mars 28, 2024

I am the Ripper

De : Eric Anderson

Avec Alexandre Guégan, Frédéric Lestaevel, Aurélie Godefroy, Kae Nagakura

Année : 2004

Pays : France

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Lors d’une soirée entre amis, un homme déguisé en La Mort vient zigouiller tout ce petit monde. L’unique survivant devra alors l’affronter en duel.

Avis :

Le marché du DVD est un milieu très étrange, mais sa distribution reste encore plus bizarre. Tout du moins en France, car on peut trouver des films dits amateur au milieu de films professionnels, blockbusters ou films plus indépendants. Et malgré cette grande diversité, certains bijoux d’Asie ou d’Afrique restent encore inédits chez nous. Allez comprendre ? I am the Ripper est un peu un ovni au milieu de tout ça. Premier film de François Gaillard sous le pseudonyme d’Eric Anderson, fauché comme rarement et ayant tous les atours d’un film de potes, ce long-métrage va pourtant bénéficier d’une sortie en DVD, et mieux, d’une distribution européenne, ou tout du moins aux Pays-Bas. Encore une fois, allez comprendre… Mais bien au-delà de sa distribution, le plus étrange là-dedans demeure le film en lui-même, irregardable de bout en bout, malgré des idées qui fourmillent dans tous les sens.  

La première chose qui frappe quand on lance le DVD, c’est bien évidemment la qualité intrinsèque de l’image. Rares sont les fois où l’on commence par critiquer la technique du support, mais force est de constater que prêt de vingt ans plus tard, l’image est proprement dégueulasse. Non seulement c’est pixélisé à mort, mais on ne voit quasiment rien. Même les visages, en gros plan, sont flous, et là, on ne parle même pas des effets spéciaux, volontairement grotesques. Très clairement, on a l’impression de voir un film de potes qui veut faire des références dans tous les sens, et qui se fichent un peu de la technique, de l’éclairage et de tout le toutim. Même le son est mauvais, avec des dialogues très faibles où l’on entend parfois que dalle. Comment un tel calvaire a-t-il pu se retrouver compressé dans une galette ? Le mystère reste entier.

Outre cet aspect qui rend le visionnage plus que pénible, il y a aussi le problème de l’histoire en elle-même. On va y suivre une bande de potes qui se retrouvent dans un appartement pour faire une soirée, et un type déguisé en La Mort va venir tuer tout le monde. On va vite voir que le groupe est bloqué dans cet appartement, dans une sorte de boucle spatiale, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une seule personne. Là, La Mort lui laisse une journée pour se préparer à un combat de catch. Complètement à la masse, l’histoire va partir encore plus loin, avec des histoires d’ange de la mort, d’ange tout court et de mythologie avec des divinités qui vont se mettre sur la gueule. C’est tout bonnement incompréhensible, et le seul but de cette histoire est de mettre en scène des combats, des gunfights et des délires de sale gosse.

On ne peut reproche à François Gaillard d’avoir voulu s’amuser en faisant des références dans tous les sens. Outre les aspects grossiers d’un slasher amateur, on va rapidement voir l’amour des films de kung-fu et de la mise en scène des cinéastes asiatiques. De nombreux zooms sur les têtes des personnages, un montage épileptique, des effets spéciaux que l’on retrouve dans des animés, notamment lors des mouvements des personnages, on a droit à toute la panoplie. Le problème vient du fait que cela est très haché et ne permet jamais de se poser pour voir un beau combat. Pire, certaines batailles se font avec des armes à feu ou des armes blanches qui ne sont que des jouets pour enfants. Cela se voit, le film ne cachant même pas ces défauts outranciers. Difficile alors de rentrer dans le délire si l’on ne fait pas partie de ce délire.

Car tout le casting semble s’amuser comme des petits fous dans cette histoire. Des acteurs amateurs, des amies et amis du réalisateur qui se donnent pour tenter d’être le plus crédible possible. Manque de bol, on n’y croit pas un seul instant, le pire étant lorsque l’un des personnages ne supporte pas la boucle spatiale et surjoue en permanence la douleur et la folie. Alors oui, il faut savoir dans quoi on met les pieds, car très clairement, on est dans un projet qui flirte constamment avec la cassette vidéo des souvenirs de vacances, ou des bons délires entre potes. De là à finir sur le marché du DVD, on reste circonspect. D’autant plus que tout ce bazar ne raconte pas grand-chose et met en avant des effets spéciaux grotesques, essayant vainement de faire du gore avec des bouts de ficelle.

Pour preuve, quand il y a des effets numériques, c’est tout simplement horrible. Même pour un film datant de 2004, on est dans le bas du panier. Oui, c’est fauché, mais n’y avait-il pas moyen de faire sans CGI. De plus, sans trop savoir pourquoi, on se retrouve à un moment avec des zombies, qui vont dévorer des intestins fait avec du papier toilette et du sang de farce et attrape. Encore une fois, l’effet est grossier et on ne peut y croire. De même sur les maquillages, complètement à la masse. Alors oui, le film se veut potache et lorgne grandement vers la vilaine farce de sale garnement, mais que cela reste entre ceux qui ont fait le film, et ne soit pas distribué comme un vrai film à travers différents pays…

Au final, I am the Ripper est un très mauvais film. Si on déteste taper sur des films amateurs, quand ces derniers sortent en DVD et en vente pour le grand public, il s’expose alors à des critiques sur les intentions des distributeurs, et à une potentielle arnaque pour faire de l’argent. Le film de François Gaillard se veut potache et parodique, il n’en demeure pas moins irregardable, de par la qualité technique du film en lui-même, mais aussi par son scénario ahurissant et par son montage épileptique qui fait office de cache-misère. Bref, un projet entre amis qui devient un film matérialisé, mais dont on se serait bien passé… On lui préfèrera Making-Off, c’est dire…

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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