avril 27, 2024
BD

Lucky Boy – Coquin de Sort

Auteur : Bill Presing

Editeur : Ankama

Genre : Science-Fiction, Comédie

Résumé :

Sur une Terre frappée par l’apocalypse la plus sexy jamais imaginée, l’indésirable Rudgard se voit être le seul survivant masculin aux côtés de sept femmes scientifiques déterminées à repeupler le globe. Et si son rêve devenait réalité ? S’il est l’unique homme, ses belles finiront bien par craquer ? Mais l’arrivée d’un jeune homme préhistorique va perturber l’équation de notre héros…

Avis :

Auteur américain, Bill Presing se passionne dès son plus jeune âge pour la bande dessinée. Il rentre alors dans une école de graphisme et à sa sortie, il se fait embaucher par les sections web de Cartoon Network et Warner Bros. D’ailleurs, pour cette dernière, il développe The Gotham Girls. Aujourd’hui, Bill Presing a gagné du galon et bosse pour Pixar en tant que storyboarder. Il a travaillé notamment sur ceux de Là-Haut et Ratatouille, ce qui n’est pas trop mal. A ses heures perdues, l’auteur travaille sur des bandes dessinées, son premier amour. Il se penche alors sur Rex Steele : Nazi Smasher que l’on peut trouver chez Akileos et sur Lucky Boy, récemment sorti chez Ankama. Et si on retrouve une patte graphique toute en rondeur propre à un design enfantin, le dessinateur se laisse aller dans un récit coquin et très drôle.

Lucky Boy – Coquin de Sort se déroule dans un monde post-apocalyptique. On va y suivre sept jeunes femmes à la plastique superbe, mais qui sont aussi belles qu’intelligentes. Elles ont toutes des compétences précises, que ce soit en physique, chimie, mécanique ou encore botanique et biologie. Ces femmes ne sont pas les seules survivantes de ce monde ravagé. Elles sont accompagnées par un vieil homme pervers qui ne rêve que d’une chose, repeupler le monde en forniquant avec ces déesses. Malgré une perversité à toute épreuve et une grande intelligence, ce vieux se fait toujours refouler. Il devient alors agressif lorsqu’un jeune homme préhistorique est retrouvé en mer et qu’il se donne comme objectif de protéger les sept femmes. Ainsi donc, confrontation, chantage, allusions sexuelles et autres gags visuels seront de la partie. Mais est-ce une réussite pour autant ? Oui.

Lucky Boy n’est pas tant une BD qui possède une histoire pertinente. On est déjà sur la fin du monde, de jolies nanas tentent de résoudre certains mystères et un vieux pervers vient les enquiquiner. Rien de bien virevoltant, si ce n’est l’assurance de rigoler un bon coup. Et dès le départ, on est vite mis dans le bain, avec un vieux papy qui s’infiltre partout pour prendre des photos coquines. Si la présentation des jeunes femmes est rapide, histoire de juste montrer leurs différentes compétences, on nous plonge aux côtés de ce vieux qui ne veut que baiser et voir des nichons. Sans background, il reste un personnage à la fois drôle et pathétique. Il s’en prend plein la gueule, ne recule devant rien pour arriver à ses fins, quitte à endormir une femme pour la kidnapper. Cette ambivalence va jouer en faveur de ce pauvre type.

Les gags visuels vont particulièrement le concerner. Bill Presing, habitué aux cartoons, offre à sa bande dessinée des moments qui évoquent les dessins animés américains. Si on trouve une pointe de décadence dans les formes des femmes, c’est pour mieux nous cueillir sur des gags improbables, avec un vieil homme qui va se faire éjecter dans les airs, ou encore se faire fracasser par un jeune homme préhistorique qui ressemble plus à un robot qu’à autre chose. De ce fait, Lucky Boy peut se voir comme un simple divertissement, où la bonne humeur et les blagues coquines font mouche. Mais c’est mal jugé une œuvre qui va se découvrir au fil des pages et qui va devenir même triste sur son final. En un léger retournement de situation, l’auteur va nous faire ressentir une peine immense pour ce vieux monsieur obsédé.

En quelques pages, et un bond en arrière d’un point de vue temporel, Bill Presing va nous expliquer les raisons de cette apocalypse. Ainsi donc, on va en apprendre plus sur les personnages et les raisons de leur présence sur cette terre. Si c’est fait assez rapidement et sans prendre le pas sur la drôlerie de l’ensemble, il manque néanmoins à cette fin une conclusion. On reste sur notre faim et on se demande si un deuxième tome n’est pas prévu, afin d’apporter plus de profondeur à ce monde et à cet environnement. Du moins, cela le mériterait pleinement, afin de se replonger dans cette bonne humeur qui se termine sur une pointe de nostalgie, voire même de tristesse. Mais cela apporte aussi une épaisseur inattendue à un récit léger au départ, et finalement, entre tragique et comique, il n’y a qu’un pas.

Et cela sans compter sur les dessins de Bill Presing. Comme dit au début, les graphismes évoquent les dessins animés américains de chez Cartoon Network. Tout n’est que rondeur, générosité et on retrouve une palette de couleurs chatoyantes qui donne une ambiance paradisiaque. Sauf sur la fin, où les choses deviennent un peu plus ternes, voire sombres, notamment lorsqu’il faut évoquer le monde d’avant. Le dessinateur trouve une tonalité juste pour sa bande dessinée, et offre quelque chose de sexy sans jamais tomber dans le graveleux. Même les moments un peu coquins ne dépassent une certaine limite, donnant une ambiance festive et une bonne humeur communicative.

Au final, Lucky Boy – Coquin de Sort est une bande dessinée plutôt réussie. Si l’on excepte sa fin très abrupte, Bill Presing présente un univers intéressant, bon enfant, coquin sans jamais tomber dans le gras et des moments franchement fendards. Réussissant aussi, dans un malin tour de force, à rendre son ensemble plus profond qu’il n’y parait, l’auteur démontre tout son talent graphique et fait écho aux Péchés Mignons d’Arthur de Pins. Bref, une bulle d’air frais pour un été chaud.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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