mars 28, 2024

Evil Inside

Résumé :

Le protagoniste principal, Mark, y tente de joindre sa mère – assassinée par son mari – via une planche spirituelle. Cette dernière explose. Alors que le jeune homme tente d’en réunir les morceaux, des évènements paranormaux commencent à se produire autour de lui. En explorant sa maison, Mark devra découvrir la vérité qui entoure la mort de sa mère.

Avis :

Comme le cinéma ou la littérature, le jeu vidéo a ses propres figures d’inspiration qui ne cessent de se réinventer, d’expérimenter de nouveaux concepts. Parmi celles-ci, on retrouve Hideo Kojima qui, au cours des années 2010, s’est vu confier un projet qui relève du pur fantasme (et le restera, vraisemblablement) en collaboration avec Guillermo Del Toro : Silent Hills. À l’instar du prologue Ground Zeroes pour Metal Gear Solid V, il a inauguré la production avec P.T.. Une démo interactive à l’atmosphère exceptionnelle qui poussait la notion de terreur à son paroxysme. Avec Evil Inside, les développeurs de JanduSoft proposent un hommage à cet objet conceptuel.

Un jeu ou une histoire interactive ?

Afin d’appréhender Evil Inside dans de bonnes conditions, il est essentiel de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un jeu à part entière, mais plutôt d’une histoire interactive. Celle-ci implique modérément le joueur dans une intrigue qui se cantonne à un drame familial. Un père assassine sa femme et leur enfant tente d’entrer en contact avec l’esprit de cette dernière. Si le parcours se révèle tortueux à bien des égards, la narration suit une trame linéaire, pour ne pas dire conventionnelle. Bien que l’ensemble demeure parfaitement compréhensible, voire simpliste, les explications font preuve de circonspection. Le récit s’appuie surtout sur le côté sordide du fait divers avant de s’insinuer dans des considérations paranormales.

Une atmosphère oppressante de qualité

Et c’est sur ce point qu’Evil Inside focalise son ambiance. Insinuer des phénomènes surnaturels dans un quotidien somme toute banal et, en l’occurrence, dans une demeure à l’austérité clairement affichée. Couloirs étroits, tapisseries défraîchies, éclairage blafard… Le décorum pose les fondamentaux d’un climat oppressant, empreint de désespoir. Au gré de l’intrigue, le joueur arpente les mêmes environnements, car il se retrouve « piéger » dans une boucle temporelle. Chaque passage donne alors lieu à une dégradation inéluctable du cadre, ainsi que de la santé mentale du protagoniste. En cela, l’idée est bonne pour s’enfoncer progressivement dans des affres de tourments psychologiques.

Quand le démon murmure à votre oreille…

De même, on apprécie particulièrement le sound design. Il est fortement recommandé de découvrir l’intrigue avec un casque audio. La gestion spatiale est maîtrisée, tandis que les effets sonores ou les mélodies entêtantes contribuent au mal-être latent. Cette technique se retrouve également dans les jump-scares pour faire sursauter le joueur au moment le plus inopportun. Cela fonctionne pour les premiers « assauts ». En contrepartie, les mécaniques utilisées sont similaires d’une séquence à la suivante, rendant ces incursions téléphonées et peu cohérentes. Quant à la gestion de la lumière et l’obscurité, elle aurait gagné à davantage de profondeur. Pour exemple, la scène éprouvante de la salle de bains noyée dans les ténèbres avec pour seul repère le souffle erratique d’un spectre.

Un gameplay qui rime avec passivité

En ce qui concerne le gameplay, il faut se contenter de déplacements sommaires, passablement rigides. Il n’est pas possible de courir ou de s’accroupir. Seule une marche « rapide » est réalisable. Les interactions avec l’environnement demeurent tout aussi minimalistes. L’utilisation de la lampe torche et l’usure des piles n’apportent strictement rien, tout comme les rares moments où l’on scrute un pan de mur ou que l’on ouvre un tiroir. On a beau glaner quelques objets, il n’y a aucune gestion de l’inventaire. À noter que l’unique énigme du titre ne présente rien d’insurmontable. D’ailleurs, Evil Inside ne propose aucun challenge puisqu’il n’y a aucun risque de mourir.

L’enfer d’une visite écourtée

Dès lors, la durée de vie du jeu n’excède pas l’heure. Le titre ne comporte aucune fonction de sauvegarde et nécessite une unique session pour parcourir toute l’histoire. En de telles circonstances, cela n’est guère handicapant. Malheureusement, la rejouabilité est inexistante. Comme évoqué précédemment, la difficulté est absente, tout comme la possibilité de découvrir des pans cachés de l’intrigue, un éclairage nouveau, voire une fin alternative. D’ailleurs, le dénouement est précipité et, là encore, aurait gagné à un développement plus poussé. Pour lancer une seconde partie, le seul intérêt réside dans l’appropriation de cette ambiance glauque.

En conclusion…

Au final, Evil Inside s’avance comme une incursion vidéoludique furtive dans le domaine du survival-horror. Derrière l’hommage clairement affiché à P.T., le titre de JanduSoft s’appréhende surtout comme une histoire interactive. Considérée comme telle, l’atmosphère constitue une véritable réussite, et ce, en dépit d’une technique dépassée. Le sound design est le principal atout du jeu. Néanmoins, la passivité du joueur altère le sentiment d’immersion, tout comme le gameplay minimaliste. Quant à l’intrigue, les bases demeurent attrayantes, mais guère exploitées. Il en ressort une expérience non dénuée d’intérêt qui se heurte toutefois à des défauts évidents. Oppressant, sinistre, mais perfectible.

Note : 12/20

Par Dante

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