mars 29, 2024

Assassin’s Creed Unity

Résumé :

Cet épisode vous place dans la peau d’Arno Dorian, un jeune Assassin officiant à Paris en pleine Révolution française.

Avis :

Quand on regarde le parcours de la saga Assassin’s Creed, on se dit que le succès n’est pas forcément le garant d’une qualité pérenne. Après trois premiers épisodes somptueux, le lent déclin s’est amorcé avec la conclusion d’Ezio Auditore. Malgré les moyens engrangés et le concept de base posé, le fait d’annualiser la franchise n’a certainement pas aidé les développeurs à fournir des jeux aussi aboutis qu’ils l’auraient souhaité. Et avec Assassin’s Creed Unity, on arrive à ce que l’on redoutait tant. À savoir, un titre non terminé, voire régressif sur de nombreux aspects. Cet opus démontre-t-il que la saga est à bout de souffle ?

Et pourtant, il y avait de quoi se réjouir de prime abord. Depuis le temps que la Révolution française était évoquée pour servir de contexte à un épisode, Ubi Soft offre un cadre particulièrement percutant. À l’instar de Brotherhood où l’on explorait uniquement Rome, Unity se propose de dépeindre Paris à la fin du XVIIIe siècle. Le faste de la royauté est encore vivace, surtout dans les environnements intérieurs. Quant aux rues, elles mettent en avant le contraste entre l’architecture grandiloquente des plus beaux monuments de la capitale et la colère grondante des habitants cantonnés à la misère et à une vie de basse besogne.

De ce côté, on reconnaît bien là le soin apporté à la reconstitution. Le fait d’y intégrer des figures historiques (élément récurrent de la saga) vient crédibiliser l’ensemble par un amalgame travaillé entre fiction et réalité. Il existe bien quelques points de détails sur les orientations politiques des partis concernés, mais au regard de ce qui nous attend par la suite, cet écueil qui a suscité une petite polémique est néanmoins purement anecdotique. On pourrait parler de l’arbre qui cache la forêt tant les défauts du jeu sont aussi aberrants qu’incompréhensibles, surtout entre les mains de telles équipes de développement.

Avant de pouvoir se lancer dans l’aventure, il faut patienter pour l’installation d’un patch de près de 7 Go ! Quand on vous dit qu’Assassin’s Creed Unity n’est pas fini… Même le téléchargement du patch (version 4 sur Xbox) pose des problèmes avec des signalements à 40 Go de données à installer. En réalité, il téléchargeait le jeu complet. Malgré la présence de ce correctif plus que conséquent, des bugs en tout genre continuent à égrener de nombreux recoins de Paris. Certes, tous les jeux en ont à divers degrés, mais au point de gâcher le plaisir, c’est un peu plus rare. Alors oui, le patch rend le titre d’Ubi Soft plus fluide et plus stable. On n’ose imaginer ce que cela donnerait sans. Mais pour le reste, il sera difficile d’être exhaustif.

On peut néanmoins commencer par les problèmes d’affichage. Le clipping est tardif et certains personnages disparaissent de l’écran sans crier gare. On se situe à côté d’eux et ils s’évanouissent dans le néant virtuel. Même constat lors d’exécution furtive où l’on observe de fréquents décalages entre les mouvements, la victime (parfois invisible) et le décor. Ça peut prêter à sourire, sauf que cela nuit à la maniabilité et à la bonne progression. Car les bugs de collision sont encore plus nombreux et contraignants. On se heurte à un obstacle qui n’existe pas. Il n’est pas rare qu’une séquence de varappe soit interrompue pour d’obscures raisons.

On a malheureusement droit à quelques perles, comme le fait qu’Arno tombe, mais finalement non. Ce qui fait qu’il est littéralement bloqué dans le vide en train de courir comme un idiot. Il peut même se retrouver coincé sur une arête de toit et jouer les surfeurs de l’improbable ; là encore, sur une portion invisible. Dernier exemple de cette débandade, on peut effectuer une exécution depuis un balcon, projeter le corps de l’ennemi tandis que sa tête reste collée au plafond. L’on nous promettait de la nouveauté ? Force est de constater que la soi-disant refonte du gameplay suit un chemin similaire.

