avril 19, 2024

The Boys Saison 3 – En Gore Plus Loin

D’Après une Idée de : Eric Kripke

Avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr, Erin Moriarty

Pays: Etats-Unis

Nombre d’Episodes: 8

Genre: Super-Héros

Résumé:

Ce fût une année calme. Le Protecteur est maîtrisé, Butcher travaille pour le gouvernement, supervisé par Hughie. Mais ces deux hommes ont hâte de transformer cette paix et cette tranquilité en sang et en os. Lorsque The Boys apprennent l’existence d’une arme mystérieuse capable de détruire un super, il s’en suit un chamboulement au sein des Sept, qui va conduire à une guerre et à la poursuite…

Avis :

C’est à l’été 2019 que la première saison de The Boys a vu le jour sur Prime Video. Basé sur les récits de Garth Ennis, la série fut un succès fulgurant, permettant de faire la nique à tous les produits lisses de chez Marvel et DC. Irrévérencieuse, vulgaire, gore, rien ne nous été épargnés et surtout, nous pouvions voir les super-héros sous un angle différent, pouvant être bêtes, méchants et sans aucun scrupule pour les humains. Quatre ans plus tard, la série en est à sa troisième saison, et c’est toujours le même engouement. Il faut dire que les campagnes de comm sont amusantes, et surtout, les principaux concurrents restent dans leur zone de confort avec des films et des séries gentillettes, voire transparentes. Mais au bout d’un moment, le délire The Boys ne risque-t-il pas de devenir une mauvaise blague, et l’histoire de tourner en rond ?

Dans cette saison, Homelander est de plus en plus instable. Sa côte de popularité est au plus bas, et il n’arrive pas à se faire aimer par le peuple. De son côté, Starlight mène un double-jeu, recherchant une arme pour abattre Homelander avant qu’il ne devienne incontrôlable, et soignant son image pour ne rien laisser paraître au sein de Vought. C’est alors que Butcher trouve dans les archives une arme russe qui semblerait capable de venir à bout du super-héros. Sauf que cette arme n’est autre que Soldier Boy, ancien héros américain qui fut capturer par l’ennemi et laissé pour mort. Butcher entraine alors Hughie dans sa quête pour retrouver cet homme et lui demander de l’aide. Encore une fois, le but de cette saison est de venir à bout de Homelander, pour se venger, mais aussi de traiter des héros déchus et d’idéaux un peu extrêmes.

La très grosse force de cette saison est de réussir à mettre en place plusieurs segments qui viendront épaissir encore un peu plus les personnages. Ainsi, on verra que Hughie en a un peu assez de ne pas pouvoir venir en aide à sa dulcinée, à un tel point qu’il est prêt à prendre du composé V provisoire pour avoir de super-pouvoirs. Butcher est toujours obstiné par sa quête de vengeance, quitte à jouer avec le feu et à devenir un homme avec des pouvoirs. Cependant, lors d’un épisode, on aura droit à quelques flashbacks retraçant sa jeunesse, et démontrant un jeune homme qui a souffert. Quant à La Crème, il doit réussir à contenir sa colère face à Soldier Boy, responsable de la mort de son grand-père. Enfin, Frenchie doit faire face à son passé avec la mafia russe et accepter son amour avec Kimiko.

Tout un chacun a donc des éléments pour venir agrandir son aura, et avec une belle cohérence. Même chez les méchants, on aura droit à de belles idées. Ainsi donc, The Deep s’enfoncera encore un peu plus dans sa bêtise, notamment lorsqu’il réalisera qu’il s’est fait manipuler par tout le monde. A-Train voudra renouer avec ses racines africaines, mais tout le monde va lui mettre des bâtons dans les roues. Quant à Maeve, elle va prendre parti et tout faire pour avoir une vie plus tranquille, plus heureuse. Même Homelander, le grand méchant, va voir son histoire s’épaissir et s’obscurcir, avec notamment l’arrivée de Soldier Boy, qui a finalement des idées encore plus extrêmes que lui. Bref, c’est ce qui fait le charme de cette série, personne n’est laissée de côté, et il y a un bel équilibre entre tous les personnages.

Sans oublier les nouveaux, qui sont souvent inutiles, mais offrent des scènes d’anthologie. On pense au super-héros qui peut se rétrécir, au faucon qui est raciste, ou encore au jumeaux TNT qui organisent des orgies entre super-héros. S’ils apportent du liant à l’intrigue, notamment en faisant un pont entre le passé et le présent de Soldier Boy, ils ne sont présents que l’instant d’un épisode, afin de montrer leur déchéance et leurs névroses.

D’ailleurs, la série continue son formidable chemin pour traiter de sujets graves avec, non pas légèreté, mais un ton badin et cynique. Ainsi, cette saison sera l’occasion de parler de la force des réseaux sociaux et de l’influence que peuvent avoir certaines personnes, ici des super-héros. Les réseaux servent à s’afficher, à se faire aimer, mais aussi à trahir et piéger certaines personnes. Il n’y a pas que du bon qui sort de ces choses-là. De plus, si on sort de la critique du fascisme, il réside encore une critique très forte de l’Amérique de Donald Trump. Homelander fustige à tours de bras les médias, et il se crée une forte fanbase faite de racistes en tout genre. Le final est d’ailleurs assez équivoque là-dessus, allant jusqu’à tuer un « woke » sous les applaudissements du public.

Tout est fait pour coller le plus possible au réel, avec en prime quelques piques. Il faut être aveugle pour ne pas voir les vannes sur les blacks et les coups de pub pour éviter tout conflit avec des racistes. Vought noie à chaque fois le poisson et arrive à se dépêtre de situations grâce à la télé ou aux réseaux sociaux, à qui ils graissent bien la patte. Mais plus fort encore, la série joue sur les mœurs du passé, avec un Soldier Boy misogyne, raciste et qui vit dans un monde où la femme doit juste être belle et faire la cuisine. De ce fait, il devient même l’ennemi principal lorsqu’il s’en prend à son « petit-fils » sous prétexte qu’il est une « fiotte ». Un pied de nez à tous ceux qui veulent vivre dans un monde passé, ou rien ne va vraiment.

Et tout cela est porté par un casting qui s’éclate et qui a beaucoup de talent. Comme d’habitude, Karl Urban est excellent en Billy Butcher. Il est même plus touchant qu’auparavant, s’octroyant un côté paternaliste avec Hughie. Antony Starr est impressionnant encore une fois. Il s’accapare le rôle de Homelander avec classe et il peut passer du rire aux larmes en quelques secondes. Il est très étonnant de ne pas le voir dans plus de films et séries. Bien évidemment, tout le reste du cast est impeccable, et Jensen Ackles semble bien s’amuser dans la peau du nouveau méchant, Soldier Boy, pouvant dire les pires atrocités sans grand problème.

Au final, cette troisième saison de The Boys est un vrai régal. Toujours aussi irrévérencieuse et vulgaire, ne délaissant à aucun instant le gore pour offrir des scènes vraiment dégueulasses, le showrunner continue sur sa lancée et permet d’avoir une vraie porte de sortie face à Marvel et DC. Outre un savant mélange politiquement incorrect, la série n’oublie jamais des thèmes intéressants et qui peuvent faire grincer des dents, mais qui, à quelque part, sont un miroir de notre société. Et rien de tel qu’un miroir pour combattre les idéaux d’extrême-droite, avec un cynisme parfaitement dosé.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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