Titre Original : Meu Nome é Bagdá
De : Caru Alves de Souza
Avec Grace Orsato, Helena Luz, Karina Buhr, William Costa
Année : 2021
Pays : Brésil
Genre : Drame
Résumé :
Bagdad est une skateuse de 17 ans qui vit à Freguesia do Ó, un quartier populaire de la ville de São Paulo, au Brésil. Bagdad skate avec un groupe d’amis masculins et passe beaucoup de temps avec sa famille et avec les amis de sa mère. Ensemble, les femmes qui l’entourent forment un réseau de personnes qui sortent de l’ordinaire. Lorsque Bagdad rencontre un groupe de skateuses féminines, sa vie change soudainement.
Avis :
Aujourd’hui, on fait un tour dans un pays qui a une jolie diversité dans son cinéma et pourtant, ce dernier est rarement mis en avant. Ce pays, c’est le Brésil, et l’on va s’intéresser à l’une de ses réalisatrices, Caru Alves de Souza. Âgée de quarante-deux ans, la metteuse en scène, dont « Je m’appelle Bagdad » est le premier film qui arrive chez nous, tient une jolie carrière. Une carrière commencée au milieu des années 2000. Scénariste, réalisatrice et productrice ses propres œuvres, Caru Alves de Souza a passé une dizaine d’années dans le court-métrage avant de réaliser son premier film en 2013.
Après s’être intéressé à la justice avec « De Menor » (film encore inédit chez nous et c’est bien dommage au vu de son synopsis), Caru Alves de Souza aura mis sept années avant de retrouver les grands-écrans. Avec « Je m’appelle Bagdad« , la cinéaste s’arrête sur le quotidien d’une bande de jeunes d’un quartier populaire de la ville de São Paulo.
Empreint d’une chaleur enivrante, esthétiquement parlant superbe, « Je m’appelle Bagdad« , après une excellente première partie qui se loge quelque part entre le cinéma de Ken Loach avec un soupçon d’Almodovar, finit par quelque peu décevoir à cause d’un schéma qui finit par se répéter et sa réalisatrice a quelques difficultés à nous emmener jusqu’à son final. Un final qui arrive d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe, ce qui est dommage.
Bagdad, dix-sept ans, est une jeune skateuse qui traîne avec ses potes de skate park en skate park. La jeune fille passe beaucoup de temps à s’entraîner et quand elle n’est pas avec ses copains, elle passe du temps avec ses sœurs et sa mère, entre un salon de coiffure et un bar que tient Madame Gladys. Bagdad rêve à l’avenir, sans trop savoir quoi faire. Un jour, elle se rend sur un Skate Park à l’autre bout de la ville et alors qu’elle était dans un groupe uniquement composé de garçons, elle tombe sur un groupe de Skateuse, une surprise totale, qui va voir naître une amitié solide.
Filmer la jeunesse, beaucoup de réalisateurs s’y sont testés avec plus ou moins de réussite, et aujourd’hui, c’est Caru Alves de Souza qui s’y essaie, et même si son film n’est pas parfait, on ne peut lui enlever qu’il dégage quelque chose et qu’au-delà de ça, que ce soit dans le geste de cinéma, ou dans la façon de montrer ces jeunes, « Je m’appelle Bagdad » est intéressant.
Ce qui est bien vu avec ce film, et ce que l’on se plaît à suivre, c’est la réalité avec laquelle la cinéaste a réussi à capturer le quotidien de cette bande de potes. Ici, il n’y a rien d’extraordinaire, on suit une bande de jeunes, dont le programme est composé d’apprentissage du Skateboard, de discussions autour des filles, de l’avenir, ou de la soirée de la veille, puis bien souvent de rap, balançant des sentiments et des ressentis en flow. Entre eux, il y a de l’amitié, de la complicité, de la simplicité, et le tout est bourré de charme, ce qui fait qu’on se laisse très facilement prendre dans ce quotidien. Cette sensation, on la retrouve aussi quand la réalisatrice nous entraîne dans la famille de son personnage, nous présentant sa mère, ses sœurs et quelques personnages hauts en couleurs, qu’on pourrait très aisément trouver chez Almodovar.
Le tout est tenu par une brochette d’acteurs et d’actrices qui sont tous plus vrais que nature. Tous excellents, tout bourrés de charme, de naturel, de spontanéité et de vie, même s’il faut bien dire qu’il y a cette jeune actrice principale, Grace Orsato qui nous captive. La jeune fille tient tout le film sur ses petites épaules et elle crève l’écran.
Mais voilà, toutes ces belles choses sont quelque peu égratignées par le schéma du film, qui une fois qu’on a passé la belle découverte de cette bande de potes, de ces personnages, et de la ville, finalement, « Je m’appelle Bagdad » donne la sensation de tourner en rond, et ainsi de répéter toujours la même chose. « Je m’appelle Bagdad« , c’est donc des discussions, une exploration de sujets, comme la famille, l’amitié, s’imposer dans un monde mec, la répression policière, l’homophobie et les préjugés, et entre chaque discussion, comme une transition, la réalisatrice balance une belle scène de descente en skate. Une scène qui tient toujours des allures de clip, avec une musique soigneusement choisie et si possible un plan en contre plongée. Si c’est superbement filmé, si ça dégage un esthétisme assez fou, le fait que ce schéma se répète sur un peu plus d’une heure et demie de film, cela finit par lasser et ce qui avait un charme et une spontanéité finit par être quelque peu redondant. Et malheureusement, le film devient un peu plus lourd encore avec sa dernière partie, tombant dans un petit pamphlet féministe, dont le quotidien que la réalisatrice avait mis en scène était suffisamment fort et intéressant, sans avoir besoin que le film aille de ce côté-là.
Cette première incursion dans le cinéma de Caru Alves de Souza, entre qualité et défaut, entre lourdeur et envolées, entre naturel, charme, et déception, se pose sur son ensemble comme un petit bout de cinéma intéressant. Un bout de cinéma qui tient assurément son charme, et qui fait que malgré un sentiment de redondance, on a apprécié la plongée dans ce quotidien.
Note : 12/20
Par Cinéted