décembre 11, 2024

Serenity in Murder – The Eclipse

Avis :

S’il y a bien un domaine musical qui est maîtrisé par les japonais, c’est le métal. Quel que soit le genre, de nombreux groupes ont su montrer leur maestria technique, mais aussi leur folie sur les compositions. Si on excepte Babymetal qui est un projet à part et qui porte un peu trop ses jeunes chanteuses sur le devant de la scène, il existe de nombreux groupes japonais qui ont imposé leur style. On pense à Dir en Grey, The Gazette ou Maximum the Hormone. Inconnu au bataillon et pourtant formé en 2009, Serenity in Murder compte bien poser sa pierre à cet édifice. Après un premier album difficile (The First Frisson on the World), le groupe part vers un mélange incongru de Deathcore, de Mélo et de Prog. Il en résultera un deuxième album mieux accueilli (The Highest of Dystopia) et ce troisième effort, The Eclipse, sorti en 2017.

Plutôt chaudement reçu, bardé de recommandations si on s’attarde quelque peu sur internet, The Eclipse a tout pour plaire. Malheureusement, on va assez vite déchanter. S’ouvrant sur une introduction commune (Earthrise), le groupe lâche vraiment les vannes avec A Torch for Avengers (rien à voir avec les super-héros). Le morceau est puissant, les riffs sont canons et la voix gutturale du chanteur est en harmonie avec le reste. On aura même droit à un joli solo qui démontrera les qualités techniques des musiciens. Néanmoins, on trouvera aussi une orchestration grandiloquente, propre au Power, qui ne colle pas du tout à l’ensemble. Cela casse le rythme et ne va pas forcément avec l’ambiance virulente de l’ensemble. Isle of the Dead viendra rectifier tout ça en se faisant plus bourrin, même si on retrouvera un léger clavier en introduction.

Le titre ne fait pas dans la dentelle et part à cent mille à l’heure. Si on retrouvera une baisse de régime dans le refrain, chose inhérente au Metalcore, il n’empêchera que le morceau fonctionne bien. Mais cela ne durera pas. The Revelation, malgré ses fulgurances Death et son blast à la batterie, ne parviendra pas à nous charmer. La faute à une voix puissante et rapide qui semble en décalage avec la rythmique du titre. De plus, rien ne viendra sortir le morceau de l’ensemble, il manque d’identité. Dancing Flames ira plus loin dans le délire avec un piano en son début, qui ne sera pas du goût de tout le monde. Là encore, il y a des dissonances entre la violence des grattes, et ce fond sonore tout doux, qui ne colle pas. On entend ce que le groupe veut faire, mais ça ne marche pas.

Il n’y a pas le juste équilibre. Le groupe n’arrive pas à coupler son envie de générosité orchestrale à ses désirs de violence. D’ailleurs, après un interlude passablement inutile, on se retrouve The Sea is… qui, là aussi, pêche par son manque d’équilibre. Si les variations au sein du morceau sont nombreuses, il manque tout de même de la cohérence dans l’ensemble et les orchestrations arrivent comme un cheveu sur la soupe. Hybrid Evolution viendra un peu mettre du sel sur cet album malade. Le titre est puissant, rapide et percutant, permettant au groupe de démontrer que s’il reste sur du Metalcore pur jus, ils sont bons. Et même si ça manque parfois d’originalité, c’est bien fichu et ça donne une envie de sauter dans tous les sens. On aura même droit à un beau solo de gratte, qui permettra d’ouvrir un joli pont et un redémarrage dans les règles.

Pour la fin de l’album, le groupe ne se foule pas trop. Il reste dans sa zone de confort, avec toujours des moments de grâce perclus de mauvaises intentions. Phalaris est intéressant dans sa démarche baroque, mais il n’a pas l’ampleur d’un vrai morceau de Death mélo. On retrouve de bons ingrédients, mais la sauce ne prend qu’à moitié. Quant à Dreamfall, son introduction manque de punch et ressemble à un générique d’animé. Si le chanteur s’en donne à cœur joie pour pousser des cordes vocales, cela restera un peu faiblard. Enfin, Land of the Rising Sun utilisera, enfin, des notes aux sonorités nippones. C’est peu de chose, mais l’utilisation de son folklore apporte toujours un plus aux morceaux. Et là, le début est très intéressant. Le morceau l’est moins, mais il reste ce que le groupe a présenté de meilleur jusqu’à présent. L’album se clôture alors avec The Eclipse, un final instrumental inoffensif.

Au final, The Eclipse, le troisième album de Serenity in Murder, est une petite déception. Non pas que l’on en attendait beaucoup, mais en règle générale, les groupes venant du pays du soleil levant sont de bonnes surprises, et là, ce n’est pas le cas. Le manque d’équilibre entre la grandiloquence des orchestrations et la violence des riffs et du chant font défaut à cet album qui n’arrive pas à se démarquer autrement que par ce mélange incongru et raté. Dommage, on sent que le groupe en a sous la pédale…

  • Earthrise
  • A Torch for Avengers
  • Isle of the Dead
  • The Revelation
  • Dancing Flames
  • Genesis
  • The Sea is…
  • Hybrid Evolution
  • Phalaris
  • Dreamfall
  • Land of the Rising Sun
  • The Eclipse

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.