De : Vincent Gagliostro
Avec Alan Cumming, Zachary Booth, Sarita Choudhury, Patrick Breen
Année: 2017
Pays: Angleterre
Genre: Drame
Résumé:
Sam est artiste et vit à New York. Il a survécu à l’épidémie de sida dans les années 1980. Son appartement est couvert de souvenirs lorsqu’il était activiste à Act Up. Luttant contre sa culpabilité du survivant, il essaie de comprendre comment lui et sa communauté en sont arrivés là, jusqu’au jour où il fait la connaissance de Braeden.
Avis :
Artiste, directeur de mode et ancien activiste pour les causes LGBT, on ne sait finalement pas grand-chose sur Vincent Gagliostro qui est totalement inconnu par chez nous. Résidant à New-York, « After Louie » est son premier film.
Presque autobiographique, « After Louie » est un film pour le moins très intéressant, puisque le réalisateur nous arrive avec un sujet fort et fait se confronter le choc des générations. Ici, on va suivre un homme d’une cinquantaine d’années qui est un survivant des années sida. Avec « After Louie« , Vincent Gagliostro met en parallèle ces années sida et la jeune génération, dont le virus fait partie de « leur vie ». Pudique et touchant, « After Louie » se pose alors comme un film joli témoin d’un héritage et d’un combat qui est loin d’être gagné. Un regard sans jugement, plein de tendresse et de mélancolie qui mériterait d’avoir plus de luminosité, car s’il est présent au festival, on se doute malheureusement que sur notre territoire, cette projection risque fort bien d’être la seule et c’est bien dommage.
Sam est un artiste-peintre qui a mis entre parenthèse ses activités pour se souvenir. Se souvenir de quoi ? D’un ami très proche mort du sida, il y a vingt ans tout juste. Le projet de Sam, réaliser un film à partir d’images d’archives, de photos et de diapos. Alors que tout le monde a l’air contre ce projet, Sam s’entête. Un soir de mélancolie qu’il noie dans l’alcool, il fait la connaissance de Breadan, un jeune homme qui approche de la trentaine. Les deux hommes se lient d’une amitié ambiguë et au fil des jours, c’est un choc des générations qui se déroule. Entre souvenir, envie de revivre une autre jeunesse, la mort, ou encore le sida d’aujourd’hui, les deux hommes et leur entourage prennent part à ce travail fait de dialogues.
Que reste-t-il vraiment des années sida ? Que savons-nous vraiment des années sida ? Quel bilan et enseignement à tirer à l’heure où les jeunes se protègent de moins en moins ? À l’heure où la maladie ne fait plus si peur que ça ? À l’heure où l’on peut vivre une vie « normale » avec le virus ? C’est à travers le portrait de Sam, un homme d’une cinquantaine d’années qui a vu bons nombres des siens partir trop tôt, que Vincent Gagliostro pose ces questions en faisant confronter son personnage à un autre bien plus jeune.
« After Louie« , c’est un drame aussi bien que son personnage souffre. Bâti sur un scénario solide et intéressant, le cinéaste livre ici un film qui résonne non pas comme un cri d’alarme, mais plus comme un devoir de mémoire et une ouverture aux autres. Ici, le deuil se confronte à l’échange des expériences, des points de vue et des regards entre cet homme qui est un survivant et cette jeune génération dont l’esprit d’activisme n’est plus aussi présent qu’il y a des années.
« After Louie« , c’est un film qui a beaucoup de profondeur, car Vincent Gagliostro a particulièrement soigné et pensé ses personnages. Tout en relief avec des côtés très beaux et d’autres plus sombres, voire injustes, le personnage de Sam par exemple, est parfois très blessant. Mais le tout se conjugue très bien et finalement, c’est une sensation de justesse qui en ressort.
De plus, Vincent Gagliostro aide ses personnages en nous offrant une mise en scène aussi intime que sensible. Aucun sordide, malgré les sujets lourds que le film aborde. Aucune gratuité dans les évènements. « After Louie » passe d’un regard à un autre avec beaucoup de simplicité, ce qui rend le film très souvent touchant. Et au fur et à mesure que les personnages se rencontrent, s’aiment et parfois physiquement, et s’opposent aussi, ce devoir de mémoire et de compréhension se fait, au point qu’ils évoluent tous.
Pour que « After Louie » fonctionne aussi bien, le film ne s’est pas reposé que sur son scénario. « After Louie« , c’est aussi un film d’acteurs et de personnages et pour le coup, Vincent Gagliostro nous a réuni une belle brochette de talents. Tenu principalement par le trop rare Alan Cumming qui est excellent et touchant, alors même qu’il tient un personnage qui est capable de terriblement nous agacer, on notera aussi la très belle participation de Zachary Booth, magnifique en jeune homme pas si paumé que ça. Un jeune homme qui entretient une formidable histoire d’amour avec son compagnon, joué par Anthony Johnston. On mentionnera aussi l’excellent Everett Quinton, qui, plus âgé encore, étoffe un peu plus le regard qu’on pose sur le film, ses personnages et cette histoire.
Bref, « After Louie » est un beau film, qui s’avère utile qui plus est. Pour son premier film, Vincent Gagliostro y a mis toute sa mémoire, ses interrogations, ses craintes et ses espoirs et le résultat est excellent. Sans jugement, simplement avec des interrogations et des constats, il est dommage que ce genre de film n’ait pas le droit à plus de visibilité.
Note : 14/20
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Par Cinéted