avril 25, 2024

Corrosion of Conformity – No Cross No Crown

Avis :

Le Sludge Metal est un genre complètement à part dans le monde de la musique dite extrême. A la lisière entre le Doom et le Punk, ce sous-genre s’identifie par des rythmiques lentes et lourdes et des atmosphères poisseuses. L’origine de ce sous-genre provient principalement de La Nouvelle-Orléans, avec des groupes comme Crowbar ou Down. C’est d’ailleurs pour cela que l’on associe le Sludge à un autre terme, celui de Southern Metal. Et parmi les figures de pointe, on peut noter Corrosion of Conformity. Formé au début des années 80, le groupe va avoir des moments de flottement avant de se reformer avec les quatre membres d’origine dans les années 2000. Fort d’une sacrée expérience et d’une renommée internationale, c’est en 2018 que la formation revient avec leur dixième album, No Cross No Crown, et autant le dire de suite, c’est du très haut niveau.

Après une introduction qui pose les bases d’une ambiance moite au possible, le groupe enchaine avec The Luddite, le premier vrai titre de la galette. Et ça va mettre tout le monde d’accord. Baignant dans un Sludge pure souche, la formation va alterner les passages lourds et massifs dans les couplets, avant de lâcher un refrain et un gros solo où les guitares vont se répondre. COC n’a rien perdu de sa superbe et démontre très vite sa grande forme. Cela se confirmera alors avec Cast the First Stone, l’un des meilleurs morceaux de l’album. Ici, on retrouve des éléments Punk, mais surtout une volonté de mélanger le bayou avec la vitesse d’un milieu urbain. Le résultat est surprenant, mais il est marquant, et permet même au groupe de se faire plaisir dans une succession de solos dantesques. De plus, le refrain est bien marqué et reste bien en tête.

C’est à ce moment-là qu’intervient le premier interlude avec No Cross et son atmosphère lourde. Cela permet d’enclencher avec Wolf Named Crow, qui reste bien ancré dans le délire Southern Metal. C’est lourd, c’est dense, et ça chante avec une sorte de vocoder qui donne une sensation d’être loin. L’ensemble fonctionne, avec des variations de rythmes assez dingues et parfaitement maîtrisées. On aura, par moment, la sensation d‘écouter du Rob Zombie. Little Man ira encore plus loin dans l’univers du groupe, cheminant vers un Hard’n’Heavy très intéressant, où les guitares sont en terre de sainteté. Même si on peut y retrouver des airs de Desert Rock, avec des fulgurances à la Clutch, on passe un très bon moment avec ce titre qui donne une furieuse envie de se remuer le popotin. Bref, jusque-là, l’album fait un sans-faute.

Après un autre interlude, Matre’s Diem, le groupe enchaine avec Forgive me, et même si on reste dans du très bon et du velu, on va vite se rendre compte que le groupe commence un peu à tourner en rond. La recette est un peu la même, et même si on rentre dans un registre très Rock’n’Roll, le titre est moins percutant que les autres titres. Heureusement, Nothing Left to Say rehausse largement le niveau, avec une construction plus complexe que le reste, et surtout, un ascenseur émotionnel très fort. On démarre très lentement, avec une ambiance très Nouvelle-Orléans, avant de lâcher les riffs saturés et d’en mettre plein la tronche. Une maîtrise impressionnante qui force le respect. L’interlude Sacred Isolation ne sera pas de trop pour se remettre de toutes ces émotions, même si on entre dans un vilain cauchemar.

Old Disaster renoue alors avec un Sludge teinté de Punk Hardcore où les riffs des grattes sont d’une rare lourdeur. Il est juste dommage que la voix soit si en retrait et manque parfois de percutant. On aurait aimé en prendre plein la tronche. Ce que fera E.L.M. par la suite, afin de bien nous cueillir avec un rythme bien costaud et des grattes toujours au taquet. No Cross No Crown, long interlude de plus de trois minutes, prendra des airs d’incantation vaudou, avant de nous fracasser avec A Quest to Believe (A Call to the Void), ou encore Son and Daughter, qui viendra clôture de la plus belle des manières un album complet et d’une très grande qualité.

Au final, No Cross No Crown, le dernier né de chez Corrosion of Conformity, est une belle réussite. Le retour du chanteur prodige depuis 2014 fait son office, et permet au groupe de se lâcher complètement afin de fournir un album à la croisée des genres, entre Heavy, Sludge et Desert, et de maîtriser tous ces artifices à la perfection. Bref, un retour en grande forme qui fait plaisir et qui donne envie de lever bien haut index et auriculaire.

  • Novus Deus
  • The Luddite
  • Cast the First Stone
  • No Cross
  • Wolf Named Crow
  • Little Man
  • Matre’s Diem
  • Forgive Me
  • Nothing Left to Say
  • Sacred isolation
  • Old Disaster
  • E.L.M.
  • No Cross No Crown
  • A Quest to Believe (A Call to the Void)
  • San and Daughter

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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