avril 20, 2024

Marcas – Eric Giacometti et Jacques Ravenne – Premier échec

Auteurs : Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Editeur : J.C. Lattès

Genre : Thriller

Résumé :

Paris, palais de l’Élysée. La cérémonie de passation de pouvoir est en train de se terminer quand on révèle au nouveau chef d’État l’existence du cinquième rituel. Un secret qui ne se transmet qu’entre présidents. Un mystère que nul n’a jamais percé.
Cinq ans plus tard. Alors que de nouvelles élections approchent, un meurtre au cœur d’une obédience maçonnique fait ressortir l’étrange rituel.
La légende devient réalité.
Des profondeurs hantées de Moscou jusqu’à un château maudit : ce que la nuit des temps n’a pu effacer s’apprête à ressurgir.
Et cette fois, Antoine Marcas va devoir affronter son destin.

Avis :

Depuis 2017, Giacometti et Ravenne avaient délaissé leur personnage phare, le commissaire Marcas. Entre-temps, le duo d’auteurs s’était lancé dans une saga historique sur fond d’espionnage au cœur de la Seconde Guerre mondiale avec le cycle du Soleil noir. En l’espace de 4 tomes, il en ressortait une incursion convaincante à bien des égards, ne serait-ce que pour mettre en avant le penchant des nazis pour l’ésotérisme. Si le dernier volet en date a paru en cours d’année, la référence francophone en matière de thrillers franc-maçonniques marque le retour d’Antoine Marcas et, par la même occasion, d’un cadre contemporain.

Sobrement intitulé Marcas, ce 13e opus renoue avec la symbolique propre à la franc-maçonnerie. Il s’agit d’un élément récurrent, pour ne pas dire indissociable de leur œuvre. Chaque mystère, chaque énigme avancée, trouve une résonnance particulière dans les valeurs, les rites ou la philosophie véhiculés par les francs-maçons. Le concept offre une véritable ouverture d’esprit et permet de reconsidérer certains faits ou évènements au gré des époques. D’où l’alternance des enquêtes du commissaire Marcas avec des incursions historiques ; de l’Égypte antique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

En cela, la formule ne change pas et l’on retrouve une structure familière pour appréhender cette nouvelle intrigue. Pour autant, on se heurte à une entame poussive qui, au fil des pages, dilue l’énigme principale dans le marasme ambiant. De prime abord, il n’y a rien de préjudiciable à s’insinuer dans un contexte réaliste, miné par des mouvements sociaux. L’atmosphère est particulièrement délétère et développe une tension graduelle au gré des chapitres. Néanmoins, on remarque des raccourcis faciles et des approximations qui s’éloignent sensiblement de la rigueur coutumière des deux auteurs. Il s’agit d’une surprise et non des plus agréables.

On distingue un amalgame entre les manifestations des gilets jaunes, la crise sanitaire liée au Covid-19 et les « anti-pass ». Pris individuellement, cela prête à peu de conséquences. Or, on mélange ces différents évènements pour mieux les confondre entre deux investigations. Certes, des rapprochements sont possibles, mais il est difficile de ne pas faire l’impasse sur des problèmes de temporalité évidents. De même, les incursions présidentielles ne flouent personne quant à la source d’inspiration réelle desdites séquences. Dès lors, on s’éloigne de la fiction et du thriller pour se cantonner à une évocation consensuelle de la politique du gouvernement, alternant entre la tempérance et la radicalité.

La progression s’empêtre alors dans un discours qui perd de sa substance, où les digressions pseudo-dénonciatrices se multiplient. Sur fond de valeurs gaullistes, on distingue une plume subjective, presque dogmatique. Chacun a ses opinions. Il n’est pas forcément nécessaire de les instiller avec une tonalité acerbe, sinon sentencieuse. Par la suite, la ligne directrice peine à se focaliser sur son sujet principal. Il faut se contenter de l’évocation répétitive du fameux mystère du 5e rituel et de quelques énigmes disséminées çà et là. Malgré la symbolique de la révélation, le résultat laisse perplexe, ne serait-ce qu’à travers les velléités mégalomaniaques du président. Une approche attendue, voire surfaite à certains égards.

Au final, Marcas s’avance comme un brûlot politique et non comme un thriller franc-maçonnique. Encore une fois, développer un contexte en résonnance avec notre époque ne constitue pas un mauvais choix. Comme d’autres aspects de l’intrigue, il convient néanmoins de bien l’équilibrer afin qu’il ne prenne pas le pas sur l’histoire, la caractérisation ou le rythme. En l’occurrence, les digressions politiques n’apportent strictement rien au récit. Malheureusement, celles-ci servent de prétexte à l’exposition d’opinions partiales, aux arguments tout aussi discutables. En l’espace de 17 ouvrages, une première déception qui, on l’espère, fait figure d’exception dans la bibliographie de Giacometti et Ravenne.

Note : 09/20

Par Dante

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