Titre Original : The Misfits
De : John Huston
Avec Clark Gable, Marilyn Monroe, Montgomery Clift, Thelma Ritter
Année : 1960
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Résumé :
Années 50, Reno, Nevada, capitale de l’industrie matrimoniale et des machines à sous.
Une jeune divorcée se lie d’amitié avec un groupe de « misfits » (« désaxés ») composé d’un cow-boy vieillissant, d’un mécanicien au cœur brisé et d’un cavalier de rodéo usé par le temps.
Le petit groupe part chasser le mustang sauvage…
Avis :
Commençant sa carrière de réalisateur au début des années 40, John Huston va très vite s’imposer comme l’un des réalisateurs les plus importants d’Hollywood, enchaînant les films et les succès. « Le trésor de la Sierra Madre« , « Key Largo« , « Quand la ville dort« , « Dieu seul le sait« , « Le barbare et la Geisha« , autant de films, et plus encore, qui ont marqué la carrière de John Huston. Une carrière qui est plus incroyablement marquée encore après ce « Misfits, les désaxés« , film légendaire, dont il est dit qu’il a entraîné la chute de ses acteurs principaux. Clark Gable mourut douze jours après la fin du tournage. Marilyn mourut moins d’un an après, quant à Montgomery Clift, il disparut moins de quatre ans après d’un infarctus à l’âge de quarante-cinq ans.
Porté donc par sa réputation de chef-d’œuvre et ses légendes qui l’entourent, je me suis enfin lancé dans « Misfits, les désaxés » de John Huston, et si je dois avouer que je n’ai pas trouvé le chef-d’œuvre tant attendu, cela ne m’a pas empêché de me retrouver face à un grand film, aussi bien dans ce qu’il m’a raconté, que de par sa façon de me le raconter. Magnifique dans sa forme et son fond, porté par des acteurs légendaires et nous offrant un final bluffant, pour ne pas dire même terrifiant, « Misfits, les désaxés » mérite bel et bien tous les éloges qu’on lui fait depuis maintenant soixante ans.
Les années 50, Reno dans le Nevada, Roselyn vient tout juste de divorcer. Un soir, elle rencontre Gay Langland, un cow-boy vieillissant avec qui elle se lie d’amitié, et même un peu plus. Avec cette rencontre, Roselyn se lie d’amitié avec Perce Howland, un homme de son âge qui fait du rodéo et Guido Delinni, un mécanicien au cœur brisé. Les trois hommes vont plus ou moins tomber sous le charme de Roselyn. Chacun d’eux aspire à autre chose et pour mettre un peu de beurre dans les épinards, les trois hommes se lancent dans une chasse aux chevaux sauvages. Or, cette chasse ne va pas se passer comme prévu…
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en me lançant dans ce « Misfits, les désaxés« , car si j’en ai toujours entendu parler comme d’un chef-d’œuvre absolu, en revanche, je n’avais strictement aucune idée de quoi John Huston allait bien pouvoir me parler, et la première chose qui me vient en tête à la sortie de cette séance de cinéma, c’est la sensibilité, voire la vulnérabilité, qui se dégage de chacun de ces personnages.
Avec ce film, plus que son intrigue elle-même, ce qui m’a vraiment pris et touché, ce sont ces personnages, tous plus paumés, tristes et « décalés » les uns que les autres. À travers cette histoire de rencontres, d’amusement, de beuveries parfois, et de chasse aux mustangs, le scénario écrit par Arthur Miller, alors mari de Marilyn Monroe, peint avant tout de magnifiques personnages qu’on a envie de suivre encore et toujours. Des personnages qui sont tous incroyablement tenus par leurs comédiens. Tous exceptionnels, on notera une Marilyn incroyable de bout en bout, loin de ses rôles habituels, et un Montgomery Clift qui brille à chaque instant, offrant un personnage complexe, perdu, et tout bonnement très touchant.
Dans son scénario, « Misfits, les désaxés » est un film qui se fait très intéressant et touchant pour la description de ces personnages qui ne fonctionnent pas dans leur époque. Chacun d’eux est comme abandonné sur le bas-côté. Chacun d’eux avait des rêves qu’ils n’ont pu atteindre et à travers les scènes de discussions, où les regrets et les blessures y sont évoqués, John Huston m’a totalement surpris, m’entraînant dans un film plus fragile et sensible que ce à quoi je m’attendais et c’est sur ce relief-là que ce « Misfits … » m’a énormément plu.
Car oui, comme je le disais aussi, je ne me suis pas retrouvé dans le chef-d’œuvre attendu. Si j’y ai passé un fabuleux moment de cinéma en compagnie de personnages superbes, du point de vue de son intrigue, cette dernière s’est révélée parfois un peu longuette, et d’autres fois, un peu décousue, dans le sens où John Huston fait quelques détours pour illustrer ses personnages, et l’ensemble m’a moins « emballé » et tenu que prévu. Heureusement, c’est bien peu face à ces personnages qui, je le redis, sont étonnants de fragilité.
« Misfits, les désaxés« , c’est aussi un film qui m’a étonné dans sa forme, avec notamment le fait de trouver un film en noir et blanc à une époque où la couleur est reine. Un noir et blanc magnifique, qui donne un relief incroyable à ces personnages, car je trouve que cette idée les fixe dans le temps. Ainsi, ils sont dépassés par leur époque, et le fait de trouver du noir et blanc leur correspond très bien. Il y a quelque chose de l’ordre de la métaphore dans ce choix, qui peint clairement ces personnages.
Après, du côté de la réalisation de John Huston, si parfois j’y ai trouvé un rythme plus ou moins bon, le film m’a surtout offert d’excellents moments, comme les scènes de complicité entre le quatuor, les scènes de rodéos, les scènes entre Clark Gable et Marilyn « à la campagne », ou encore quelques scènes aériennes. Puis, au bout de ce très joli film, il y a ce final impressionnant, voire même terrifiant comme je le disais plus haut, avec cette chasse aux mustangs qui est un immense moment de mise en scène, d’acting, et tout simplement de cinéma. John Huston conclut son film de manière magistrale et plus d’une image resteront en tête.
Ainsi, si je n’ai pas trouvé le chef-d’œuvre absolu dont on me parlait, je ne regrette en aucun cas de m’être arrêté sur ce Huston, car « Misfits, les désaxés » est un grand film qui n’a fait que me surprendre et au-delà de ça, il m’a surtout offert de magnifiques personnages qui, de par leur fragilité, leur désemparement, et leurs blessures, m’ont beaucoup touché.
Note : 16/20
Par Cinéted