décembre 10, 2024

Caravage & Moi

Titre Original : Postcards From London

De : Steve McLean

Avec Harris Dickinson, Jonah Hauer-King, Leonardo Salerni, Raphael Desprez

Année : 2021

Pays : Angleterre

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Jim, jeune homme au bon cœur, décide de quitter sa campagne anglaise natale pour Londres où il espère trouver une vie meilleure. Il y fait la rencontre d’un quatuor d’esthètes qui ont une maîtrise encyclopédique des arts. Rapidement il est entraîné dans un monde de prostitution et de peinture, où il va devoir gérer son hypersensibilité à l’art et notamment aux tableaux de Caravaggio.

Avis :

Au rayon des réalisateurs inconnus, aujourd’hui, on s’arrête sur Steve McLean. Metteur en scène britannique, McLean a une carrière qui est parsemé de trous (enfin pour ce que j’en trouve sur Internet). Il débute dans les années 80, il est d’abord assistant, puis chef op. A la toute fin des années 80, il fait la rencontre de Jimmy Sommerville, et il passe à la réalisation, mettant en scène plusieurs clips du chanteur. Par la suite, il réalise un premier long-métrage en 1994, « PostCards from America« . De retour pour quelques projets, Steve McLean va alors mettre vingt-sept ans avant de refaire un film.

Ainsi donc, « Caravage & Moi » est son deuxième long-métrage. Présenté dans le cadre du festival Chéries-Chéris de Paris, « Caravage & Moi » est une curiosité. C’est un film qui tient une recherche artistique assez poussée. D’ailleurs, c’est un film qui s’intéresse à l’art et parle de l’art en permanence. Mais derrière ça, « Caravage & Moi » est aussi un film qui se pose comme une démonstration, dans le sens où si l’entrée en matière est prenante, si l’univers est fou, très vite, malheureusement l’univers écrase tout ce qu’il y a autour, et l’on a bien du mal à se laisser entraîner dans cette histoire. Histoire qui, plus elle avance et plus elle frise le ridicule.

Jim, dix-huit ans, vient de quitter sa famille pour vivre son rêve à Londres. Débarquant sans jamais avoir foulé la ville et sans même un toit sur la tête, il fait la connaissance d’un groupe de garçons extravertis. Ces garçons se prostituent, mais ils veulent élever à un tout autre niveau la prostitution, dans le sens où le service qu’ils rendent commence vraiment après l’acte. Ainsi, leurs clients peuvent, s’ils le désirent, aborder tous les sujets après l’amour, les garçons sont capables de parler de tout. Jim, pendant « sa formation », va se découvrir une maladie ou un don, qui fait que lorsqu’il regarde une peinture, lorsqu’il est en face de l’art, de la plus pure des démarches, il s’évanouit…

« Caravage & Moi » est donc un film on ne peut plus étrange duquel on ressort perdu, tant on ne sait finalement ce que Steve McLean a voulu faire avec ce film. Peut-être a-t-il voulu mettre en scène un fantasme, mais si tel est le cas, le fantasme lui-même est compliqué à comprendre, aussi bien dans ce qu’il raconte, que dans sa démarche. Ce sentiment est vraiment dommage, car « Caravage & Moi » est un film qui avait très bien commencé. L’univers est fou, la mise en scène est quelque peu claquante, mais elle raconte quelque chose et elle ose s’aventurer sur d’autres sentiers. On se laisse gentiment prendre dans cette histoire qui mélange découverte, conte de fée et donc fantasme.

D’ailleurs, l’intrigue au départ est tout à fait plaisante. Ce jeune homme de la campagne qui débarque dans une grande ville pour vivre sa plus belle vie, ou du moins essaie. La rencontre avec le groupe de garçons est irréelle et parfaite. Le film est amusant, voire même touchant. Puis petit à petit, « Caravage & Moi » change et l’on a bien du mal à comprendre où veut aller Steve McLean. L’intrigue qui se veut comme une réflexion sur l’art devient très lourde et s’engouffre dans le ridicule dans son dernier acte. Dernier acte qui aura finalement raison de nous tant l’intrigue prête à sourire plus qu’autre chose.

J’aurais beau eu essayé de m’accrocher, avec plusieurs éléments qui restent très bons, mais rien n’y aura fait, cette histoire est parfaitement ridicule. Et si l’on ajoute à cela que Steve McLean livre une mise en scène qui se fait de plus en plus présente et voyante, écrasant tout sur son passage, on reste éberlué et perdu devant de « Caravage & Moi« , cherchant finalement un but et à savoir ce qu’a voulu nous raconter Steve McLean.

Restera alors quelques bons points ici et là, comme une photographie magnifique. Une photographie chaude, colorée et travaillée. Il restera des plans malgré un côté démonstratif (genre, regardez comme je sais faire de belles images) qui demeurent, dans leur construction, superbes. Puis il y a ces acteurs qui sont très beaux. Certes, ils tiennent des personnages qui seront peu touchants, voire même agaçants tant ils s’engouffrant dans le narcissisme, mais il n’empêche que les comédiens demeurent très bons, et particulièrement bien filmés par leur réalisateur qui a décidé de les fantasmer à tout instant.

« Caravage & Moi » est donc un film particulièrement singulier, duquel je ressors aussi perdu qu’ennuyé. Si, comme je le disais, l’entrée en matière est excellente, elle ne sera malheureusement qu’éphémère, car très vite, Steve McLean, que ce soit dans sa mise en scène ou dans ce qu’il raconte, nous perd et frise le ridicule, avec son histoire de jeune homme qui est fasciné par l’art, au point d’en tomber dans les pommes. Bref, « Caravage & Moi » aura donc été une belle déception. Peut-être faudrait-il que je m’y attarde une seconde fois, une fois cette première vision digérée, mais je n’en ai même pas l’envie pour l’instant.

Note : 06/20

Par Cinéted

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