Avis :
Pilier de la scène Death avec une forte tendance au Brutal, Cannibal Corpse a su imposer ses thématiques et sa musique lourde au film des ans. Formé à la toute fin des années 80, c’est sur la scène underground que les américains font leur preuve et ils signent rapidement un contrat avec Metal Blade Records. Maison de disques avec qui ils continuent encore aujourd’hui, ce qui est très rare dans le domaine musical. Le plus étonnant dans tout ça reste néanmoins la longévité du groupe. Malgré une violence exacerbée, malgré des thèmes brutaux et sanglants, malgré une image très virulente, Cannibal Corpse continue à fasciner, à tourner et à marcher à plein régime. Pour preuve, Violence Unimagined est le quinzième album de la formation, qui intervient quatre ans après le sympathique Red Before Black. Mais le groupe a-t-il toujours la forme ?
A l’écoute du premier morceau, on peut dire que Cannibal Corpse est toujours en très grande forme. Murderous Rampage balance la sauce très rapidement et ne laisse aucun répit jusqu’à un petit solo. Le groupe ne lésine pas sur la violence et lâche quatre minutes intenses et rapides. On reconnaitra la patte du groupe à travers les riffs brutaux, mais aussi la voix de George « Corpsegrinder » Fisher. Bref, les américains ne réinventent pas la poudre, mais ils font un travail propre et forcément virulent. Et ce constat, on va le faire sur toute la globalité de l’album. En effet, tous les morceaux sont à vif, violents et sans concession. On est clairement dans un album de Cannibal Corpse, qui raconte des insanités et qui veut démonter des nuques lors de prochains concerts. Mais on va se rendre compte, au bout d’un moment, d’un très gros défaut dans l’album.
Car si le premier morceau est assez réjouissant et balance des ponts et des breaks assez plaisants, laissant un champ libre à Patrick O’Brien pour s’éclater à la gratte, le reste sera toujours du même acabit et la formation ne bougera pas d’iota sa posture de Death brutal et véhément. Et c’est un problème car on va sentir une redite dès la première écoute. Necrogenic Resurrection en est un exemple flagrant. Après une introduction très courte, le groupe lâche les vannes et délivre un titre ravageur qui délaisse même la mélodie de côté. Le batteur, aussi formidable soit-il, délivre un bon tabassage de fûts, mais tout cela manque de variations et de moments catchy. Alors oui, ça n’a jamais été le cheval de bataille du groupe, mais là, rien ne reste vraiment en tête et on se retrouve avec un album qui enchaîne les titres sans jamais vraiment marquer.
Des titres comme Overtorture, Bound and Burned ou encore Surround, Kill, Devour sont bien sympathiques, mais ils empilent les clichés du genre. On reste dans quelque chose de binaire et qui manque d’une ambiance particulière. Si on sait qu’avec Cannibal Corpse, on est plus dans du torture-porn salace à tendance sauce sriracha, il lui manque néanmoins un peu de nuances. Ou tout du moins une atmosphère plus mortifère pour rendre certains titres plus percutants, plus marquants. Alors on ne va pas cracher dans la soupe. On sait dans quoi on met les oreilles quand on écoute ce groupe, et les fans apprécieront certainement le résultat. Mais force est de constater qu’avec cet album, qui témoigne de la forme du groupe, on reste dans quelque chose de trop classique pour du Brutal Death. Fort heureusement, certains morceaux relèvent un peu le tout.
Inhumane Harvest, par exemple, qui a été choisi pour faire la promo de l’album, est assez intéressant. Si sa rythmique reste toujours dans un même carcan, on notera un gros break des familles qui permettra au groupe de poser de jolis solos au sein du titre et de le rendre un peu plus technique que la moyenne. Ritual Annihilation impose un gros riff lourd dès le départ et ne s’en séparera pas d’un iota sur toute sa longueur. Slowly Sawn va marquer les esprits avec une brutalité salvatrice qui ne va faire que monter crescendo. Bref, malgré une redondance dans les rythmiques et dans la violence, on trouve quelques éléments salvateurs qui vont permettre à l’album de se sortir un petit peu d’une image d’Epinal que véhicule Cannibal Corpse.
Au final, Violence Unimagined, le dernier bébé sanguinolent de Cannibal Corpse, est un album qui souffle le chaud et le froid. Si on reconnait bien évidemment la patte des américains, il lui manque un peu d’originalité pour vraiment marquer. Si le groupe semble inspiré, il reste néanmoins dans sa zone de confort et n’en bouge pas d’un poil. C’est dommage, on sait que la formation est capable de bien mieux et on aurait aimé un peu plus de prise de risque sur ce quinzième effort. En l’état, on navigue en eaux connues. Une eau rouge, certes, mais une eau calme.
- Murderous Rampage
- Necrogenic Resurrection
- Inhumane Harvest
- Condemnation Contagion
- Surround, Kill, Devour
- Ritual Annihilation
- Follow the Blood
- Bound and Burned
- Slowly Sawn
- Overtorture
- Cerements of the Flayed
Note : 12/20
Par AqME
Une réflexion sur « Cannibal Corpse – Violence Unimagined »