On oublie la contre-attaque fatale qui offre aux combats un ton plus expéditif et spectaculaire. La volonté étant de façonner les affrontements pour qu’ils soient plus difficiles et technique. En soi, ce n’est pas un mal. En revanche, rendre la maniabilité plus laborieuse et peu intuitive pour y parvenir, ça l’est. On parvient à des échanges poussifs et peu enthousiasmants. À partir de deux ennemis, il est inutile d’espérer donner un coup de grâce, car les adversaires encore vivants peuvent vous atteindre. On est donc tenté de faire profil bas, mais, même sur ce point, l’intelligence artificielle ne suit pas.

Au choix, on affronte des surhommes qui vous repèrent avant que vous vous introduisiez dans une zone autorisée ou à des benêts qui vous permettent de passer devant eux sans même les affoler ! Dans le mauvais sens du terme, chaque essai est aléatoire. Le joueur a beau se montrer tactique, cela ne fonctionne pas forcément. Une détection ? On rebrousse chemin et on revient pour une nouvelle tentative. Une approche décidément peu crédible. Autre point tendancieux, on a droit à deux types d’adversaires. Certains étant parfois des alliés au cours de missions principales. Pour autant, leurs comparses demeurent toujours hostiles à l’issue desdites missions.

Ces dernières manquent cruellement de variété. On se cantonne à des assassinats, des filatures, ainsi qu’une ou deux fuites. Pour le reste, il faut se reporter sur les quêtes annexes, mais au vu des problèmes évoqués, l’exploration n’est pas aussi plaisante qu’auparavant. Quant à l’intrigue, on a droit à un ersatz des débuts d’Ezio Auditore. Le tout est transposé en France avec un personnage moins charismatique. L’évolution ne recèle aucune surprise et se paye le luxe d’occulter la réponse à la question principale de l’histoire. Pourquoi la Révolution française a-t-elle été choisie pour une simulation de l’Animus ? Les tenants suscitent notre intérêt pour mieux se faire oublier en cours de route.

Les intermèdes dans le présent sont au nombre de deux, jamais jouables et longs de deux ou trois minutes. Une véritable escroquerie cependant atténuée par une incursion dans le Paris du début XXe et l’escalade de la tour Eiffel en pleine Seconde Guerre mondiale. Aucune cohérence, mais bel et bien jouissif. Même sur le plan narratif, Assassin’s Creed Unity a été bâclé. Peut-être dans l’espoir de faire illusion auprès des joueurs peu portés sur l’histoire (principale et avec un grand H)… Malgré une présence tardive, Élise se démarque de tous les intervenants. On pourrait évoquer la durée de vie, globalement similaire à ses prédécesseurs. Seuls les plus persévérants se risqueront à tout explorer.

Au final, Assassin’s Creed Unity avait tous les éléments pour donner un véritable chef-d’œuvre. Mais pour atteindre ce statut, il aurait fallu une année de développement supplémentaire pour le finaliser dans de bonnes conditions. Ici, les bugs gangrènent le titre d’Ubi Soft et le plaisir de jeu. Alors que Black Flag était censé être un épisode de transition entre deux générations de consoles, Unity est loin d’exploiter le potentiel des machines actuelles. Ajoutons à cela une IA obsolète, des affrontements nettement moins immersifs et une intrigue incapable de se hisser à la hauteur du contexte. En l’occurrence, la Révolution n’est en rien un gage d’évolution pour la saga. Elle est un prétexte de régression pour ce qui s’impose comme le plus mauvais volet d’Assassin’s Creed à ce jour.

Note : 08/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xzCEdSKMkdU[/youtube]

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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