avril 26, 2024

Masker – Steel Rose

Avis :

Quand on évoque le métal au Brésil, il vient bien évidemment un homme en tête, Max Cavalera. Ou plus globalement, la famille Cavalera. Fondateur du mythique groupe Sepultura, avant de faire ses valises et de créer Soulfly, puis Cavalera Conspiracy, le chanteur/guitariste a marqué de son empreinte le monde de la musique extrême. Pour autant, ce n’est pas le seul à être plus passionné par les riffs rugueux que par la salsa ou la rumba. Masker est un tout jeune groupe qui s’est formé en 2016 à Recife. Ne faisant pas trop de bruit, la formation a sorti à ce jour un seul et unique album, Steel Rose, en 2017. N’ayant pas de label, officiant dans un Heavy qui semble très classique, on pouvait avoir toutes les craintes du monde quant à une galette sans imagination et avec une production aux fraises. Et pourtant, on a été bien cueilli.

Après une introduction assez molle et sans réelle saveur (si ce n’est l’impression de tomber dans un truc Sympho calibré), le groupe va vite mettre les pendules à l’heure avec le titre éponyme de l’album. Le démarrage est assez simple, avec une liaison forte entre les deux grattes et la batterie, avant d’aller vers quelque chose de plus virulent. Et c’est là que le groupe va marquer les esprits. C’est-à-dire que même si les éléments d’un Heavy classique sont présents, on aura droit à des riffs assez lourds et qui lorgnent clairement vers un métal lourd et puissant. Mais le plus étonnant va venir de la puissance vocale du chanteur, qui tient des notes sur de longues périodes et qui va démontrer tout son talent. Plus étonnant encore, la production qui n’a pas à rougir face aux mastodontes du genre.

Certes, on n’est pas au niveau des plus costauds, mais tout de même. Les enregistrements sont parfaits, on n’est pas dans un garage dégueulasse, et il y a une vraie épaisseur. Les back-ups dans les refrains donnent une belle dimension, et les solos de guitares sont maîtrisés de façon impressionnante. Les brésiliens n’hésitent pas à offrir de longues plages instrumentales, qui donnent à l’ensemble de l’album une maturité certaine. On retrouvera cela avec I’m not Afraid, qui arrive à allier des riffs Heavy aériens avec des riffs plus rugueux et puissants. Le mélange est dense et puissant, mais il fait apparaître aussi les premières scories, les limites vocales du chanteur. Il a du mal à partir dans les tonalités plus graves (ou plus aigües), et on sent que parfois, ça manque d’un petit truc en plus. Mais on reste accroché au titre, qui est vraiment une belle découverte.

Bien évidemment, tout ne sera pas du même acabit que les premiers titres. Masters of Horror, par exemple, manque de percutant et pêche aussi par un chant qui se fait parfois hésitant. Mais malgré cela, on reste dans un Heavy de grande qualité, et surtout très inspiré. Cunning Schemes sera là pour s’assurer le maintien de notre curiosité, et on fait face à un morceau complet et totalement addictif. Les brésiliens mélangent encore une fois les genres et surprennent avec quelques ajouts de clavier et une montée progressive vers quelque chose de puissant et alternatif. Seul Green Grass and Dark Knight nous laissera un peu sur le carreau. On oscille entre Power et Heavy, et le morceau manque clairement d’imagination et de moments envoûtants. Le groupe essaye, tâtonne, et parfois, ça ne marche pas. Rien d’alarmant néanmoins, puisque l’on fait face à un morceau agréable, à défaut d’être mémorable.

Puis Blunt Razor vient nous rappeler à quel point ce premier album, de ce tout jeune groupe, est intéressant et d’une technicité sans faille. On pourrait presque croire à un titre instrumental, mais il n’en sera rien. Encore une fois, le groupe laisse de longs moments aux musiciens pour fournir des solos impressionnants et des mélodies géniales. Là, on en prend plein la face dès le début, et c’est tout simplement excellent. Et histoire de mieux nous surprendre, Love Without Lies va aller du côté du Sympho, avec une chanteuse lyrique dont la voix est exceptionnelle. De ce fait, la formation dévoile une nouvelle facette de son registre, et épate par tant de talent et de prise de risque, au sein d’un premier album sans label ! Quant à Rotten Soul, il renouera avec les premiers amours du groupe, au sein d’un son Heavy lourd et rapide. La boucle est bouclée.

Au final, Steel Rose, le premier album de Masker, est une réussite quasi-totale. Les brésiliens offrent un effort complet et d’une rare qualité technique pour quelque chose sans label. C’est même impressionnant dans l’épaisseur du son et dans la qualité de l’enregistrement. Si on n’atteint pas les sommets des monstres du genre, on est tout de même dans une galette solide, qui n’hésite pas à mélanger les genres pour mieux surprendre l’auditeur. Bref, une belle surprise et un groupe que l’on attend forcément pour une suite de carrière que l’on espère prolifique.

  • Unmasking
  • Steel Rose
  • I’m not Afraid
  • Masters of Horror
  • Cunning Schemes
  • Green Grass and Dark Knight
  • Blunt Razor
  • Love Without Lies
  • Rotten Soul

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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