mars 28, 2024

Les Ombres de Rookhaven – Padraig Kenny

Auteur : Padraig Kenny

Editeur : Lumen

Genre : Fantastique

Résumé :

L’heure de la Grande Configuration, un événement exceptionnel qui ne se produit qu’une seule fois par siècle, est enfin arrivée au manoir de Rookhaven. Tous les membres de la Famille, des créatures en tous genres venus des quatre coins du globe, s’y retrouvent pour y assister. Mais parmi les invités se cache un intrus dont la présence inattendue risque bien de gâcher les retrouvailles. Impatiente de rencontrer ses tantes et ses oncles lors des célébrations, Mirabelle ne tarde pas, quant à elle, à déchanter.
Car si les habitants de Rookhaven la considèrent bien comme l’une des leurs, le reste de la Famille ne cesse de pointer du doigt cette abomination mi-humaine mi-monstre… Alors, quand tout bascule et que l’un des êtres qu’elle aime le plus au monde est enlevé, la jeune fille n’a plus une seconde à perdre pour le retrouver ! Y parviendra-t-elle avant qu’il ne soit trop tard ?

Avis :

C’est en début d’année que les éditions Lumen nous ont gratifiés de la sortie du nouveau roman de Padraig Kenny, Les Monstres de Rookhaven. Récit purement fantastique dans un monde réaliste, l’histoire nous racontait la vie de Mirabelle, une jeune fille mi-humaine, mi-monstre, qui vit dans un grand manoir avec sa famille, des monstres dotés de pouvoirs incroyables. Jouant la carte des liens familiaux et de l’importance de compter les uns sur les autres face à une menace, ce premier roman a été une belle surprise, et peut-être le truc le plus grisant en littérature jeunesse depuis longtemps. Alors quelle surprise de voir débouler la même année une suite, intitulée Les Ombres de Rookhaven. Cependant, on le sait, les suites sont souvent inférieures au premier épisode, et est-ce le cas ici ? Oui et non, car même si on retrouve des thème similaires, l’auteur aborde le deuil de manière intéressante.

Dans cette histoire, on retrouve donc Mirabelle dans son manoir de Rookhaven. La jeune fille est un peu nostalgique car sa meilleure amie n’a pas répondu à sa dernière lettre. Mais en même temps, un évènement important va se dérouler au manoir, et tous les monstres du pays sont invités à participer à cette « fête ». C’est ce moment qu’a choisi Billy pour venir dans la maison, avec la ferme intention de remplir une mission, afin de sauver sa sœur, kidnappée par de sinistres personnes. Bref, Mirabelle n’est pas au bout de ses peines, et son fort caractère va encore parler. C’est le point de départ de cette histoire qui, comme la précédente, est découpée en chapitre en fonction des points de vue des personnages. On alterne donc très souvent entre Mirabelle et Billy, les deux personnages les plus importants, mais aussi avec Goret et Olibrius.

Si cela permet de voir les différents points de vue des personnages, cela permet surtout à l’auteur de décrire une scène sous différents angles. C’est assez malin, même si ça reste assez bateau. Mais plus que l’écriture ou le découpage, c’est surtout les thèmes brassés qui sont intéressants dans cette suite. En fait, ce qui déçoit un peu, c’est que l’on reste dans une sorte de redite par rapport au premier tome. C’est-à-dire que l’on retrouve Mirabelle et son fort caractère, avec sa volonté d’accueillir tout le monde et de se faire la plus ouverte possible. On aura alors une trahison, cette fois-ci avec un être hybride, comme elle, mais dont les finalités rejoignent le premier monstre, à savoir servir un monstre qui recherche l’immortalité. Padraig Kenny semble avoir du mal à raconter autre chose de la part de ses antagonistes, et c’est plutôt dommage.

Alors certes, là, le grand méchant utilise quelqu’un pour parvenir à ses fins, mais la finalité reste la même. On retrouve aussi des confrontations qui se ressemblent. Par exemple, Mirabelle tient toujours tête au chef de famille, Enoch, donnant lieu à des disputes qui n’auront que peu de conséquences. De même, on retrouvera une affinité avec Goret, le plus ancien des monstres, ou encore avec Olibrius, dont le pouvoir est de construire des portails afin de voyager plus vite. Bref, on navigue en terrain connu, et parfois, on ressent une pointe de lassitude. On aurait aimé plus de prise de risque, ou encore une histoire qui prend place dans une temporalité différente. Car oui, Olibrius peut aussi voyager dans le temps, au risque de chambouler le présent. Mais visiblement, l’auteur ne veut pas trop prendre de risque sur son histoire, et reste sur quelque chose de plus simple.

Fort heureusement, il y a un thème qui va revenir sans cesse et qui changera un peu du reste, le deuil. Ici, la mort prend une place centrale, que ce soit pour Mirabelle, où la mort de sa mère va revenir la hanter avec un nouveau personnage, ou pour toute la communauté des monstres, avec le décès prématuré du médecin qui était au courant de l’existence des monstres et était un allié de poids. Ici, ça touche plus particulièrement Olibrius, qui devra faire face à un vrai bouleversement, dont on prendra la mesure à la toute fin. Mais le deuil est aussi vécu par le grand méchant, dont les enjeux proviennent de la peur de mourir. Le thème rentre bien dans l’univers un peu gothique et démontre que même si l’on n’est pas humain, on peut ressentir les mêmes émotions.

Au final, si on reste sur un roman un peu en deçà qui précédent opus, on se laisse tout de même emporter par cette histoire dont les monstres sont eux aussi humains. Certes, l’effet de surprise n’est plus là, et certains thèmes flirtent avec la redondance, mais Padraig Kenny arrive renouveler ses personnages en les confrontant de près, comme de loin, à la mort et à la difficulté du deuil. Bref, encore un bon roman jeunesse, qui change de ce que l’on a l’habitude de lire dans ce style.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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