Auteur : Ezekiel Boone
Editeur : Actes Sud
Genre : Horreur
Résumé :
Toujours plus nombreuses, toujours plus grosses, toujours plus affamées, les araignées sont de retour.
Mais contre elles, que faire ? Les détruire toutes, au risque d’anéantir l’humanité elle-même dans une gigantesque explosion nucléaire ? Ou se laisser dévorer en attendant de trouver une solution scientifique et vraiment efficace ? Mourir ou mourir : il est des dilemmes plus rassurants.
Mais le monde est au bord de l’apocalypse et l’hésitation n’est plus de mise. L’heure de l’affrontement final a sonné. Face à ce monstrueux Jugement dernier en chair et en pattes, la civilisation trouvera-t-elle les ressources qui lui permettront de survivre ? S’enferrera-t-elle encore dans les conflits qui sans cesse la minent ? Saura-t-elle se transcender pour échapper à la double menace de destruction qui pèse sur elle ?
Avis :
Initiée avec Éclosion, roman sympathique au demeurant, la trilogie arachnéenne d’Ezekiel Boone s’est poursuivie avec un second opus en demi-teinte. Suite que l’on peut qualifier de transition, Infestation présentait quelques errances narratives. Ces dernières atténuaient l’effet de surprise de son prédécesseur par une progression un rien poussive, même si l’ambiance était au rendez-vous. Sans doute la faute à une multiplication des points de vue moins pertinente. Dernier volet de son projet littéraire, Destruction est censé marquer le point d’orgue de cette apocalypse rampante. Est-ce l’occasion de rehausser le niveau ou de s’inscrire dans une continuité déclinante ?
D’emblée, la chronologie est respectée et reste étroitement liée aux évènements des précédents romans. En l’occurrence, le monde est en ruine et agonise sous les flots d’arachnides hostiles. Si le phénomène est d’envergure internationale, on notera que la majeure partie de l’intrigue se focalise sur les États-Unis. Cela tient à une restriction des points de vue qui permet de dynamiser le récit. Élément qui faisait cruellement défaut à Infestation. On se concentre ainsi sur les principaux intervenants, du moins ceux qui ont survécu. Au passage, on les fait se rencontrer pour certains d’entre eux. La progression gagne donc en maîtrise et en fluidité.
Pour autant, l’orientation de l’histoire perd en réalisme. Ce ne sont pas les attaques d’araignées ou même la situation géopolitique qui sont concernées. Ces aspects sont bien intégrés au récit et mettent l’accent sur des antagonismes entre humains. Cela tient essentiellement à des divergences d’opinion, notamment sur les moyens d’éradication à adopter, et les explications tant attendues depuis le premier volume, globalement décevantes. Le comportement des arachnides demeure cohérent, mais la hiérarchie reste un peu confuse, comme si l’on voulait amalgamer l’ordre sociétal des formicidés avec un système de connexion « sans fil » semblable au web.
Dès lors, les justifications pour sélectionner les humains pour se nourrir ou se reproduire laissent perplexes. De même, on regrette une surenchère qui prône le spectaculaire à l’effroi. Contrairement aux autres livres, l’auteur trouve des idées plus ou moins farfelues pour maintenir l’intérêt de son concept initial. En l’occurrence, cela passe par la présence d’araignées géantes assimilées à des reines donneuses d’ordres. Si l’on pouvait rapprocher Eclosion d’Arachnophobie, Destruction lorgne désormais vers Arac Attack. Les péripéties prennent une orientation prévisible et se parent d’une tonalité légère. Quand elles ne sont pas basiques au possible, les réparties font preuve de circonspection.
En de telles circonstances, la notion de survie reste plus ou moins développée. Certains points de vue trouvent un bon équilibre pour insinuer un évènement inattendu et extraordinaire dans le quotidien. Néanmoins, la grande majorité des séquences privilégient des incursions théâtralisées. Autrement dit, les scènes d’exploration pâtissent d’un sentiment d’immersion altéré. La force de description ne s’attarde pas forcément sur les éléments les plus représentatifs des lieux. On notera également que le dénouement se fait dans la précipitation et la facilité. Tous les protagonistes n’ont pas droit à une conclusion soignée. Certains sortent du cadre en toute discrétion.
Au final, Destruction demeure un roman horrifique somme toute distrayant si l’on occulte ses maladresses. On apprécie le dynamisme revu à la hausse de l’intrigue et une atmosphère post-apocalyptique intéressante. Cependant, un minimum de variété dans les environnements n’aurait pas été superflu. Si les écueils passés sont gommés, ce dernier tome de la trilogie les substitue à des défauts tout aussi gênants. Cela tient surtout à l’orientation de l’histoire qui délaisse le sentiment d’effroi initial pour se cantonner à une horreur explicite, quitte à lorgner du côté de séries B, voire Z. On distingue une invraisemblance généralisée qui préfère jouer sur de grosses ficelles (autres que les toiles d’araignée) au lieu de soutenir l’originalité de son idée de départ. Un divertissement correct, sans grande conséquence ni fulgurance.
Note : 12/20
Par Dante