avril 26, 2024

Le Bureau des Affaires Occultes – Le Fantôme du Vicaire – Eric Fouassier

Auteur : Eric Fouassier

Editeur : Albin Michel

Genre : Policier

Résumé :

Valentin Verne, inspecteur en charge du Bureau des Affaires Occultes, doit résoudre une nouvelle affaire : un médium aurait recours au spiritisme et à de mystérieux pouvoirs extralucides pour ramener à la vie de la fille de Ferdinand d’Orval, un noble très fortuné. Tables tournantes, étranges apparitions, incarnations inexplicables… Mystification ou réalité ?

Avis :

Avec Le Bureau des affaires occultes, Éric Fouassier proposait un polar d’époque de qualité. Cela tenait, entre autres, à la rigueur des investigations et de la reconstitution historique, sans oublier un protagoniste anticonformiste et une atmosphère maîtrisée. S’il ne s’agit pas de son premier roman, nul doute que la visibilité et les moyens offerts par son éditeur ont contribué à son rayonnement à l’échelle nationale. Succès critique et commercial oblige, un second tome sort dans la foulée. Au regard du dénouement avancé par son prédécesseur, Le Fantôme du Vicaire s’inscrit dans sa continuité ; tant d’un point de vue narratif que temporel.

Auparavant, Le Bureau des affaires occultes jouait sur le passé nébuleux de son personnage principal, son caractère singulier, presque marginal. On se souvient également d’une atmosphère sibylline, prompte à dépeindre le Paris des années 1830 sous le prisme de la pauvreté, la crasse et la criminalité. Avec cette suite, on demeure dans un domaine familier, ne serait-ce qu’à travers l’effervescence du commissariat, puis les investigations de terrain. Pour autant, on écarte toute impression de redite. Cela peut s’expliquer par des situations qui font preuve d’approches diversifiées dans leur présentation, leur exposition. Cela vaut autant pour les habituelles séances d’interrogatoire que pour les passages où la réflexion prévaut.

L’intrigue propose deux fils narratifs. Le premier n’est autre que la poursuite de la traque du Vicaire, Némésis de notre enquêteur principal. Cet aspect est rapidement présent. Il fait même l’objet d’une obsession. Ce n’est pas tant la nécessité de mettre hors d’état de nuire l’homme qui s’impose, mais plutôt une quête d’identité de son poursuivant. Au vu de la relation qui unit les deux individus, il en émane une motivation presque cathartique afin d’exorciser les traumas du passé. Cette partie du roman fait l’objet de nombreuses manipulations par le biais d’un jeu du chat et de la souris où le rongeur n’est pas forcément celui que l’on croit.

Quant au second aspect de l’histoire, on s’immisce dans une enquête aux frontières du paranormal. L’auteur s’épanche alors sur le spiritualisme, ancêtre du spiritisme. On y retrouve les séances d’invocation des esprits, les fameuses tables tournantes, ainsi que les apparitions d’ectoplasmes. Certes, on observe de légers anachronismes. Pour autant, cela ne nuit en rien à la qualité de l’intrigue ou au sentiment d’immersion. Ces largesses et petits raccourcis pris avec l’histoire s’avancent comme une nécessité. En revanche, on aurait apprécié un doute davantage entretenu quant à la véracité des phénomènes surnaturels. L’idée est présente, mais elle ne tergiverse guère pour maintenir le lecteur dans l’expectative.

La reconstitution historique, elle, est toujours aussi méticuleuse. Comme précédemment, cela tient à l’époque elle-même, au contexte sociopolitique houleux, ainsi qu’à certaines techniques d’investigation. On en est encore au stade embryonnaire de la police scientifique, mais l’on entrevoit déjà d’autres moyens de résoudre une affaire criminelle que les aveux ou les flagrants délits. En l’occurrence, on songe surtout aux capacités de déduction et à l’intellect de Valentin Verne, sans oublier ses connaissances en chimie. À noter que l’on évoque également les prémices de la photographie avec la daguerréotypie. La densité du travail documentaire est, par conséquent, toujours aussi remarquable.

Au final, Le Fantôme du Vicaire est une suite convaincante du Bureau des affaires occultes. S’il s’avère moins surprenant que le premier tome, découverte oblige, il n’en demeure pas moins une incursion parfaitement justifiée et pertinente dans la période ciblée. Si l’on reste ancré dans le polar historique, on distingue de nombreuses occurrences au thriller contemporain. Cela vaut pour le rythme, la qualité des descriptions ou cette gestion constante du suspense. Certains éléments des enquêtes ont beau être attendus, l’immersion est au rendez-vous afin de clore (définitivement ?) le chapitre obsessionnel du Vicaire pour Valentin Verne.

Note : 14/20

Par Dante

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