avril 20, 2024

Le Nageur

Titre Original : The Swimmer

De : Adam Kalderon

Avec Omer Perelman Striks, Asaf Jonas, Nadia Kucher, Igal Reznik

Année : 2022

Pays : Israël

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Erez a 18 ans. Étoile montante de l’équipe de natation israélienne, il entre dans un internat pour athlètes dans l’espoir d’obtenir un billet pour les Jeux Olympiques. C’est là qu’il fait la rencontre de Nevo, un coéquipier qui a toutes les qualités nécessaires pour devenir champion du monde. Cette rencontre éveille en Erez des désirs inconscients, suscitant la consternation de leurs adversaires et la fureur de leur entraineur.

Avis :

Aujourd’hui, c’est en Israël qu’on tourne notre regard, pour explorer le cinéma d’un jeune cinéaste, Adam Kalderon. En 1999, alors qu’il était nageur professionnel et qu’il se préparait pour les Jeux olympiques, Adam Kalderon s’était enfui de la compétition, avec seulement un maillot de bain sur lui. La pression et surtout la découverte de ses sentiments inavouables pour un autre nageur ont eu raison de lui et c’est ainsi qu’il abandonna la nage. Par la suite, Adam Kalderon vivote, avant de s’essayer dans le monde du cinéma en tant que costumier au carrefour des années 2010. Puis petit à petit, ce sera vers la réalisation qu’Adam Kalderon va se tourner, avec un premier film en 2014.

Huit ans après ce premier film, Adam Kalderon a eu l’envie, un peu comme s’il entreprenait une psychothérapie sur grand écran, de parler de son expérience en tant que nageur. Comme pour exorciser de vieux démons, il s’est donc lancé dans ce « … nageur« , un film où se fera question de compétitions, de pression, de jugement, de découverte de soi et de désir, et si « Le nageur » est intéressant, il se pose aussi comme une petite déception, dans le sens où le réalisateur a du mal à trancher, faisant du film un drame, ou un fantasme qui convoque quelques clichés qui se veulent poétiques, mais finissent surtout par être rébarbatifs.

Erez a dix-huit ans et il est l’étoile montante de la natation en Israël. Erez est présélectionné pour possiblement représenter son pays aux Jeux olympiques. Le jeune homme entre alors en internat pour trois mois. Pendant ces trois mois, il va devoir tout faire pour être le meilleur et gagner son ticket. Erez est plus que déterminé, d’autant plus que cela fait onze ans qu’il s’entraîne pour ça. Sur place, Erez fait la connaissance de Nevo, un jeune homme de son âge qui a tout d’un futur champion. Cette rencontre éveille des sensations inconnues chez le jeune garçon, et très vite, il va se laisser dépasser par ses sentiments, et peu à peu, il va se noyer…

Il était l’un des films favoris du dernier festival Chéries Chéris, et je n’avais pas réussi à le placer au moment où il passait en festival. Aujourd’hui, je me rattrape avec sa sortie en DVD et je dois dire que je suis assez partagé à la découverte de ce « … nageur« . Partagé entre un film qui tient de sacrés bons sujets et qui les explore très bien, mais face à cela, le film s’engouffre parfois dans des clichés qu’on a déjà trop vus, puis derrière ça, à l’image de son affiche, le film d’Adam Kalderon tient un côté cheap dans son imagerie. La conjugaison de ceci fait que je ressors de ce « … nageur » intéressé, très intéressé, et en même temps assez déçu.

Comme je le disais plus haut, c’est fort de sa triste expérience qu’Adam Kalderon a décidé de raconter entre guillemets son parcours au sein de l’équipe de natation d’Israël. Et ne serait-ce que pour tous les sujets que le film va approcher, « La nageur » est intéressant et malgré la déception ressentie, je ne regrette en aucun cas de m’être arrêté dessus.

