D’Après une Idée de : Sullivan Le Postec
Avec Mehdi Meskar, Eric Pucheu, Denis D’Arcangelo, Jean-Christophe Bouvet
Pays : France
Nombre d’Episodes : 10
Genre : Drame
Résumé :
Rien ne permet d’anticiper le point de rupture. Le jeune Hicham Alaoui, 22 ans, décide brusquement de s’enfuir de sa chambre d’ado attardé. Désertant sa famille qui ne soupçonne rien, il se rend à Lyon, à la rencontre du seul homosexuel qu’il connaisse : Thibaut Giaccherini. Ce dernier a 28 ans, c’est un activiste qui milite pour les droits LGBT. La quête d’identité intime, politique et sexuelle d’Hicham trouve en Thibaut un référent. Hicham admire ses combats. Il est fasciné par son univers bouillonnant et engagé. Il envie la force et l’affirmation de soi que Thibaut dégage. Mais, à mesure qu’il apprend à mieux le connaître, Hicham en devine de plus en plus les failles et les contradictions. Cette force est un masque. Pour trouver qui il est, Hicham va devoir tracer sa propre route…
Avis :
Après une première saison mise en scène à deux, Sullivan Le Postec, qui est toujours à l’écriture de la série, engage cette fois Sliman-Baptiste Berhoun pour les dix nouveaux épisodes des « … engagés« . Réalisateur, acteur, écrivain, scénariste, showrunner, présentateur d’émission, technicien de cinéma, Sliman-Baptiste Berhoun est un touche-à-tout et un bourreau de travail. Parmi les projets les plus connus sur lesquels a travaillé Sliman-Baptiste Berhoun, il y a la web-série « Les visiteurs du futur » ou « Le cycle des Balls« , une série déclinée sur trois saisons, qui a la particularité d’avoir un nouveau personnage principal à chaque saison.
Avec le succès qu’a rencontrée la première saison des « … engagés« , Sullivan Le Postec eut de quoi développer une deuxième saison et le showrunner s’aventure sur des sentiers très intéressants, et même si, comme pour la saison précédente, la série tient toujours ses mêmes défauts, son côté lisse, et cette façon de survoler au-dessus de certains sujets. Cette saison deux réussit à les atténuer, pour livrer dix épisodes riches, engagés, politiques, divertissants et touchants. Bref, la petite déception est toujours là, mais l’ensemble s’améliore et le tout nous entraîne vers un très beau final, qui annonce de bonnes choses pour la suite.
Thibault a été élu président de l’association le Point G, mais cette élection ne fut pas faite dans les règles et Hicham l’a découvert, et ça a clairement brisé quelque chose chez le jeune homme. Depuis, Hicham, même s’il fait partie du conseil d’administration, n’a plus remis les pieds à l’asso. Chacun vaque à ses occupations de son côté et si Thibault s’engage sur de nouveaux combats, Hicham, un soir, croise le regard d’Elijah, et il est loin d’imaginer que ça va bousculer sa vie.
Les dix premiers épisodes des « … engagés » étaient un petit melting-pot de qualités et de défauts, et si sur d’autres séries, les défauts auraient pu prendre le pas sur le reste, ici, avec son format de dix minutes et la sincérité qui émanait du projet, la première saison s’est laissée très gentiment regarder, appelant même à une certaine curiosité sur les suivantes.
Avec un mec comme Sliman-Baptiste Berhoun aux commandes de la saison, « Les engagés » gagnait d’emblée en intérêt et l’on ressort donc de cette deuxième saison avec dans un sens les mêmes sentiments que sur la précédente, et d’un autre côté, une augmentation en qualité et en intérêt.
Avec ces dix nouveaux épisodes, « Les engagés » développe bien plus ses personnages et elle apporte ce qui manquait à la première saison, de l’émotion. Si, comme pour la première, on pourra lui reprocher ce côté très lisse, comme si elle voulait plaire à tout le monde, on sera aussi surpris dans un autre sens par certains des sujets qu’elle aborde. Des sujets aussi essentiels que rares, dont le principal ici, est la transphobie au sein même de la communauté LGBT. Le sujet est fort et la série l’explore très bien, offrant plusieurs points de vue sur ces personnes. Peur, haine, acceptation de soi et des autres, amour, recherche de soi, sexualité, traitement, on peut même dire qu’au-delà de la transphobie, le sujet principal de cette saison, à travers le personnage d’Elijah, est l’identité trans qui est foulée à tout point de vue.
Derrière ça, la série explore avec plus ou moins d’adresse et de qualités d’autres sujets politiques ou de société, comme les réfugiés politiques, l’homophobie, la sexualité et sa découverte, le deuil, ou encore cette façon de s’accepter et de s’assumer loin du regard de ceux qu’on connaît depuis toujours. Bref, la série ne va pas assez loin sur certains sujets. Dans un sens, elle se veut réaliste, mais reste très lisse sur certains de ses pans, mais sur son ensemble, et au vu de la sincérité et de l’amour de l’ensemble, on peut dire qu’on se laisse très gentiment embarquer dans cette deuxième saison qui nous emmènera alors jusqu’à ce très beau final, qui annonce déjà pas mal de choses pour une troisième saison.
Du côté de son casting, rien ne change vraiment, avec encore une fois les mêmes qualités et les mêmes défauts. On retrouve donc les personnages et les comédiens qui les incarnent et ce que l’on appréciera grandement avec cette saison, c’est que par petites touches, elle développe bien ses personnages, comme ceux tenus par Eric Pucheu et Denis D’Arcengelo. Mehdi Meskar, coté acting, fait quelques progrès, mais ce n’est toujours pas ça. Heureusement, pour cette saison, le comédien a la chance d’avoir une belle histoire qui se développe, ce qui rend son personnage assez attachant et vraiment touchant. Pour cette saison, on accueille à bras ouverts et le cœur plein d’amour Adriàn De La Vega, qui incarne Elijah, personnage qui entre guillemets pourrait porter la quasi-totalité de la saison sur ses petites épaules. Puis comme pour la saison précédente, la mention amour est toujours là avec les personnages tenus par les talentueux Claudius Pan et Nanou Harry.
« Les engagés » saison deux est donc meilleure que la précédente. Si elle garde certains des défauts qui ont véhiculé les déceptions qu’on peut avoir, elle gagne en qualité et en intérêt. Plus touchante que la précédente, on retiendra surtout son sujet principal, la transphobie dans la communauté LGBT et de manière plus générale, l’identité trans qui est très bien explorée. On espère que la saison trois, qui ne devrait pas tarder à arriver, continue sur cette lancée et bonifie encore un peu plus le tout.
Note : 11,5/20
Par Cinéted