juillet 27, 2024

Massacre à la Tronçonneuse – Con Comme les Tournesols

Titre Original : The Texas Chainsaw Massacre

De : David Blue Garcia

Avec Sarah Yarkin, Elsie Fisher, Mark Burnham, Jacob Latimore

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Melody, sa sœur adolescente Lila et leurs amis Dante et Ruth se rendent dans la petite ville de Harlow, au Texas, pour lancer une nouvelle entreprise. Mais leur rêve se transforme bientôt en cauchemar éveillé lorsqu’ils pénètrent sans le vouloir dans le monde de Leatherface, le dangereux tueur en série dont l’héritage sanglant continue de hanter les habitants de la région. Parmi eux, Sally Hardesty, unique survivante du tristement célèbre massacre de 1973, et bien décidée à se venger.

Avis :

Il semblerait que ce soit une mode de donner le titre original d’un premier film à un reboot qui sort des décennies plus tard. En 2018, nous avions eu droit à Halloween de David Gordon Green. En 2020, ce fut au tour de Scream de nommer son cinquième opus comme le premier. Et aujourd’hui, c’est avec Massacre à la Tronçonneuse que le phénomène se passe. Pourquoi ? Quelle est la raison et le but de donner le même titre de film à un long-métrage qui s’insère dans une franchise ? La question est assez légitime, et on pourrait peut-être trouver un élément de réponse dans la volonté des producteurs d’attirer un public plus jeune en faisant croire que ces films sont les nouveaux et que l’on peut les voir sans pour autant connaître l’original. Une faute de goût, puisque chaque film s’intègre dans la franchise à divers endroits.

En parlant de faute de goût, si les deux films précités (Halloween et Scream) ont eu les honneurs des salles obscures, ce n’est pas le cas du dernier Massacre à la Tronçonneuse qui arrive directement sur Netflix après quelques légers problèmes, dont un changement de réalisateur au milieu du tournage. Bref, c’est ici David Blue Garcia qui s’y colle, et c’est son premier gros projet. Une tâche lourde que de succéder à Tobe Hooper, puis cette nouvelle mouture fait fi de toutes les suites, et se veut être une suite directe du premier. Un culot produit par Fede Alvarez, qui avait déjà transformé Evil Dead en Torture-Porn sans âme. Est-ce aussi le cas pour Leatherface ?

Leatherface Vs Influenceurs

Le scénario du film est d’une bêtise sans nom. Ici, deux influenceurs cultes dans le monde de la cuisine décident d’acheter la ville de Harlow. Alors qu’ils sont en repérages pour mettre les bâtiments aux enchères, ils découvrent qu’une vieille dame vit toujours dans l’orphelinat au centre du village. Prise de panique, elle décède d’une crise cardiaque et son fils, qui n’est autre que Leatherface, décide de dézinguer tout le monde de colère. C’est le pitch initial qui ne bougera pas d’un iota. Les deux scénaristes ne sont pas allés chercher plus loin pour raconter un jeu de massacre qui se justifie presque avec les victimes insupportables qui méritent bien leur sort. D’ailleurs, ce sera l’un des bons points du film. Au lieu de garder Leatherface comme une icone indestructible du mal, on va ressentir ici de l’empathie pour lui.

Il perd sa mère, son seul repère, et décide alors de se venger. On ressent sa douleur et sa tristesse, qui apporte presque une justification au massacre. Presque parce que finalement, tout le monde va en prendre plein la gueule dans un joyeux festival de tripailles. De plus, les personnages présentés par le film sont tout bonnement détestables. On se retrouve avec des gens qui sont fixés sur leur téléphone, sont blasés de tout et ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Sous couvert de se faire juger pour sa couleur de peau, l’un des influenceurs ne se rend pas compte qu’il juge lui aussi les texans comme des rednecks stupides. Et il part du principe que tout lui est dû. De ce fait, ce nouveau Massacre à la Tronçonneuse va offrir un spectacle réjouissant, tirant à boulets rouges sur une facette de notre société actuelle.

Boucherie

Faisant la critique de notre société virtuelle vide de sens, Massacre à la Tronçonneuse va avoir comme avantage d’offrir du gore par pelles en zigouillant de l’influenceur à tours de bras. Un gore rigolo, fun, décomplexé, qui permet au film de ne pas se perdre dans des effets auteurisants pénibles. On est loin des studios A24 ici, le but étant d’aller droit au but sans ambages. Si on peut regretter cela en comparant bien évidemment avec le chef-d’œuvre de Tobe Hooper, force est de constater que l’heure et quart que dure le film est savamment dosée, n’ennuyant jamais et fonçant dans le lard. Tête décapitée, tête écrasée à coup de marteau, bouche lacérés, éviscération, tout y passe dans une violence graphique dingue. Cela faisait un moment que l’on n’avait pas vu un tel déluge de sang dans un film d’horreur contemporain.

