mai 8, 2024

Suède Enfer et Paradis

Titre Original : Svezia, Inferno e Paradisio

De : Luigi Scattini

Année : 1968

Pays : Italie

Genre : Documentaire

Résumé :

Hallucinant pseudo-documentaire qui veut faire le tour des comportements sociaux et sexuels en Suède. Commentaire français par Jean Topart.

Avis :

Réalisateur italien, Luigi Scattini est diplômé en droit. À la sortie de ses études, le réalisateur s’oriente d’abord vers le journalisme et devient un temps critique de cinéma. Luigi Scattini débute sa carrière de cinéaste en 1963 avec un documentaire, « Furia du désir« . Il fera par la suite treize films, qui oscilleront entre le docu et la fiction. La plupart de ses films seront orientés vers le genre appelé le mondo, un genre de cinéma qui a connu ses heures de gloire entre les années 60 et 80. Le mondo, c’est un cinéma qui a pour approche d’être un pseudo-documentaire particulièrement cru, le but étant de faire dans le racolage et d’exacerber ses thèmes, ses images et ses personnages, afin de choquer.

Incroyable, malaisant au possible, raciste, machiste, misogyne, ne cessant de raconter des conneries pendant une belle heure et quart, « Suède, enfer et paradis » est un film fou à plus d’un sens. Et surtout, au-delà de ça, il se pose comme une séance de cinéma que je ne suis pas près d’oublier.

La Suède, pays magnifique, du moins lorsqu’on le regarde de loin, car une fois qu’on s’intéresse à sa société et ses habitants, la Suède est aussi bien un enfer qu’un paradis. Si les paysages y sont superbes, son peuple, et surtout sa jeunesse, ne sont que des alcooliques pervers, à la sexualité débridée dont l’avenir rime avec le néant… Voilà !

« Suède, enfer et paradis » est une expérience de très mauvais goût. Avec ce film, Luigi Scattini a décidé d’aller observer la société suédoise au microscope et une fois de retour, il nous en offre son rapport. Un rapport détaillé absolument hallucinant de connerie. Franchement, il n’y a pas d’autres mots que cela, le type nous raconte des conneries pendant une heure et quart et l’on restera catastrophé par le niveau particulièrement haut de ce métrage.

Accompagné par une voix off omniprésente de Jean Topart, « Suède, enfer et paradis » est donc aussi dramatique qu’il finit, à force de grossir et d’orienter ses idées, par en être tristement hilarant. D’ailleurs, impossible de ne pas rire devant cet ersatz de documentaire qui se veut réaliste, alors que tout ou presque est mis en scène de manière grossière.

Se voulant véridique, armé de sa caméra, Luigi Scattini filme au plus près les suédois dans leur quotidien, et quel quotidien me direz-vous ? Ici, ce peuple qui n’a aucune racine, ce peuple sans avenir, n’est qu’un ramassis de dégénérés. Ici, la jeunesse perd sa virginité dans des bateaux histoire de faire passer le temps. Ici, les hommes sont des alcooliques, capables de se faire des tartines de cirage afin de trouver l’alcool qu’on leur interdit. Ici, les motards sont tous des violeurs, d’ailleurs Luigi Scattini le prouve en filmant par chance une agression, car c’est bien connu, victimes et agresseurs sont si fiers de leur acte qu’ils laissent Luigi Scattini et sa caméra imprimer à vie sur pellicule cet acte héroïque.

Ici, frères et sœurs sont ensemble, et si jamais ils ont des enfants, c’est avec plaisir et un soupçon de regret aussi, qu’ils font adopter leur progéniture. Ici, les adolescentes de Suède se baignent nues et évidemment qu’elles fréquentent toutes des boites lesbiennes. Vous comprendrez que comme elles se sont toutes faites violer par les bikeurs, elles se sentent plus en sécurité comme cela. C’est évident. Ici, les personnes âgées, celles au-dessus de soixante-cinq ans, n’ont d’autres buts dans la vie que d’attendre la mort. Bref, des exemples tous plus débiles les uns que les autres, je pourrais continuer pendant longtemps comme ça, tant ils sont les maîtres-mots de la tambouille nauséabonde que nous sert ce brave et courageux Luigi Scattini.

Après, comme je le disais plus haut, heureusement, si l’on peut dire ça comme ça, avec nos yeux d’aujourd’hui, ce portrait est tellement orienté, et surtout tellement démesuré, qu’on est bien incapable de le perdre au sérieux. Chaque commentaire, chaque idée, et chaque affirmation sont si extrêmes et balancés avec une telle décomplexion qu’il en déclenche des fou-rires. Je crois que de manière personnelle, je ne me remettrais jamais vraiment de ce petit garçon à la tête triste, filmé dans une école, qui se veut être une sorte de maison de redressement. Ce petit garçon qui a la malchance de ne pas avoir une tête d’ange, ce qui permet au réalisateur de nous expliquer sans l’ombre d’un fondement qu’à dix ou onze ans pas plus, il a tué sa mère, à grands coups de pied… Comment ne pas prendre aujourd’hui ce film au dixième degré ?

Un film aussi fou que terrible, ramassis de conneries qui ne s’arrête jamais, assurément « Suède, enfer et paradis » est une séance de cinéma hors norme. Une séance de cinéma unique en son genre, qui pourrait à elle seule redéfinir notre idée du documentaire.

La blague est de très mauvais goût, et plus largement, ce film n’a aucun sens depuis sa scène d’ouverture jusqu’à ce plan final, avec cet adieu aussi déchirant qu’hilarant que nous offre Luigi Scattini. Je ne suis pas près d’oublier cette séance si particulière qui aura fait rigoler une salle entière. Luigi Scattini est un malade mental, mais dans son « délire », il aura réussi avec aucune mise en scène, avec une voix off à côté de la plaque et des conneries balancées à longueur de film, à me faire mourir de rire et rien que pour cela, je l’en remercie.

Note : 06/20

Par Cinéted

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