juillet 27, 2024

Fear Street 1666 – Burn the witch

De : Leigh Janiak

Avec Kiana Madeira, Benjamin Flores Jr., Ashley Zukerman, Gillian Jacobs

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Renvoyée en l’an 1666, Deena apprend la vérité sur Sarah Fier. De retour en 1994, les amis luttent pour leur vie et le futur de Shadyside.

Avis :

Netflix est souvent pointée du doigt comme une plateforme qui ne fournit que du contenu. Si c’est parfois vrai avec une floppée de films discutables, il faut aussi reconnaître que l’on peut trouver quelques pépites, des films oubliés, de grands réalisateurs, ou encore des projets plus ou moins couillus. Dernier en date, Fear Street. S’appuyant sur des romans assez peu connus de R.L. Stine (du moins, moins connus que les Chair de Poule), l’histoire se décompose ici en trois films distincts, se déroulant à trois époques différentes. Remontant le temps pour trouver le pot aux roses et afficher ses enjeux, la trilogie Fear Street avait de quoi attiser la curiosité. Et même si les deux premiers opus n’étaient pas extraordinaires, ils avaient su flatter les amateurs de slasher et d’hémoglobine avec quelques fulgurances gores. Mais après Scream et Vendredi 13, les sorcières passent à table, pas forcément pour le meilleur.

Savez-vous planter les choux ?

Deena, qui se trouve en 1994, va se découvrir dans la peau d’une femme vivant dans une petite communauté en 1666. Elle va alors vivre la vie de Sarah Fier, qui fut accusée de sorcellerie et pendue à un arbre. En remontant dans le temps, de façon psychique, Deena va comprendre la malédiction qui pèse sur Shadyside et en revenant dans son époque, elle va mettre au point un plan machiavélique pour piéger la personne à l’origine de tous les malheurs de la ville. C’est donc le pitch de base de ce dernier film de la trilogie, qui promet des réponses et une conclusion digne de ce nom. Le problème, on va vite s’en rendre compte, c’est que le film est découpé en deux parties distinctes, qui font sensiblement la même durée, et que le titre de 1666 est un peu trompeur.

En effet, seule la première heure concerne cette époque, où l’on voir une petite communauté en proie aux doutes et au diable. Le démarrage est un peu fastidieux, avec la présentation, sommaire, de ce petit village où tout le monde se connait. Seul un homme vit reclus dans la forêt, dans l’espoir de faire pousser des légumes. Malheureusement, la petite communauté va être en proie à des horreurs, jusqu’à un pasteur qui va zigouiller douze enfants. De là va naître la légende de la sorcière, qui désigne Sarah Fier, car elle est lesbienne et elle a humilié un type lors d’une fête. Si c’est assez pénible au départ, le film se déroule de façon assez sereine, nous amenant d’un point A à un point B sans trop de parallèles. Leigh Janiak propose une vision assez binaire et sans relief pour évoquer une résolution qui ne tient pas vraiment la route.

 Une histoire de sang

Fear Street 1666, dans sa première heure, aurait pu être plus important dans la résolution du mystère. On va découvrir des enjeux pas importants et surtout, un jeu de mots qui frôle le foutage de gueule. On sent que le scénariste se repose sur une idée qu’il croit maline, mais qui n’est autre qu’un enfantillage de bas étage. De ce fait, par la suite, lors de la deuxième phase, lorsque l’on revient en 1994, on se fout pas mal de ce qui va se passer et le tout est amené sans grande inspiration. La conclusion flirte constamment avec le mauvais goût et la réalisatrice ne va pas savoir comment se défaire d’un dernier acte qui avait tous les ingrédients pour finir en bain de sang, mais qui va se terminer en eau de boudin. Et cela à cause d’une écriture paresseuse et d’une mise en scène pas du tout inspirée.

En quittant le côté médiéval pour revenir dans les années 90, on renoue avec le Mall et avec les néons dans tous les sens. En soi, ce n’est pas un problème. Cependant, quand c’est à outrance et que ça n’apporte aucune plus-value à la mise en scène, il y a un problème. On sent que c’est fait pour titiller la rétine du jeune. Mais surtout, il y a un gros problème sur la finalité du film, sur la stratégie bancale mise en place par les protagonistes, qui ne font que des allers-retours dans un magasins pour fermer des grilles. Pire, la toute fin, avec l’affrontement tant attendu (non), la cinéaste ne va pas savoir que filmer, à un tel point que l’on ne va pas comprendre ce qui se passe. La caméra bouge dans tous les sens, il fait noir et le tout est très mal mis en scène.

Goode is Evil

On pourrait donc croire, avec tous ces défauts, que Fear Street 1666 est un mauvais film, et ce n’est pas foncièrement vrai. En effet, malgré un début qui piétine, le film ne se délite pas et gagne même en intérêt au fur et à mesure. Cela est dû en grande partie à un rythme soutenu et à un dernier acte qui ne manque pas de passages plus ou moins intéressants. Si le film fait intervenir un personnage sans aucun intérêt mais qui se sent l’âme d’un héros, on aura droit à beaucoup d’action et des passages assez tendus. Les apparitions des différents tueurs est plaisante et les flashbacks sur les différentes morts sont agréables. On nage en plein slasher méta qui cite pleinement ses références, mais c’est amusant, à l’image d’un train fantôme de fête foraine, où l’on sait que tout est faux, mais dans lequel on prend du plaisir.

Au final, Fear Street 1666 ne tient pas ses promesses sur son écriture. Leigh Janiak sombre dans le joke à deux balles et les enjeux sont vraiment faiblards, pour ne pas dire inutiles. On a la sensation d’être pris pour des cons, et c’est assez désagréable. Cependant, on aura droit à un rythme soutenu, à quelques passages sympathiques et à une bande-originale agréable, qui fait intervenir The Offspring. Si Netflix cautionne pleinement son statut de plateforme de contenus, Fear Street reste, dans son ensemble, un divertissement au moins honnête, et en cette période de vache maigre, on ne va pas faire la fine bouche.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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