avril 19, 2024

Balloon

Titre Original : Qiqiu

De : Pema Tseden

Avec Sonam Wangmo, Jinpa, Yangshik Tso, Konchok

Année : 2021

Pays : Chine

Genre : Drame

Résumé :

Au cœur des étendues tibétaines, Drolkar et son mari élèvent des brebis, tout en veillant sur leurs trois fils. En réaction à la politique de l’enfant unique imposée par Pékin, elle s’initie en secret à la contraception, pratique taboue dans cette communauté traditionnelle. La maigre réserve de préservatifs qu’elle se procure au compte-gouttes devient alors son bien le plus précieux. Le jour où elle surprend ses enfants en train de jouer dehors avec les « ballons » volés sous son oreiller, Drolkar sait aussitôt qu’elle va devoir tout affronter : les reproches des aînés, le poids de la tradition, le regard des hommes. Et une naissance à venir…

Avis :

Écrivain et réalisateur tibétain, Pema Tseden est un cinéaste à part dans le paysage du cinéma chinois, puisque l’homme a décidé de mettre en scène un peuple dont on parle assez peu sur les grands ou les petits écrans, les Tibétains. Alors bien sûr, le peuple tibétain a souvent été abordé à l’écran, pour parler de la répression chinoise, ou pour parler de leurs croyances et du Dalaï-lama. Pema Tseden a décidé de filmer le quotidien de ce peuple, loin de Lhassa.

Il y a un peu plus d’un an de cela, entre qualités et des défauts, je découvrais un film pas comme les autres, « Jinpa, un conte Tibétain« . Ce fut ma première incursion dans le cinéma de Pema Tseden, et même si le film m’avait souvent ennuyé, notamment à cause d’un rythme lénifiant, « Jinpa … », dans ce qu’il racontait de ses personnages, dans ses paysages, ou encore dans sa culture, avait résolument piqué ma curiosité. Les salles de cinéma réouvertes, voici qu’un nouveau métrage du metteur en scène débarque sur les écrans. Je me suis donc empressé d’aller voir « Balloon« , et j’en ressors avec à peu près la même sensation que lorsque l’avais vu « Jinpa … ». Très intéressant dans ce qu’il raconte, impeccablement filmé, il demeure cependant ce rythme qui n’avance pas. Un rythme qui crée des longueurs, ce qui est dommage.

Drolkar et son mari élèvent des brebis perdues quelque part dans les grandes étendues tibétaines. Instauré au milieu des années 70, la Chine mit en place la politique de l’enfant unique, pourtant Drolkar et son mari sont parents de trois enfants. Enfants qui pour les deux derniers leur ont coûté des pénalités. En secret, pour pallier à cela, Drolkar « s’initie » en secret à la contraception. Ainsi, la jeune femme arrive à se procurer au compte-gouttes des préservatifs. Une pratique honteuse dans sa région et sa communauté, mais cette pratique est en quelque sorte l’un des biens les plus précieux pour les parents. Un jour, le mari de Drolkar surprend ses enfants en train de jouer avec d’étranges ballons. Dès lors, les parents vont devoir affronter les jugements, et plus encore…

Quatorzième film pour le réalisateur tibétain, « Balloon » est un film qui est particulièrement riche et intéressant dans ce qu’il va raconter. Pour ce nouveau film, Pema Tseden a décidé de parler de la politique de l’enfant unique et la faire se confronter loin de Pékin, perdue dans les plaines tibétaines, aux traditions et autres croyances de ce peuple. Pour cela, le cinéaste va prendre le parti de filmer de manière le plus réaliste possible le quotidien de ses personnages. « Balloon » se pose alors comme une source de culture et de découverte incroyable et sur plus d’un instant, le film est une merveille. Que ce soit du côté de la vision de la politique de l’enfant unique vue par les Tibétains, ou encore la croyance, la réincarnation ou plus encore le quotidien de ces gens, de ces éleveurs, qui troquent sous une manche afin de garder une transaction secrète, qui se prêtent un bélier pour agrandir un troupeau, ou simplement leur façon de vivre, loin des technologies, des grandes villes… Traditions, coutumes, intimité, amour, éducation, bref, Pema Tseden réussit à capturer quelque chose de véridique, qui prend instantanément.

Un sentiment de vérité qu’on trouve aussi dans la mise en scène du réalisateur. « Balloon » se pose quelque part entre le documentaire et la fiction. Le réalisateur, en quelque sorte, nous entraîne dans un voyage qui pourrait être en dehors du temps. Peuplé d’images magnifiques et fortes. Noyé dans les grandes étendues des pleines Tibétaines, bercé par une luminosité spéciale, « Balloon » est très beau à regarder. Pema Tseden s’arrête aussi parfaitement sur ses personnages, qu’il filme avec beaucoup d’intimité, capturant de très beaux moments en famille. Rires, larmes, réflexions, un visage, un sourire, ou encore de petits gestes de rien du tout. Bref, ces personnages sont beaux, et l’on aurait aimé en découvrir encore plus sur eux, d’autant plus qu’ils sont tenus de manière plus vraie que nature par ces comédiens.

Mais voilà, comme je le disais, derrière tous ces bons points, il reste ce rythme qui n’avance pas. Si l’ensemble dégage assurément une vérité et résonne parfaitement, « Balloon » laisse aussi la désagréable sensation de traîner en longueur. Pema Tseden étire presque toutes ses scènes et bien souvent, on a l’impression qu’il n’arrive pas à donner un rythme à son film, ou plutôt qu’il ne sait pas vraiment quel rythme donner et comment conjuguer ce quotidien où il ne se passe pas grand-chose, avec un rythme de cinéma. Ainsi, le voyage est certes magnifique, mais il est long, très long.

Un peu comme avec « Jinpa, un conte tibétain« , « Balloon » se pose comme un film foutrement intéressant. Pema Tseden est assurément un très bon réalisateur qui arrive à capturer des instants magiques. Riche, « Balloon » est un bouillon de culture, qui parle bien de ses personnages, de la politique, des croyances et traditions. Reste que derrière ça, le rythme n’y est pas et malgré l’intérêt, à force de traîner en longueur, entre deux scènes, deux moments intéressants, on s’ennuie quelque peu.

Note : 11/20

Par Cinéted

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