mars 29, 2024

Les Deux Fragonard

De : Philippe Le Guay

Avec Michèle Oppenot, Philippine Leroy-Beaulieu, Isabelle Nanty, Christine Fersen

Année : 1989

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Jean-Honoré Fragonard, peintre très célèbre du XVIIIe siècle, prend un jour pour modèle une jeune lavandière dont il tombe amoureux, Marianne. Mais le sinistre Comte Salmon D’anglas projette d’assassiner la jeune femme et de la livrer à Cyprien Fragonard, anatomiste afin que ce dernier dissèque le modèle…

Avis :

Après des études à l’IDHEC, Philippe Le Guay commence par écrire des scénarios. Il faut dire que sa plume fait mouche et intéresse les réalisateurs et surtout les réalisatrices. Ainsi, avant de réaliser son premier film, le scénariste et futur cinéaste écrira pour Christian Vincent « Il ne faut jurer de rien« , puis ce sera au tour de Brigitte Roüan avec « Grosse« , puis il y aura Nicole Garcia et son « 15 Août« . Philippe Le Guay, en parallèle, commence à s’exercer avec la caméra et le plateau de tournage, tournant un premier court en 1983, suivit d’un second en 1984 et enfin, les prémices de son premier film, puisqu’il tournera en 1986 un court-métrage de douze minutes qui sera « Les deux Fragonard« .

Trois ans après son court, Philippe Le Guay réussit à convaincre et ainsi à obtenir les fonds pour réaliser son premier film. Un premier long-métrage ambitieux, avec sa plongée dans le XVIIIe siècle pour raconter les péripéties d’une jeune lavandière partagée malgré elle entre deux cousins et un Comte sadique et sinistre. Il en résulte un film intéressant, qui oscille entre vérité historique et fiction. Moderne, n’ayant pas vraiment vieilli alors qu’il vient de fêter ses trente ans il y a peu, « Les deux Fragonard » est une bonne entrée en carrière pour un réalisateur qui aujourd’hui fait aisément partie du décor du cinéma français.

Honoré Fragonard est un peintre assez célèbre. Un jour, il fait la connaissance de la jeune Marianne, une lavandière de toute beauté. La jeune femme va redonner un souffle à la carrière du peintre. Un jour, ce dernier présente un tableau la montrant sur une balançoire. Marianne attire l’œil du Comte Salmon D’anglas. Sadique et jalousant l’insouciance d’Honoré Fragonard, il vient une idée au Comte, et s’il séduisait la jeune Marianne, pour ensuite la faire assassiner et livrer son corps à Cyprien Fragonard, le cousin d’Honoré, qui est lui anatomiste…

Et bien voici un premier film assez étonnant, notamment de la part de Philippe Le Guay dont la filmographie est plutôt légère ces derniers temps. Écrit comme toujours par le réalisateur lui-même, « Les deux Fragonard » est un film qui nous entraîne dans un plan machiavélique et l’on se laisse volontiers prendre au jeu des manipulations, mais aussi des petits rebondissements et plus loin encore des amours volages de cette jeune femme partagée entre deux passions.

Intéressant et divertissant, car on ne sait pas vraiment où Philippe Le Guay va nous emmener avec cette histoire, « Les deux Fragonard » est un film qui sait séduire son public, mais aussi nous tenir avec un certain suspens, et au-delà de ça, c’est aussi un film qui sait nous amuser parfois avec de petites touches d’humour bien distillées ici et là. Son intrigue, même si on y trouve parfois de petites incohérences, ou de petits relâchements, tient plutôt bien sa route. À travers cette histoire, Philippe Le Guay intéresse avec le portrait de ces deux cousins totalement opposés l’un de l’autre.

D’un côté, on sera amusé par ce peintre, insouciant, qui peut se poser comme un cliché, faisant chavirer le cœur, mais surtout les corps, de ces dames, jusqu’à ce qu’il tombe sur Marianne. Puis de l’autre, et c’est peut-être là le plus intéressant dans ce film, c’est le portrait de Cyprien, qui est anatomiste. À travers lui, le film parle de la science à cette époque-là, du regard que les gens et les autorités avaient sur ces pratiques. Il est intéressant de voir la curiosité de ce personnage et toute la passion et l’entrain qu’il met dans son travail. Puis enfin, au milieu d’eux, le scénario pose ce Comte sadique et manipulateur qui se plaît du malheur d’autrui.

Si le film tient bien quelques sujets qui vont être comme je le disais intéressants, « les deux Fragonard » est surtout un film qui nous tient avec son jeu de manipulation. Un jeu qui toutefois, sur sa fin, même si cette dernière est plutôt jolie, laisse aussi un petit goût en bouche d’inachevé. Dans cette histoire, on quitte, ou plutôt on laisse de côté, un personnage bien trop rapidement et c’est dommage, car au vu de ce dernier, on s’attendait à plus « intense ».

Après, comme je le disais, sur son ensemble, « Les deux Fragonard » reste un premier film intéressant et cet intérêt, on le trouve aussi dans sa mise en scène. Philippe Le Guay nous plonge bien dans le XVIIIe siècle avec une belle reconstitution et il nous offre de bonnes scènes. De plus, le film, dans son intrigue, et sa façon de raconter cette histoire, est riche, avec du drame, de la comédie, de la romance, du suspens, de l’action avec ses scènes de duel, et même parfois quelques effets gores le temps d’un rêve disséqué qui a bien vieilli.

« Les deux Fragonard« , c’est enfin un quatuor d’acteurs bien trouvés qu’on se plaît à suivre. Les deux cousins sont campés par Joaquim de Almeida (excellent en peintre volage) et Robin Renucci (très intéressant dans un personnage plus posé et sombre). Le Comte Salmon D’anglas est quant à lui tenu par un Samy Frey presque flippant, qui pourrait presque faire penser à un vampire, aussi bien dans son allure que dans sa façon d’être, se nourrissant du malheur des autres et de ses propres manipulations. Puis au milieu de ces messieurs, il y a la belle, innocente et talentueuse Philippine Leroy-Beaulieu qui, dans la peau de Marianne, se fait balader, se défend, et s’impose. À noter dans un moindre rôle, une toute jeune Isabelle Nanty.

Ce premier film pour Philippe Le Guay, même s’il est imparfait, demeure une belle et bonne entrée en carrière. Le réalisateur nous entraîne dans une histoire intéressante et dans une certaine mesure prenante. Tenu par de bons acteurs, ainsi qu’une bonne mise en scène, si « Les deux Fragonard » ne bousculera pas, il est vrai, votre cinéphilie, au point d’entrer dans un top ou autre, pour une soirée et pour la curiosité de voir où la carrière de ce bon metteur en scène a commencée, il mérite tout à fait qu’on y jette un coup d’œil.

Note : 12/20

Par Cinéted

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