haute compétition, qui nous fait tout le temps passer du rire… au rire.

Au milieu de tout ce génial bazar, il faudra compter sur le sens divinatoire de géolocalisation d’un Francis Huster qui va tourner en rond, perdant et retrouvant sa cible, son criminel, sans cesse et sans répit. À plus d’une reprise, on se posera génialement la question de comment il a fait pour atterrir ici, ou retrouver le grand Gus là où là. Et de manière terrible, le film s’en fout royalement, se satisfaisait du « si Francis retrouve Gus, ça fait de l’action »… Enfin… Francis… On aurait envie de dire Zodiac, car oui, il y a un génie quelque part, qui est tellement influencé par les USA, qu’il a décidé d’appeler son personnage Zodiac. Et d’ailleurs, l’influence de l’Amérique est quasi partout dans ce film, dans son rythme, dans son visuel, ou encore dans bien des éléments, comme l’apologie des cheeseburgers, ce qui parfois donne des scènes et des dialogues ubuesques…

Tordant, hilarant, fou, ne perdant pas une seule minute, ne s’arrêtant strictement jamais, gratuit, en roue libre… Bref, on pourrait continuer encore longtemps comme cela tant la barre est ici très haute. Franchement, il faut le voir pour le croire, et si l’envie vous en dit, sachez que le film ressort dans une version qui a fait peau neuve en Blu-ray et DVD. Ça sort le 12 Octobre 2022 et y a même une interview de Francis « Speed » Huster en bonus.

Note : 04/20

Note Nanar : 20/20

Par Cinéted

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