avril 24, 2024

La Fille de d’Artagnan

De : Bertrand Tavernier

Avec Sophie Marceau, Philippe Noiret, Sami Frey, Jean-Luc Bideau

Année : 1994

Pays : France

Genre : Aventure

Résumé :

Et voilà qu’Eloïse, digne fille de d’Artagnan, est témoin du meurtre de la mère supérieure du couvent auquel son illustre père l’a confiée jadis, coupable d’avoir voulu protéger un malheureux esclave évadé des griffes de l’odieux duc de Crassac et de son âme damnée, la femme en rouge.

Avis :

Après avoir magnifiquement conclu ses années 80 avec un immense film, qui tutoie le chef-d’œuvre, « La vie et rien d’autre« , Bertrand Tavernier n’a pas perdu de temps, et après une petite comédie dramatique, « Daddy Nostalgie« , le metteur en scène français a livré un autre grand moment de sa carrière passant cette fois au film policier avec « L-627« . Infatigable, ayant l’envie de se frotter à tous les styles et les sujets, deux ans après le policier, Tavernier se plonge dans le film de cape et d’épées. Initialement prévu d’être mis en scène par Riccardo Freda, cinéaste italien dont Bertrand Tavernier admirait les films, il s’est trouvé que le metteur, qui n’avait pas fait de film depuis une vingtaine d’années, s’est trouvé quelque peu dépassé par le projet. Ainsi, c’est donc sur une idée de Riccardo Freda que Bertrand Tavernier se lance dans « La fille de d’Artagnan« .

Tenant une bonne idée, s’entourant d’un casting pharamineux, « La fille de d’Artagnan » est un film que Bertrand Tavernier a voulu comme une série B, qui enchaînerait les aventures à un rythme effréné. Posant son genre entre la comédie et l’aventure, le tout presque souligné par un petit pastiche, cette « … fille de d’Artagnan » n’est pas un grand cru made in Tavernier, mais il subsiste un petit film honnête et amusant, qui revisite Alexandre Dumas avec une certaine modernité, une éloquence avec Philippe Noiret et Claude Rich, et quand on s’aventure de ce côté-là, le tout est servi avec des comédiens qui s’éclatent. Ainsi donc, couple, combat, malice, fine lame, et relation père/fille sont au programme de ce petit Tavernier somme toute sympathique.

Éloise d’Artagnan est une jeune femme qui fut placée en couvent par son père voilà des années. Tellement d’années d’ailleurs que la jeune femme peut être en droit de se demander s’il ne l’a pas oubliée… Bref, Éloise est alors le témoin du meurtre de la mère supérieure, cette dernière ayant voulu défendre un esclave. Voulant venger la mère supérieure, Éloise monte donc à Paris, afin de retrouver son père pour qu’il l’aide à mener à bien sa vengeance. Éloise ne le sait pas encore, mais cet événement va l’amener à peut-être déjouer un complot qui vise à tuer le futur Roi de France, Louis XIV.

Bertrand Tavernier qui s’amuse à revisiter Alexandre Dumas, en voilà une idée qu’elle est curieuse. Bon, autant le dire de suite, « La fille de d’Artagnan » n’est pas un grand cru pour son metteur en scène. « La fille de d’Artagnan » est un film qui est au mieux sympathique. C’est un film qui amuse, mais qui aussi demande à ce que l’on ne soit pas trop exigeant avec lui, car son côté quelque peu gnian-gnian, son côté comédie peut avoir raison de certains. On peut même se demander ce que l’on fiche devant ce film qui ne se prend absolument pas au sérieux. Mais justement, cette idée, de ne pas se prendre au sérieux et de s’amuser en fin de compte avec les personnages d’Alexandre Dumas, est intéressante et si l’on arrive à se laisser entraîner, cette « … fille de d’Artagnan » ne nous fera pas passer un mauvais moment de cinéma. Certes, ce sera un moment quelque peu décevant, car le film reste signé Tavernier et dans cette filmographie souvent impeccable et grande, « La fille de d’Artagnan » dénote. Mais une fois qu’on a accepté l’idée, entre défauts et qualités, il reste alors un petit film amusant.

Un petit film qui s’amuse à parodier le film de cape et d’épées avec un scénario léger. Un scénario qui vole de « surprise en surprise » pour ses personnages. Un scénario qui découvre des complots par surprise, ce qui fera sourire. Puis un scénario qui dans son envie d’aventures, d’hommages et de spectacle pour le public, s’avère généreux. Oui, c’est bien souvent maladroit et facile, mais pourtant, on se laisse entraîner dans cette histoire avec un certain capital sympathie. Il faut dire que pour nous aider, Bertrand Tavernier s’est très bien entouré, nous offrant un casting de luxe qui, si on pourra lui reprocher de trop en faire, on sent aussi que les acteurs s’éclatent dans leur rôle et c’est assez génial de les voir foncer sans demi-mesure dans une certaine caricature. Si Sophie Marceau est pétillante tout le long du film posant un personnage qui n’arrête pas une minute. Un personnage qui aurait presque des allures d’enquêtrice malgré elle, là où le film devient terrible et très drôle, c’est quand on se retrouve face à Philippe Noiret en d’Artagnan vieillissant, prêt à tout pour déjouer les complots et protéger sa furie de fille. On notera aussi Claude Rich génial en grand méchant du film. Les deux acteurs, entre éloquence et caricature poussive, s’en donnent à cœur joie et l’on adore les suivre. Tout comme il faut aussi mentionner Luigi Proietti en Cardinal qui finit par voir des complots partout. L’acteur pousse le trait et l’accentue et il en est tordant. En fait, ce sont ces acteurs qui s’éclatent, et cet esprit espiègle et naïf, qui finit par faire mouche avec ce film, et c’est grâce à eux qu’on se laisse entraîner dans ce film atypique dans la filmographie de Bertrand Tavernier.

Il faut quand même souligner aussi que du côté de la technique, comme toujours, Tavernier a méticuleusement reconstitué l’époque. Sa mise en scène est légère et soutenue, Tavernier s’éclate lui aussi à mettre en scène combats, romance, romanesque, complots et trahisons à la cour de France avec en prime un sens aigu des dialogues. Si « La fille de d’Artagnan » est parfois maladroit, un petit trop facile et son côté comédie naïve est souvent trop poussé, il n’en reste pas moins que Bertrand Tavernier livre un film soutenu devant lequel on se laisse très gentiment prendre. On notera aussi la BO du grand Philippe Sarde qui habille très bien l’ensemble.

Vous l’aurez donc compris, « La fille de d’Artagnan » n’est pas un grand film de Bertrand Tavernier, c’est même un film qu’on pourrait ranger dans le bas de sa filmographie, mais malgré ça, cette « … fille de d’Artagnan » reste un petit divertissement honnête et surtout amusant. Entre la comédie, le « pastiche » et la parodie, entre aventure, enquête et relation père/fille compliquée, Bertrand Tavernier s’amuse avec ses acteurs, et malgré tout, cette euphorie générale est assez communicative.

Note : 13/20

Par Cinéted

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