Ainsi, au travers du parcours de son personnage, le réalisateur abordera toute une palette de sujets qui sont importants. « Le nageur » est un film qui parle ainsi des limites, du dépassement de soi, du don de soi pour le sport et derrière ça de la rivalité malgré les copinages entre les nageurs qui sont tous réunis pour décrocher le première place. Le film est intéressant de par la façon qu’il a de mettre en scène la dureté des entraînements, la rigueur nécessaire pour arriver à la première place, et la force mentale dont il faut faire preuve pour supporter la pression qui se tend petit à petit. Puis derrière ces sujets, il y a l’éveil d’un jeune homme qui au travers d’une rencontre se découvre petit à petit.

« Le nageur » évoque avec une certaine pudeur et en même temps beaucoup d’érotisme la découverte de sentiments que beaucoup jugeront inapproprié. Adam Kalderon jouera beaucoup avec les sens, et notamment le regard, pour évoquer et faire monter le désir. Évidemment, même si ce n’est jamais explicitement dit, « Le nageur » parle de l’homophobie dans le sport, avec au départ de petites vannes ici et là, puis par la suite de manière totalement hypocrite, sans jamais vraiment en parler, il va y avoir beaucoup de sous-entendus et d’harcèlement de la part des autres nageurs ou encore du coach.

Ainsi, le scénario qu’a écrit Adam Kalderon est riche et son film est, comme je le disais, très intéressant. Mais voilà, tout ne sera pas parfait non plus derrière ces très bons éléments. « Le nageur » a eu tendance à m’agacer avec tout un tas de scènes qui se veulent poétiques et touchantes (une conversation avec la directrice de l’établissement qui se transforme en essayage complice, ou encore la compétition finale, qui vire au show musical pour se sentir mieux et quelques autres encore…), mais finalement, ces scènes-là alourdissement le film, et l’on se dit qu’on ne peut pas faire un film « gay » sans avoir entre guillemets tout le folklore qui va avec. Ça se veut poétique et cool en un sens, mais finalement, et ça, c’est de manière tout à fait personnelle, ça finit par être cliché, vu et revu, mal placé (surtout pour la chorégraphie finale) et au bout du compte épuisant, et décevant, car ça casse bien souvent une partie du drame et des émotions qu’aurait pu véhiculer le film.

Et ce sentiment est d’autant plus fort que je le redis, pour le reste, ce « … nageur » tient beaucoup d’éléments qui sont excellents. Ainsi, parmi ces très bons éléments, le film peut se vanter d’avoir un très bon casting, avec notamment deux comédiens qu’on prend plaisir à découvrir avec d’un côté Omer Perelman Striks en ersatz du réalisateur et de l’autre Asaf Jonas en objet de tous les désirs et les sensualités. Les deux comédiens, avec leurs jeux de regards qui en disent long, sont excellents de bout en bout de film et ils nous offrent des personnages complexes et intéressants à suivre, même si parfois les idées et le scénario d’Adam Kalderon leurs imposent des événements plus discutables. À noter aussi Igal Reznik dans le rôle du coach, et Aviv Karmi dans celui de son assistante.

Il en résulte de tout ceci une intéressante déception. « Le nageur » tient dans sa trame de très bons éléments et l’on apprécie souvent la justesse avec laquelle Adam Kalderon traite ces sujets, que ce soit du point de vue de l’image du sport ou dans la découverte de sentiments, ou encore le désir au travers de regards. Emporté par deux très bons comédiens qui eux aussi nous réservent de très belles scènes, ce « … nageur » n’aura pas réussi à se faire convaincant de bout en bout, car derrière toutes les bonnes et belles choses qui traversent le film, il y a ces clichés gays qui résonnent presque comme des obligations et c’est bien dommage, car sans rendre le film mauvais, ça ne lui rend pas service, et ça abîme la jolie séance qui était en train de se dessiner. Ainsi, je le redis, « Le nageur« , second métrage d’Adam Kalderon, se pose comme une intéressante déception.

Note : 11/20

Par Cinéted

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