avril 16, 2024

Tokyo Girl Cop

Titre Original : Sukeban Deka : Kôdo Nêmu = Asamiya Saki

De : Kenta Fukasaku

Avec Aya Matsuura, Rika Ishikawa, Shunsuke Kubozuka, Erika Miyoshi

Année : 2005

Pays : Japon

Genre : Action

Résumé :

Recrutée par une agence policière secrète et clandestine, « K » a pour première mission de s’infiltrer au sein d’un groupe d’élèves venant d’une des écoles les plus prestigieuses du pays, ceux-ci étant en fait des terroristes anarchistes voulant plonger le Japon dans le chaos. Equipée de son yo-yo d’attaque en métal, elle s’installe alors dans l’université…

Avis :

Quand on a un père célèbre et connu, et que l’on veut faire le même métier que lui, il est très compliqué de sortir de son ombre. Si on connait quelques réussites comme Alexandre Aja, qui a su s’extirper de son papa Alexandre Arcady, ce n’est pas toujours le cas. Prenons Kenta Fukasaku. Il est le fils de Kinji Fukasaku, grand réalisateur japonais, à qui l’on doit notamment Battle Royale, qui fut son dernier film. Scénarisé par son fiston, Kinji a voulu filmer la suite, mais il a dû arrêter, la faute à un fichu cancer. De ce fait, c’est Kenta qui a repris le flambeau pour terminer le long-métrage, mais son père ne verra jamais le film, mourant avant sa sortie. Suivant les pas de son papa, Kenta a continué à réaliser quelques films, dont Tokyo Girl Cop, adaptation du manga Sukeban Deka. Et le talent n’est pas héréditaire.

Qu’est-ce que tu me racontes là ?

Le scénario de ce film est très nébuleux. On commence par faire la connaissance d’une jeune japonaise en camisole de force, qui est rapatriée dans son pays par les Etats-Unis. La police nippone va alors la forcer à remplir une mission dangereuse si elle veut revoir sa mère, qui croupit en prison. Cette mission, c’est d’infiltrer un lycée où de jeunes gens ont créé un site pirate et prévoient un attentat. Pour s’infiltrer, la jeune femme a comme nom de code Asamiya Saki, et comme arme, un yo-yo. Ce pitch de départ laisse assez dubitatif. La jeune femme semble savoir se battre, mais elle ne sait pas se servir d’un yo-yo. De plus, on ne connait pas vraiment ses origines, ni ses motivations, et on ne sait pas pourquoi sa mère est en taule. Bref, beaucoup de questions dès le démarrage, qui vont empêcher de plonger dans l’intrigue.

Mais ce n’est pas tout. Une fois intégrée dans le lycée, l’héroïne ne va pas vraiment mener d’enquête, mais elle va s’acoquiner avec une jeune fille harcelée, et petit à petit, elle va remonter un réseau qui utilise ces jeunes harcelés pour leur faire poser des bombes. Le grand méchant se dévoile d’un coup, sans vraiment de rapport avec le lycée, et la toute fin présente un affrontement qui se veut dantesque, entre l’héroïne et le groupe du grand méchant. Le film ne sait jamais où il veut aller et sa narration, bien que linéaire, manque de fluidité et présente des personnages qui tombent comme un cheveu sur la soupe. Alors oui, le film se veut être l’adaptation d’un manga connu au Japon, mais il en oublie la cohérence au profit d’une action plus ou moins réussie. Une cohérence absente aussi des thèmes évoqués.

Le harcèlement par-dessus la jambe

Tokyo Girl Cop est un film qui essaye d’embrasser un problème majeur au Japon, le harcèlement dans le milieu scolaire. Pour montrer cela, il met en avant des élèves qui sont souvent moqués et provoqués, et qui, au bout d’un moment, accepte de porter une ceinture d’explosifs pour faire peur et montrer leur détresse. On pourrait croire que ce propos un peu jusqu’au boutiste porte ses fruits, mais il n’en est rien, puisque tout cela est mélangé à une mélasse dégoulinante et sans intérêt, avec un humour douteux, une mise en scène délétère et surtout, des séquences d’humour qui déstabilise tout le propos. Par exemple, lorsque Asamiya trouve deux jeunes avec des ceintures explosives, elle va les poursuivre dans une galerie marchande, mais elle s’assommera avec son yo-yo qu’elle ne maîtrise pas. Tout cela dans un humour douteux et enfantin.

Le film se loupe aussi sur ses personnages. Si l’héroïne n’est pas bien présentée, offrant un protagoniste qui a des failles et qui a des problèmes relationnels avec sa mère, ce sera encore pire avec les personnages secondaires et les méchants. Le flic qui surveille l’héroïne semble sortir d’un film des années 80 avec sa coupe mulet, et il boîte pour se donner un signe distinctif. Les élèves harcelés ne sont que des pièces remplaçables. Quant aux bad guys, on se retrouve avec un gang aux designs très « manga », mais qui ne collent pas avec l’aspect terre à terre du métrage. On a une réelle distance entre le côté réaliste de l’univers, et l’aspect déluré des personnages. De plus, les enjeux des méchants sont nuls. On nous raconte une histoire de site dangereux, d’attentat et d’élèves harcelés, pour simplement permettre un braquage. Au secours !

Sans le talent de papa

Enfin, au-delà du fait que le scénario du film soit mauvais et que les thèmes ne sont pas traités, Tokyo Girl Cop est aussi un film mal réalisé. Les plans sont moches, mal cadrés, et surtout, il y a une saturation des couleurs qui rend l’ensemble verdâtre. Cela se confirme avec des scènes d’action illisibles et des effets spéciaux à la ramasse, notamment quand il faut mettre en avant des explosions. Le montage, quant à lui, est infernal. Le film est coupé toutes les deux secondes, et aucun plan ne tient la route. On n’a rien à se mettre sous les yeux. De plus, le film a pris un sacré coup de vieux, alors qu’il n’a qu’une quinzaine d’années. C’est d’une tristesse absolue. Et cela contribue à rendre le film incompréhensible, jusqu’au ce final débile, où l’héroïne tabasse tout le monde sans avoir pris un seul cours de combat.

Au final, Tokyo Girl Cop est un très mauvais film qui se fait de plus en plus détestable quand on y repense. Kenta Fukasaku n’a pas le talent de son père et cela se voit à travers une réalisation aux fraises et un montage épileptique sans intérêt. Pire, les thèmes ne sont pas traités et l’aspect manga ne colle pas du tout avec l’environnement trop réaliste. Reste une scène de combat entre deux nanas plutôt sympathique, et le charme magnétique de l’actrice principale qui, visiblement, n’a plus refait de cinéma depuis. Elle a dû voir le résultat de cette première expérience et se mettre au jardinage depuis…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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