avril 18, 2024

Tic et Tac, les Rangers du Risque: le Film – Overdose de Références

Titre Original : Chip’n Dale : Rescue Rangers

De : Akiva Schaffer

Avec Andy Samberg, John Mulaney, Kiki Layne, Will Arnett

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

De nos jours, Tic et Tac évoluent autant dans le monde de l’animation que dans celui des humains. Depuis la déprogrammation de la série dont ils étaient les héros, leurs vies ont pris des directions diamétralement opposées. Tic s’est reconverti en représentant en assurances et mène une existence ordinaire dans une banlieue résidentielle. À l’inverse, Tac a fait l’objet d’une opération médicale et se produit dans des galas et conventions empreints de nostalgie, où il tente vainement de retrouver sa gloire passée. Lorsqu’un de leur ancien partenaire d’aventure disparaît mystérieusement, Tic et Tac n’ont d’autre solution que de renouer avec leur amitié passée et de reprendre leurs chapeaux de détectives pour partir à son secours…

Avis :

S’il y a bien une chose que l’on ne peut éviter en ce moment, c’est le déluge de films qui se gargarisent dans les références aux années passées. Si Ready Player One était un excellent film qui ajouter une plus-value doudou à ces années bénies, d’autres longs-métrages ont joué uniquement cette cartouche pour toucher un spectre plus large de spectateurs. Ainsi, Space Jam 2 sera un soporifique nanar, et certains shows iront bien trop loin, nous écœurant jusqu’à la lie (coucou Free Guy). Pour autant, malgré des retours très mitigés de la part des professionnels et des spectateurs, les films faisant des références à tout va à un passé pas si lointain ne sont pas en berne et continuent de sortir au cinéma et sur les plateformes de streaming. Dernier en date, Tic et Tac : les Rangers du Risque : le Film, disponible sur Disney+.

Série phare de la fin des années 80 et du début des années 90, Les Rangers du Risque vont tenir 65 épisodes avant de sombrer dans un oubli tout relatif. En effet, malgré l’arrêt du dessin animé, les deux écureuils resteront des mascottes incontournables de la firme aux grandes oreilles, nous rappelant aux bons moments passés avec eux devant la télé. Et histoire de couronner le tout, des produits dérivés de toutes sortes continueront de sortir malgré l’arrêt de la série, comme des jeux vidéo par exemple. Bref… tout un business s’écroule, mais les deux écureuils sont toujours présents dans les esprits, et c’est avec opportunisme que des producteurs ont cru bon de les remettre sur le devant de la scène avec un film qui évoquerait la quintessence de la série, tout en permettant de remettre au goût du jour les deux personnages. Fausse bonne idée.

Afin de tout faire comprendre aux plus jeunes, le film débute par un résumé de la vie de Tic et Tac, raconté en voix off par Tac. On y parle alors du succès de la série, des bons moments passés, puis de la brouille entre les deux comparses, Tac en ayant marre de faire les guignols, partant vers un autre show qui ne durera que le temps d’un pilote. Jusque-là, c’est plutôt bien fichu, même si on commence à sentir les prémices d’un film foisonnant d’images en arrière-plan pour faire plaisir aux grands enfants que nous sommes restés. En fait, il s’agira plus de trouver de quel film ou série proviennent tous les protagonistes que l’on voit, que d’écouter l’histoire. Un problème de taille, mais qui semble être plus ou moins voulu par les producteurs, noyant ainsi un scénario vide de sens et sans réel intérêt.

Car d’un point de vue purement scénaristique, on frôle le néant absolu. Ici, l’un des écureuils de l’ancienne série appelle au secours les deux rangers du risque car il se sent en danger. En effet, il est criblé de dettes à cause d’achats compulsifs et il doit de l’argent à un Peter. Après sa disparition, les deux héros vont faire équipe pour se rendre compte que toutes les anciennes gloires de dessins-animés oubliés ont disparu et font maintenant les beaux jours de films pirates, avec des looks transformés. Ni une, ni deux, Tic et Tac refont équipe pour retrouver ce Peter et démanteler son réseau de films pirates. Sauf que derrière l’enquête, il ne va pas y avoir grand-chose à se mettre sous la dent. Très rapidement, on découvre qui est derrière l’affaire, et rien ne sera fait pour nous faire participer à une enquête en bonne et due forme.

Le film sera une succession de rencontres plus ou moins incongrus avec des éléments de dessins-animés plus ou moins drôle. Voulant faire réfléchir sur la puissance des fans, Akiva Schaffer met en avant le Sonic moche qui fut changé par la suite, à la demande des fans lors de premières images de presse. On retrouvera aussi des personnages de jeu vidéo dont les animations sont ratées, notamment au niveau des yeux. On verra aussi que Peter Pan a plutôt mal vieilli. On pourra constater l’apparition de Tygra, ou encore Lumière de La Bellet la Bête. Bref, on va vite se rendre compte que pour arriver au bout de l’enquête, il n’y aura pas vraiment de mystère, mais juste des rencontres dans des lieux qui permettent de mettre en avant du fans service à tout va.

Et du fan service qui ne sert strictement à rien, si ce n’est à amuser le spectateur qui fera du film un jeu pour découvrir les références. C’est bien là que l’on voit les limites du long-métrage, qui espère un revival de ses personnages cultes, mais qui loupe le coche avec une volonté tout simplement marketing. De plus, on peut y voir une sorte de cynisme avec le message de fond. Car clairement, le film critique l’aspect marketing de Disney, avec des produits dérivés qui ne servent à rien, et qui sont recyclés pour transformer les toons oubliés en d’autres choses, afin de les utiliser dans des films illicites, comme ceux que l’on peut retrouver en Europe de l’Est. Disney se moque de ce marché, mais il se moque aussi du consommateur un peu abruti qui achète du gel douche Shrek par exemple.

Afin de compléter le tableau, on aura bien évidemment des messages positifs sur la camaraderie, la fidélité et l’importance des autres pour réussir. Malheureusement, cela est noyé dans un amalgame de références plus ou moins éloquentes qui ne sont pas toujours drôles. Le coup de la mouche qui a des enfants avec la souris Gadget est assez indécent. Et on a la sensation, aussi, qu’il fallait à tout prix mettre tous les types d’animation possibles. On aura donc droit à de la marionnette, de la pâte à modeler, du dessin 2D, de l’animation 3D et des mélanges des deux. Cela crée un véritable dimorphisme dans le film, et même si parfois, le réalisateur peut jouer avec (la pâte à modeler est difficile à arrêter), il est complexe de rentrer complètement dans cet univers qui nous est imposé. Il est loin le temps de Roger Rabbit…

Au final, Tic et Tac : les Rangers du Risque, le Film ne brille pas par son originalité, ni par son enthousiasme. Se voulant cynique et presque sulfureux pour le jeune public, on se retrouve surtout face à un métrage qui ne fait que citer des références pour ne jamais vraiment les utiliser, espérant, de ce fait, cacher la misère de son scénario, qui tire à boulets rouges sur une industrie pirate inoffensive. Si on peut retrouver quelques passages un peu drôles et un effet nostalgique qui marche cinq minutes, il n’y a pas grand-chose à sauver du reste, pas même sa mise en scène plate et sans envergure. Bref, une déception, qui plaira peut-être aux enfants, s’ils ont le bagage « culturel » pour comprendre toutes les références…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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