Avis :
Il faut avoir de sacrées corones pour se lancer dans du Power, avec une production toute riquiqui. C’est un peu ce qui se passe avec Theragon, dont le premier album, Where the Stories Begin, entre en plein dans cette catégorie. Originaire de Valence, le groupe se forme en 2018, et il ne perd pas vraiment de temps, enchainant coup sur coup deux singles en 2020. Forcément, cela est suivi par le tout premier album, qui se veut classique dans la forme, mais épique dans les compositions. Le problème avec le Power, c’est que si la production ne suit pas derrière, il est compliqué de balancer des titres grandiloquents et qui marquent les esprits. Cela n’a pas empêché la formation hispanique de se lancer dans le projet et de raconter des histoires de dragons. Mais on va vite voir les faiblesses de ce premier effort.
Comme tout album de Power, on a droit à une introduction instrumentale à tendance symphonique. The Prophecy se veut relativement bucolique, et il sera difficile de ne pas penser à Rhapsody of Fire, qui fait dans le même registre. C’est donc avec Theragon que les choses sérieuses commencent, avec un orgue qui lance les hostilités avant que batterie et guitares fassent leur taf. Le résultat est assez plaisant, même si ça reste très calme sur la puissance. Les riffs sont aériens et on reste dans quelque chose de très conventionnel. Le problème va principalement venir de la voix du chanteur, très nasillarde, et qui, finalement, colle mal avec l’aspect épique voulu. De plus, il n’y a pas de moments marquants au sein du titre, qui dépasse allègrement les six minutes. On va vite voir que le groupe a du mal à fournir quelque chose de percutant et de novateur.
Bien qu’on va vite voir que pour son premier album, Theragon ne va pas prendre trop de risque et se contente d’un côté classique pour assurer un certain confort. On peut le comprendre, c’est un premier effort et il faut s’assurer une fanbase sûre. Blazeborn (qui fut le premier single du groupe) est plutôt court (moins de quatre minutes, chose rare pour du Power) et on va voir toutes les qualités techniques des musicos. Le solo d’intro est puissant et l’ensemble est très cohérent. C’est plus rapide que précédemment, plus enlevé, mais encore une fois, il faut adhérer à la voix nasillarde du chanteur, qui colle mal avec la rythmique. The Eternal War se veut plus violent, mais tout cela est adoucit par des violons qui veulent donner plus d’épaisseur, mais calment plutôt la tempête, forçant le groupe à ralentir la partition dans le couplet.
Puis derrière, on va avoir un ventre mou assez pénible. Fire Blood se veut puissant, mais au final, on reste sur notre faim, avec un morceau grandiloquent, certes, mais qui manque d’identité claire et d’un moment qui tranche avec le reste. As the Wind, qui arrive par la suite, se révèle même pénible à l’écoute, avec un clavier bien trop omniprésent, qui adoucit l’ensemble. De plus, d’un point de vue rythmique, on a la sensation que le groupe tourne et fournit à chaque fois la même sauce. C’est triste. Puis Am I viendra enfoncer le clou de notre patience. Sorte de ballade qui monte crescendo, on aura la sensation d’écouter un truc Pop dégueulasse, avec des arrangements qui ont des années de retard. C’est ringard, et les paroles sont catastrophiques. On sent que le groupe se perd complètement dans ce morceau, qui pue le passage obligé.
Fort heureusement, le groupe se rattrape sur les deux derniers morceaux. Dwarf Drunk Inn débute avec un bel accordéon avant de partir vers quelque chose de plus conventionnel. Cependant, le titre s’avère énergique et plaisant, offrant même un refrain plaisant et presque drôle. On sent que Alestorm a fait des émules (souvent pour le pire), mais ici, c’est plutôt bien fichu et vient sauver un album d’une torpeur crasse. Talisman of Tears sera aussi une preuve que le groupe peut faire de belles choses. Dépassant les dix minutes, le titre n’ennuie jamais et passe par plusieurs étapes qui suivent une logique implacable. C’est un grand morceau qui rattrape toutes les déceptions passées. Il est dommage que tout l’album ne soit pas de cet acabit… Bon, par contre, la reprise de Never Gonna Give You Up, c’est non…
Au final, Where the Stories Begin, le premier album de Theragon, peut se voir comme un semi-déception, ou comme une demi-réussite pour qui voit le verre d’eau à moitié vide ou plein. Si d’un côté, on est déçu par une bonne partie de l’album, la fin rattrape bien le tout et prouve que la formation en a encore sous la pédale. On espère alors une suite de carrière avec plus de prises de risque, et une volonté de marquer les esprits avec une identité plus marquée.
- The Prophecy
- Theragon
- Blazeborn
- The Eternal War
- Fire Blood
- As the Wind
- Am I
- Drunk Dwarf Inn
- Talisman of Tears
- Never Gonna Give You Up
Note : 12/20
Par AqME