avril 26, 2024

Fear Factory – Aggression Continuum

Avis :

Le retour de Fear Factory pour nous oreilles ne s’est pas fait dans le calme absolu. En effet, la plupart des pistes enregistrées sur cet album datent de 2017, alors que le groupe allait plus ou moins pour le mieux. Sauf que, surprise, Fear Factory se retrouve en instance juridique pour une question de propriété du groupe. Au bout d’un combat pénible, Dino Cazares gagne son procès et peut retourner travailler sur Aggression Continuum. Sauf que la scoumoune ne s’arrête pas là, puis le chanteur, Burton C. Bell, lâche le micro en 2020 et en profite pour dire du mal de Cazares. Cependant, il laisse ses lignes de chant pour ce nouvel opus, qui arrive en 2021, avec finalement un trio, Dino Cazares à la gratte, Tony Campos à la basse et Mike Heller aux fûts. On aurait alors pu croire à un album chaotique…

Tous les ingrédients étaient réunis pour que ce dixième effort soit une catastrophe, un chant du cygne éraillé et fatigué. Mais force est de constater que ce n’est absolument pas le cas. Dès le début, le groupe nous plonge dans un univers qu’il connait bien, un futur apocalyptique où la machine domine le monde. Recode démontre alors tout le côté fantasque et cinégique du groupe. C’est dantesque, puissant, s’ouvre sur un appel à la révolution comme dans un bon gros Terminator, pour ensuite mieux nous fracasser la gueule avec des riffs ciselés surpuissants. Le plus étonnant restera la voix de C. Bell, qui arrive à beugler autant qu’il offrira des lignes de chant aériens lors des refrains. Bref, Recode annonce la couleur, qui se confirmera avec Disruptor. Plus concis dans le temps mais résolument plus bourrin, le titre frappe très fort et ne laisse aucun répit.

Aggression Continuum va aller dans le même sens que le premier morceau, c’est-à-dire dans une composition qui évoque le cinéma, avec une grosse orchestration qui laissera ensuite place à des riffs brutaux et d’une rare finesse. C’est rapide, ça tape fort, mais c’est surtout grandiloquent et sans concession. Et si par moments, on a l’impression d’entendre des riffs qui évoquent un peu Slipknot, c’est pour mieux nous surprendre dans les couplets qui vont à cent à l’heure. Puis survient alors Purity qui va encore nous surprendre, mais dans un autre sens. Plus calme, plus éthéré qu’un point de vue vocal, on assiste là à un nouveau Fear Factory, plus doux, mais qui sait garder un rythme rapide et une patte qui leur est propre. La voix éraillée de Burton C. Bell fera le reste pour un titre étonnant et fort plaisant. Le refrain est catchy à souhait.

Puis avec Fuel Injected Suicide Machine le groupe revient à ce qu’il sait faire de mieux, un tabassage dans les règles de l’art et un morceau qui est maîtrisé du début à la fin. Plus sombre que les autres morceaux, notamment grâce aux nappes de cordes en arrière des couplets, Fear Factory démontre sa grande forme et son envie d’en découdre. On retrouvera de cette hargne dans Collapse, qui part de temps à autre dans du Djent contemporain, pour mieux bifurquer vers un Indus que les américains maîtrisent sur le bout des doigts. Puis Manufactured Hope renouera avec quelque chose de plus accessible. Le groupe garde sa violence et son identité, mais fournit un refrain bien catchy, qui reste en tête et pour lequel on se surprendra à chanter à tue-tête. Le résultat sera presque le même avec Cognitive Dissonance et son refrain en chant clair.

Mais la plus grosse surprise viendra sans aucun doute possible de Monolith. Plus léger dans les riffs, avec un chant qui accumule les variations pour mieux convenir à un rythme étrange, on a l’impression d’assister à une fusion étonnante de Nu-Métal et de métal Industriel. Les couplets sont hyper accessibles, presque calmes, et on se rend compte que là aussi, ça fonctionne. Pas de doute possible alors, Fear Factory est en train de livrer l’un de ses meilleurs albums à ce jour, alors qu’il patauge dans les affaires négatives. Reste alors End of Line, titre à l’image du groupe, puissant et rythmé, qui, on l’espère, ne signe pas la fin de route du groupe.

Au final, Aggression Continuum, le dernier album en date de Fear Factory, est une belle et franche réussite. Puissant, agressif, nerveux, mais sans ne jamais perdre de vue les notions mélodiques qui ont fait la force du groupe depuis leur début, cet effort, pourtant promis à un avenir incertain, est finalement l’un des meilleurs albums du groupe, qui donne une furieuse envie d’écouter d’autres skeuds de cet acabit. Maintenant, reste à savoir si une reformation est possible, ou le choix d’un nouveau chanteur, ce qui ne sera pas chose aisée vu le niveau qu’a mis Burton C. Bell sur cet effort.

  • Recode
  • Disruptor
  • Aggression Continuum
  • Purity
  • Fuel Injected Suicide Machine
  • Collapse
  • Manufactured Hope
  • Cognitive Dissonance
  • Monolith
  • End of Line

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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