Titre Original : Attack of the Lederhosen Zombies
De: Dominik Hartl
Avec Laurie Calvert, Gabriela Marcinkova, Patricia Aulitsky, Karl Fischer
Année : 2018
Pays : Autriche
Genre : Horreur, Comédie
Résumé :
Un groupe de snowboardeurs se retrouve bloqué dans un refuge de montagne. Ils organisent une fête qui va rapidement être prise d’assaut par des zombies…
Avis :
Parmi les créatures les plus malmenées du cinéma horrifique, le zombie tient une place de choix. Il faut dire que durant les années 30/40 et 50, le zombie n’était qu’un faire-valoir, une pièce rajoutée dans un contexte mettant en avant un autre monstre comme Dracula, le loup-garou ou encore la Momie (en même temps, une momie est un zombie avec des bandelettes). Le zombie n’a pas vraiment eu de film attitré durant cette période, même si on retrouve quelques reste comme Vaudou ou White Zombie, ou encore Zombies of Mora Tau. Mais durant les années 60 et l’avènement de La Nuit des Morts-Vivants de George Romero, les zombies ont eu le vent en poupe et ont tôt fait de faire partie du panthéon des monstres de légende. Et comme tout monstre, il a aussi droit à ses parodies, certaines très réussies comme Shaun of the Dead et d’autres carrément mauvaises si l’on farfouille dans les direct to DVD d’occasion. Et en parlant du film d’Edgar Wright, il semblerait que ce dernier ait fait des émules, puisque quand on jette un œil à Les Zombies Font du Ski, titre hautement putassier pour la France, on remarquera de nombreuses accointances, même du plagiat, pour un métrage qui ne vaut pas vraiment le coup d’œil.
Les comédies à base de zombies, on commence à en bouffer à toutes les sauces, et l’écœurement n’est pas loin. Film autrichien qui va essayer de critiquer le tourisme et les investisseurs qui veulent de la neige en toute saison, Les Zombies Font du Ski fleure bon le je m’enfoutisme et la gaudriole amère. Car derrière sa volonté de critiquer, le film se vautre dans un mauvais goût sans nom et dans un n’importe quoi qui n’apporte aucune réflexion et qui s’amuse à copier certains passages du célèbre film anglais Shaun of the Dead. Pour la faire courte, on va suivre deux groupes de personnes qui vont se croiser dans un bar de haute altitude. Le premier groupe est composé d’un investisseur russe et deux propriétaires de piste qui montrent un nouveau produit pour faire de la neige synthétique. L’investisseur prend du produit dans la figure et devient malade. Le second groupe est composé de deux snowboardeurs et de leur productrice qui est aussi la petite amie du meilleur des deux snowboardeurs. Alors que les pistes ferment et que tout le monde se retrouve dans le bar pour faire la fête, l’investisseur malade meurt, revit et commence à bouffer tout le monde. Trois personnes, le snowboardeur, sa petite copine et la tenancière du bar, vont s’organiser contre l’attaque des zombies. Un pitch simple, qui pourrait être efficace, si nous n’étions pas dans un perpétuel mauvais goût.
C’est dommage. C’est clairement dommage d’en arriver à dire du mal d’un film comme celui-là parce que globalement, la réalisation est intéressante et la production est de bonne qualité. Les acteurs jouent assez justes, certaines prises de vue sont sympathiques, comme lorsque le premier zombie se réveille, et surtout, il y a de la recherche au niveau de la colorimétrie. Les teintes du bar sont criardes, tirant constamment sur le vert et le rouge, donnant un aspect lugubre, glauque et assez malsain. Le fait que les lumières clignotent apporte aussi un sentiment de malaise. Mais ce sera bien tout ce qui ira dans ce film qui va accumuler les poncifs du genre, l’amourette à deux balles et surtout, les passages gores complètement cons et finalement hors de propos.
Le principal problème de ce film, c’est clairement son humour à deux balles. Si tu veux faire du burlesque ou du non-sens, assume le jusqu’au bout et n’essaye de balbutier un semblant de scénario. Le problème, c’est que le film a le cul entre deux chaises. D’un côté, le réalisateur veut y mettre du fond, avec cette histoire d’investisseur qui force plus ou moins les gens à faire des produits toxiques, mais d’un autre, on tombe dans de la gaudriole stupide et des vannes insupportables. A titre d’exemple, on peut citer ce moment de malaise lorsqu’un des deux snowboardeurs décide de descendre la piste à poil et qu’une fan de neuf ans en fauteuil roulant l’attend en bas. C’est non seulement gênant, mais en plus de cela, ce n’est absolument pas drôle. On retrouvera aussi des dialogues stupides, lourdingues et on sent que le réalisateur ne sait pas filmer des lieux clos avec de nombreuses personnes. La fête fait peine à voir alors que les zombies semblent venir de toutes parts. Cet humour de mauvais goût se retrouve aussi dans les moments gores, lorsque les trois personnages dézinguent du zombie à tout va. On se retrouve avec des séquences d’une nullité abyssale, avec un montage chaotique qui ne lie pas les scènes entre elles. On accumule du gore pour du gore, en coupant des têtes, des corps ou encore des bras, mais cela demeure stupide. On dirait que le script a été écrit par un jeune qui s’est rendu compte que les bords d’un snowboard sont coupants. Bon, néanmoins, les effets gores sont plutôt réussis et relativement old school.
Mais l’autre défaut du film, c’est que les personnages sont tous détestables. Le premier snowboardeur est un prétentieux qui va essayer de reconquérir sa nana, qui est d’une rigidité à faire pâlir un fantôme. Les deux protagonistes s’envoient des vannes à tout va, mais rien ne fonctionne, et finalement, on se retrouve sur un schéma qui ressemble à s’y méprendre à Shaun of the Dead et c’est flagrant. Le scénariste ne s’est vraiment pas foulé et ça se voit à l’écran. On aura aussi droit au cliché de la tenancière de bar un peu costaud, au fort caractère et qui va trouver, comme par hasard, des armes de guerre dans sa cave. Impossible de s’attacher vraiment à elle puisqu’elle ne possède aucun background et n’est qu’un personnage qui aide les autres. Ajoutons à cela le méchant de base qui va s’en sortir à un moment puis qui va se faire dézinguer par une biche zombie (youpi !) et des zombies qui sont accros à la musique, au point de devenir immobile. Cela donnera lieu, encore une fois, à une scène pleine de non-sens où les héros vont danser au milieu de la meute plutôt que de se barrer fissa. On l’aura compris, on ne se prend pas au sérieux, mais rien n’est vraiment cohérent.
Au final, Les Zombies Font du Ski est un film médiocre qui se veut fun et déjanté mais qui n’est qu’une énième comédie sur les zombies dans un lieu enneigé avec des snowboardeurs. Avec un script tenant sur un post-it, des acteurs au rabais, des personnages détestables, un montage hyper cut et des effets gores qui n’ont aucun sens (le cerveau avec des yeux et une bouche ?), ce film n’arrive à la cheville de ses aînés qu’il veut recopier, comme Dead Snow ou Shaun of the Dead. Bref, un coup d’épée dans l’eau mais qui a le mérite de ne pas durer longtemps puisque le métrage dure 1h15.
Note : 06/20
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Par AqME