novembre 5, 2024

Choose or Die – La Malédiction de Netflix

De : Toby Meakins

Avec Asa Butterfield, Iola Evans, Eddie Marsan, Kate Fleetwood

Année : 2022

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Tentés par un prix en espèces non réclamé, deux amis redémarrent un curieux jeu vidéo des années 80 et pénètrent dans un univers surréaliste où règne une terreur inédite.

Avis :

Il fut un temps où Netflix était LA plateforme de streaming par excellence, tout simplement car elle était la première et la seule sur le marché. L’engouement fut tel qu’avec l’argent récolté, Netflix est devenu une véritable machine de guerre, produisant alors films et séries. Cependant, il se passe aujourd’hui une chose que les dirigeants n’ont pas vu venir, la concurrence et des désabonnements en masse. Pour la première fois depuis sa création, Netflix a perdu des abonnés et commence sérieusement à battre de l’aile. Si la fin du confinement peut en partie expliquer ce phénomène, il y a aussi un autre problème de taille, la qualité des séries et des films proposés par la plateforme. Si certains médiums sortent du lot, la grande majorité des productions Netflix et des exclusivités sont mauvaises, voire très mauvaises. C’est le cas avec Choose or Die qui est presque un cas d’école.

Femme au bout de la crise de nerfs

Premier film de Toby Meakins, on part ici d’un jeu vidéo maudit qui promet une grosse récompense. Le film débute alors un père geek, qui va se rendre compte que les choix proposés sont glauques au possible, et il va fermer le jeu après que sa femme ait coupé la langue de leur fils, suite à un choix proposé par le jeu. Quelques temps plus tard, on va suivre la routine de Kayla, une jeune fille désœuvrée qui bosse de nuit pour aider sa mère, cocaïnomane depuis qu’elle a perdu son jeune fils d’une noyade. Kayla rend visite à son meilleur ami, Isaac, un hacker de génie et un grand passionné de la culture pop des années 80. Perdu dans le bazar d’Isaac, Kayla trouve une vieille cassette de jeu vidéo et est attirée par la récompense promise. Malheureusement pour elle, elle va vite se rendre compte de la malédiction.

Dans la grande veine de films qui mettent en place un jeu vidéo tueur (Brainscan ou encore l’horrible Stay Alive), Choose or Die tente de tirer son épingle du jeu en mettant en avant un personnage qui est dans une situation inextricable. Kayla veut s’en sortir pour aider sa mère et combler le décès de son frère, dont elle pense être responsable. Le scénario va alors explorer son personnage pour tenter d’expliquer son addiction au jeu et sa volonté d’aller jusqu’au bout. L’histoire n’hésite donc pas à noircir le tableau autour de Kayla, dont la mère se drogue, aidée par un dealer dont le but est de se faire la jeune femme, qui va perdre son emploi de nuit, et qui va devoir sacrifier des personnes qu’elle aime pour toucher la petite somme. Le pathos surgit à chaque coin pour donner un peu de consistance, mais ça ne suffit pas.

Brassage du vide

De plus, les personnages secondaires sont clairement au rabais. On devra uniquement se contenter d’Isaac, un geek qui vit dans un taudis et qui est secrètement amoureux de Kayla. Asa Butterfield, entre deux saisons de Sex Education, essaye de se diversifier, mais force est de constater qu’il n’est que l’ombre de lui-même et qu’il s’avère plus transparent qu’autre chose. En même temps, difficile de donner de l’épaisseur à un personnage qui n’est pas écrit. Bref, du point de vue des personnages et de leur ligne de script ce n’est pas la joie et on tombe sans arrêt sur quelque chose de glauque ou de hautement improbable. Et les relations entre eux sont pénibles et très téléphonées, ne créant finalement aucun suspens.

Alors certes, d’un point de vue technique, on ne peut renier la qualité visuelle de l’ensemble, notamment sur des plans larges et quelques travellings avant et arrière. Toby Meakins souhaite donner du cachet à son film et plusieurs plans sont jolis. Mais cela ne fait pas un film, et les saturations de vert et de rouge ne sont pas une solution pour créer une ambiance. Ni même de l’angoisse ou de la peur. Et là, le film pêche aussi par son vide intersidéral. Les meurtres se veulent graphiques et originaux, mais ils sont d’une nullité rarement atteinte. On pourrait citer l’exemple de la nana qui mange des bouts de verre, mais la pire scène de mise à mort concerne ce moment en dehors de toute réalité où un type crache de la bobine pendant que l’héroïne fait avance arrière sur un vieux magnétoscope. Comment peut-on valider une telle chose ?

Les jeux vidéo rendent-ils violent?

Des personnages lisses ou trop appuyés, une mise en scène sensiblement agréable, mais relativement factice, des mises à mort ridicules, on commence à percevoir un petit peu ce qui fait de Choose or Die un programme Netflix tout désigné, avec son apparence sulfureuse, mais son soufflé qui retombe aussitôt. On ne sera pas au bout de nos peines avec des explications totalement foireuses sur l’existence du jeu et comment il est possible qu’un homme profite de cette malédiction. On ne comprend rien et on a la sensation d’être pris pour des cons. D’ailleurs, le twist final est ridicule, tout comme la dernière confrontation. On peut presque saluer l’idée, mais elle est très mal exploitée. On se retrouve donc devant un film vide de sens et qui n’arrive jamais à gérer ses idées, ou même son principe de base.

Afin de flatter les égos des amateurs du genre, on aura droit à un petit clin d’œil (là aussi une habitude des films qui arrivent directement sur Netflix) avec la voix off de Robert Englund (Freddy Krueger), mais ça reste un happening qui ne sert strictement à rien. Encore une fois, on en vient à se demander si tout cela n’est pas là pour masquer le vide de l’intrigue et son manque de fond. Car au final, on pourrait presque se demander sur le film ne tire pas à boulets rouges sur les jeux vidéo, et insinue qu’ils rendent violent à partir du moment où il y a une somme d’argent à gagner. C’est très fallacieux, voire réac, et le film s’empêtre les pieds dans le tapis, n’arrivant jamais à proposer une alternative à ce message qui se perçoit fortement.

Au final, Choose or Die est symptomatique des nouvelles arrivées sur Netflix, que ce soit une production du gros N rouge ou pas. Malgré quelques séquences un peu gores et un pathos qui flirte avec le forçage, on se retrouve face à un film qui n’a pas d’âme, qui n’a pas d’identité visuelle et qui brasse du vide à tours de bras. Les acteurs ne peuvent pas s’investir dans leur rôle, à moins de faire la gueule, et le réalisateur se brime sur plusieurs points, n’osant jamais aller plus loin que son concept de base. C’est dommage, on aurait pu avoir beaucoup mieux que ce film d’horreur au concept biaisé de base, et qui ne dépasse jamais son statut de contenu fade.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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