avril 25, 2024

Killer Game – Culture de Navets

Titre Original : There’s Someone Inside Your House

De : Patrick Brice

Avec Sydney Park, Sarah Dugdale, Kayla Heller, Théodore Pellerin

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Makani et ses amis du lycée Osborne High font tout pour identifier et arrêter un tueur masqué qui s’en prend aux élèves en dévoilant leurs secrets les plus intimes.

Avis :

S’il y a bien un genre qui est balisé et qui galère pour se renouveler, c’est bien le slasher. Si Scream avait redonné un coup de fouet au sous-genre, aujourd’hui, on ne se retrouve qu’avec des ersatz qui pensent jouer au plus malin en alignant quelques idées par-ci par-là. Si l’on peut retrouver de bonnes surprises comme Happy Birthdead, la plupart du temps, on tombe sur des concepts à la noix et des réalisateurs qui tentent de noyer le poisson avec des mises en scène tape-à-l’œil. Dernier en date, Killer Game, produit par Netflix et réalisé par Patrick Brice. Grand ami de Mark Duplass avec qui il a fait Creep et Creep 2 dans lesquels on suivait le quotidien d’un tueur en série en found-footage, Patrick Brice change de sous-genre mais reste dans l’horreur avec un Teen Movie à tendance Slasher qui veut se la jouer inclusif. Est-ce bien ?

Errances adolescentes

Le film débute de façon assez forte avec un jeune homme, footballeur, qui se retrouve seul chez lui et qui va découvrir des photos de lui en train de tabasser un de se amis. Il se fait alors zigouiller par quelqu’un et le générique de début s’enclenche. A partir de là, on nous présente une petite troupe d’ados tout ce qu’il y a de plus hétéroclite. On y retrouve une asiatique, une black, un blond, un trans, un latino, et le groupe décide d’accueillir un homosexuel dans son cercle. Le réalisateur va alors s’évertuer à présenter sommairement tout ce petit monde, se posant des questions sur le meurtre et sur qui est le potentiel coupable. De là en découlera une courte série de meurtres, avec le même mode opératoire, à savoir des secrets ignobles qui vont être dévoilés à tout le monde.

En se servant de ce pitch, Patrick Brice va tenter de raconter comment la jeunesse américaine s’emmerde et se passionne pour des faits divers locaux. Ainsi, on va suivre tout ce petit monde à travers des fêtes où l’alcool coule à flots, ou encore en train de fumer de l’herbe dans une bagnole, pour noyer le temps perdu. On pourrait croire que cela a un impact sur le récit et sur les meurtres, mais il n’en sera rien. Le cinéaste filme cela comme un soft porn, avec des ralentis à outrance et des images qui se veulent inspirées. Malheureusement, on n’aura rien à se mettre sous la dent, aussi bien en termes d’écriture de personnages, que d’intrigue elle-même. Difficile de se sentir concerné par une histoire qui traine en longueur et qui brasse du vide, avec un tueur qui n’a rien de charismatique.

Volte/Face

Si des secrets inavouables sont révélés, ils sont aussi des thématiques problématiques qui ne sont pas traitée. Toutes les victimes auront un vice. Le premier tué est un homophobe. Le second est un raciste. Le troisième est un drogué. Et le quatrième est un nazi. Oui, il n’y a que quatre meurtres dans le film, ce qui fait assez peu et nous laisse sur notre faim. Mais le pire dans tout ça, c’est surtout de comprendre ce que veut nous dire Patrick Brice. Et comment ne pas prendre cela comme une lutte ultime contre le mal ? En gros, pour combattre des idéaux nauséabonds, comme le racisme ou l’homophobie, il faut tuer les gens racistes et haineux. Cela pose tout de même un problème de conscience qui n’est jamais remis en cause dans le film.

Car si à la toute fin, le meurtrier est découvert et se fait tuer à son tour, on reste sur un cheminement mental débile et dangereux. La nuance et la tolérance prônées en début de film avec tous ses personnages différents (ethnique et sexuel) sont balayées d’un revers de main par un final maladroit, et même ragoûtant. Patrick Brice fait la pute en mettant en avant des séquences qui sont belles, visuellement parlant, avec un gros brasier, mais tout cela sert à servir un propos ignoble. A quoi ça sert de faire autant de ralentis ? A quoi ça sert de mettre de la musique électro lounge insupportable, si ce n’est pour draguer un auditoire de jeunes fêtards aux goûts musicaux douteux ? Tout est fait pour étouffer le propos dégueulasse du film à travers une mise en scène tape à l’œil et des moments qui se veulent jolis.

Quand inclure ne sert à rien

Mais en dehors de l’écriture même du scénario, ou encore de la technique du film, Killer Game peut se targuer de construire des personnages et des sous-intrigues qui ne servent absolument à rien. L’héroïne et ses origines coréennes n’amènent à rien. Et son amourette avec un supposé sociopathe qui sera le principal suspect n’apporte aucun suspens. Pire, cela ralentira le rythme du film et amènera à une fausse piste sans fin. Quant aux autres, on est juste dans la présentation pour faire bien. Le trans qui faire aller à la NASA ne sert à rien. La black qui fait des réflexions à tout le monde n’a aucun background et n’est là que pour la communauté afro-américaine. Tout comme le latino qui, à la rigueur, entretient un passif de camé et servira de chair à canon.

Le réalisateur a cru bon de rendre son film inclusif, mais il ne fait absolument rien de tout ce petit monde. Même les acteurs semblent perdus dans ce qu’ils doivent faire et jouent comme des patates. Le seul point positif du film reste dans les meurtres, qui sont très graphiques, assez gores et rendent bien à l’écran. Mais c’est trop peu de chose.

Au final, Killer Game est un très mauvais film d’horreur, et un très mauvais film tout court. Elevant son body count à quatre morts et ne parvenant jamais à s’extirper d’une morale douteuse, le film de Patrick Brice drague un public sans grande exigence en offrant une mise en scène classieuse, mais surtout putassière. Sans intérêt, voire même dangereux, Killer Game se veut inclusif et tolérant, tout en butant toutes les personnes ayant des vices. Un calvaire.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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