Enfin, dernier bon point que l’on peut attribuer au film, c’est sur sa mise en scène, qui est loin d’être désagréable. Alors certes, on n’atteint jamais le degré de maestria du premier opus, et on peut regretter un grain lisse, qui est finalement l’apanage de toutes les productions Netflix. Cependant, certains plans sont assez iconiques et plutôt beaux à regarder. Les apparitions de Leatherfeace sont assez recherchées dans certains endroits, notamment dans le champ de tournesols lorsqu’il se met debout, ou encore lorsque le bus passe et que l’on entrevoit la silhouette du boogeyman entre deux ruelles. Sans être incroyable, la mise en scène essaye des choses, ce que l’on ne peut lui reprocher. Si ce n’est de foutre des néons et une musique électro insupportable pour faire plus jeune. Là, on est dans la faute de goût, le cinéaste cédant aux sirènes du trope trop facile.

Aussi débile que les victimes

Si on recense de bons points pour ce film, il faut aussi reconnaître que tout n’est pas parfait, loin s’en faut. Et en tout premier lieu, le scénario est d’une bêtise accablante. Une bêtise qui fait finalement écho aux caractéristiques des victimes, qui seront toutes bêtes comme leurs pieds. Outre le côté brutal de la chose qui ne demande pas vraiment de réflexion, il y a aussi beaucoup d’incohérences dans le déroulé des opérations. On retrouve des personnages increvables, qui font durer le suspens sur leur sort, pour finalement peu de d’effets. On aura aussi droit à des passages ubuesques, comme celui du bus où la nana s’en sort grâce à une fenêtre sur le toit, ou encore à des réactions stupides, comme se planquer dans un placard. Certaines situations sont vraiment grotesques, mais aussi à l’image des personnalités du film.

D’ailleurs, il y a là aussi un gros problème dans l’écriture de certains personnages. Si Leatherface est toujours un monstre violent et percutant, le fait de lui donner de l’empathie le rend moins effrayant. Le film ne joue plus sur la terreur qu’inspire Leatherface et sa famille, mais plutôt sur le délire jouissif d’un massacre débridé. De même, au niveau des potentielles victimes, on en retrouve une qui a un impact de balle sur le corps, et qui fut une survivante d’une fusillade dans un lycée. Le sujet est très mal amené et son évolution au cours du film est trop rapide, n’offrant finalement qu’un personnage assez lisse, une final girl sans âme et dont le traumatisme n’aidera que peu à se sortir de l’impasse Leatherface. Mais le plus accablant dans tout ça, c’est l’arrivée de Sally Hardesty, seule survivante du premier film.

Mamy fait de la résistance

Voulant à tout prix faire des clins d’œil au premier opus, les scénaristes ont cru malin de faire revenir le personnage de Sally en tant que mamy revancharde qui a envie d’en découdre avec le méchant. Le film amène très mal ce personnage, nous racontant qu’elle n’a jamais pu retrouver le meurtrier après quarante ans de recherches. Et cela malgré le lieu, le nom de famille et une pléthore d’indices. Voulant se la jouer à la Halloween 2018, le film nous fait revenir une icône pour la rendre badass, mais sans réelle justification (alors que l’on peut en trouver une concernant Halloween). Le personnage est en plus joué par une actrice qui n’est pas Marilyn Burns, cette dernière étant décédée. Et cela se voit malheureusement… Quant aux gimmicks en référence au premier film, ils sont plutôt inutiles, comme la danse de fin, par exemple.

Au final, cette nouvelle mouture de Massacre à la Tronçonneuse, qui se voit comme une suite directe du premier, souffle le chaud et le froid, mais laisse tout de même un petit sentiment de fraîcheur. Si le film est court et jouissif dans son jeu de massacre, il reste bête comme ses pieds et n’a aucun point comparatif avec son aîné. Gore pour avoir de la consistance là où Tobe Hooper a tout fait en hors champ, empathique envers Leatherface là où il créait de la terreur par son absence d’émotions, le film de David Blue Garcia n’a rien à voir avec le chef-d’œuvre de 1974. Pour autant, il constitue un spectacle régressif presque agréable en ces temps de disette, ou de films d’horreur qui n’ont pas envie d’aller au bout des choses.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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