avril 24, 2024

Boss Level

De : Joe Carnahan

Avec Frank Grillo, Mel Gibson, Naomi Watts, Will Sasso

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Science-Fiction

Résumé :

Roy Pulver a un vrai problème : chaque matin, il est attaqué par une horde d’assassins venus le liquider. Mais qu’il soit abattu, poignardé ou éparpillé en mille morceaux, sa journée recommence, encore et encore, ramenant à chaque fois cet ancien agent de la Delta Force au point de départ ! Pour parvenir à sortir de cette boucle temporelle, Roy doit survivre un autre jour…

Avis :

Les boucles temporelles, en termes de narration, ne sont pas une chose nouvelle. Popularisées en 1993 avec la comédie Un Jour Sans Fin, certains scénaristes se sont jetés sur cette opportunité pour fournir des films intéressants dans divers genres. On peut noter la science-fiction nerveuse avec Edge of Tomorrow, ou encore la comédie horrifique avec Happy Birthdead et sa suite. D’un point de vue scénaristique, cela permet de travailler sur le comportement des personnages et d’évoluer en fonction des manques affectifs ou des erreurs qu’ils ont commis. D’un point de vue scénique, le réalisateur peut s’amuser avec divers angles et diverses façons de faire évoluer une journée, sans lasser le spectateur. Ce mode de fonctionnement évoque irrémédiablement les jeux vidéo où il faut recommencer lorsque l’on meurt. Joe Carnahan s’est alors faufilé dans la brèche pour allier boucle temporelle et délire vidéoludique avec Boss Level.

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Die and Retry

Le film débute avec un homme qui se fait agresser chez lui par un type armé. En voix off, l’homme nous raconte que tous les matins sont les mêmes. Un homme l’attaque au réveil, il doit ensuite échapper à un hélicoptère, sauter au bon moment pour le pas louper un camion plein de sable, puis s’échapper en voiture pour éviter un duo de tueuses. Après nous avoir expliqué le fonctionnement de cette boucle, dont il n’arrive pas à dépasser 12h47, il va remonter en arrière et raconter sa vie, sa rencontre avec son ex-femme, qui bosse dans un laboratoire secret pour mettre en place une étrange machine. Puis, petit à petit, à force de mourir et de faire des choix différents, il se rend compte qu’il arrive à dépasser le compteur et qu’il arrive petit à petit à s’en sortir et à vaincre les méchants qui sont à sa poursuite.

Boss Level, d’un point de vue narratif, ne va jamais rien révolutionner dans l’histoire de la boucle temporelle. On a droit à une machine, dans laquelle il est propulsé, puis à une histoire rocambolesque avec des tueurs à ses trousses, avant qu’il ne découvre qu’il est papa et qu’il veut sauver son fils, mais aussi son ex-femme. Dès lors, chaque tentative de sauvetage sera différente et Joe Carnahan s’amuse narrativement à placer le héros dans des situations plus ou moins grotesques. Il va découvrir qu’il a un traceur dans son corps, qu’il est parfois indétectable quand il est dans des souterrains, ou qu’il peut aussi se donner la mort pour recommencer. Bref, scénaristiquement, il navigue en plein dans un jeu vidéo grandeur nature et il a droit à plusieurs essais pour réussir sa quête. Le scénario est aussi un prétexte pour faire évoluer son personnage central.

Super papa

L’utilisation de cette boucle ne va servir qu’à une seule chose, mettre en avant le personnage joué par Frank Grillo. Tout d’abord bel homme un peu détestable car sûr de lui, il va vite devenir un type attachant, un peu perdu, toujours amoureux de sa femme, mais qu’il a été incapable de garder. Son côté empathique intervient assez rapidement avec son aspect badass. Le comédien de 58 ans est tanké comme un dieu grec et il joue de sa plastique pour afficher un aspect mauvais garçon rigolo qui n’est pas déplaisant. Mais à force de recommencer sans cesse sa mauvaise journée, il va finir par découvrir plusieurs choses, ce qui le pour à cogiter un peu plus sur le sens de sa vie. Ainsi, il va se découvrir père aimant, mais aussi ex-mari malheureux, qui aimerait retrouver sa vie d’avant.

Certes, le thème est déjà vu et revu, mais il fonctionne assez bien ici, car il a une vraie montée dans la psychologie du personnage, qui au départ picole des coups avec une jolie blonde (Annabelle Wallis), pour ensuite se rendre compte de la vacuité de sa vie. L’un des principaux défauts du film réside dans le fait que les antagonistes ne sont pas forts. Le grand méchant, joué par Mel Gibson, n’a pas vraiment d’épaisseur et manque cruellement de fond. On est face à un riche homme d’affaires qui veut devenir dictateur avec sa machine. Rien de plus, rien de moins, et l’acteur en fait le moins possible, ce qui est décevant. Tout comme son bras droit (Will Sasso), qui ne sert pas à grand-chose, si ce n’est faire la gueule. Même chez les tueurs, ça manque d’impact, hormis la tueuse au sabre, un peu plus mise en avant.

La Régression

Si le film compte quelques défauts notables, notamment dans ses méchants qui ne sont pas suffisamment travaillés, Joe Carnahan fournit tout de même un spectacle assez jouissif et totalement con. Les scènes d’action sont nombreuses et on rentre vraiment dans un délire vidéoludique assez fort. Le film ne se prend pas la tête et rentre parfaitement dans la filmographie de son cinéaste, grand habitué des comédies d’action. Boss Level ne fait exception à cette règle et fonce tête baissée dans des confrontations ubuesques et des courses-poursuites nerveuses. Les différentes mises à mort sont drôles et s’enchaînent à la vitesse de l’éclair, surtout lorsque le héros explique tous ses différents essais pour arriver jusqu’à 12h47. Spectacle régressif à souhait, le film de Carnahan sait ce qu’il est et son réalisateur ne va pas chercher autre chose.

Au final, Boss Level est un film plutôt sympathique. Il s’agit-là d’un spectacle assez crétin et bien bourrin, qui sait son assimilation avec les jeux vidéo et qui en joue. Sombrant volontairement dans le grotesque et la comédie potache avec quelques délires un peu gores, Joe Carnahan lâche la bride à son imaginaire et se fait plaisir dans un film de plateforme qui a conscience de ses limites. Régressif et bien débile, on ne peut que saluer la performance de Frank Grillo qui semble s’éclater et démontre qu’il est un acteur qui peut tenir des premiers rôles. Bref, un petit film sans prétention et plutôt agréable.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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