Auteure : Celia Ibañez
Editeur : Green Lights
Genre : Science-Fiction
Résumé :
Vénus est une H.N.A- Humaine Non Améliorée- qui rêve de quitter sa banlieue défavorisée pour vivre à Solon, la capitale d’Allantys, à la pointe de la modernité. Mais comment trouver un emploi et envisager l’avenir sans moteur de recherche greffé dans le cerveau et sans puce d’identification ? Comment devenir riche et célèbre quand on est née en marge du système ? Quand elle apprend qu’elle est la grande gagnante d’un concours national sur plus de vingt mille candidats, son rêve prend forme : en acceptant les termes du contrat, et à la fin du processus d’hybridation, elle aura la chance de devenir un humain de huitième génération. Mais ira-telle au bout des modifications corporelles tant attendues ? Car une rencontre risque de bouleverser ses certitudes…
Avis :
Celia Ibañez invente ici un futur étonnant, à la fois coloré et sombre, attirant et effrayant. L’humanité de cet avenir n’a plus grand-chose d’humain : tout est remplacé, jusqu’aux membres les plus vitaux. La finalité ? Devenir immortel, bien sûr, ne plus tomber malade et ne plus dépendre d’un système physique aux lois aléatoires, qui peut même punir les plus sages et raisonnables d’entre nous.
Donner la vie de manière naturelle, faire l’amour, se toucher, boire, manger… Les plaisirs de la vie disparaissent au profit d’autres avantages moins palpables mais d’un pouvoir immense.
Vénus Myr Garcia rêve de cette vie améliorée et n’a qu’une hâte, celle de se faire opérer pour appartenir aux plus évolués de son espèce. Elle est prête à tout, même à intégrer jusqu’à sa mort (ou pas) un système vérolé jusqu’aux puces électroniques, corrompu jusque dans les moindres anfractuosités de ses circuits intégrés.
Une héroïne pas comme les autres
Contrairement à de nombreuses héroïnes, Vénus défend le système. Les rebelles ? Elle les dénonce et ne souhaite pas en entendre parler. Son caractère fort et sa détermination, en font rapidement une jeune femme attachante. Malgré elle, parce qu’elle n’a pas mené une enfance de rêve, dans le luxe, beaucoup la croient malveillante et partisante de l’anarchie. Que nenni !
Son point de vue rafraîchissant apporte du neuf ! Vénus étonne tout du long, elle ne se laisse pas mener en bateau. Bon, peut-être un petit peu quand un certain Harry, plantureux et élégant, la frôle d’un peu trop près. De merveilleuses scènes érotiques qui ne devraient d’ailleurs jamais s’arrêter.
Ses émotions transparaissent dans les lignes et les intentions. Le lecteur vit cette aventure dingue avec elle, vibre quand elle angoisse, tremble quand elle tombe des nues. Et les rebondissements ne manquent pas. Le roman ne cesse de nous surprendre, à l’image de son héroïne géniale ! Vénus n’en démord pas, et ce, jusqu’à la fin du récit. Il est agréable de suivre un personnage aussi charismatique, qui expose certes ses doutes et ses angoisses, mais qui ne lâche rien, quitte à déplaire à tous ceux qui l’entourent.
H+ change la donne, présentant une jeune femme forte qui veut croire au bienfondé du système, plutôt qu’à ses rouages malsains et rouillés. Même si elle ne croit pas tout ce que les rebelles lui disent, elle se rebelle à sa manière, en restant elle-même.
Un univers complexe
L’univers futuriste inventé regorge de termes nouveaux, d’expressions inédites, de technologies, cultures et traditions authentiques. Grâce au regard de Vénus, qui n’a pas vécu entourée par tout un tas de gadgets, le lecteur découvre un monde complexe, tout en douceur. Les acronymes sont expliqués ou utilisés à de nombreuses reprises, de sorte qu’on ne les oublie pas, et les réflexions de Vénus sur telle ou telle matière inconnue, telle ou telle civilisation, ou telle ou telle invention, nous aident à mieux assimiler ces masses d’informations dantesques.
Souvent, certains éléments ne sont détaillés qu’une seule fois, alors que le regard de l’héroïne les passe à la loupe. Ils participent à l’élaboration d’un biotope saisissant et développent allégrement notre imaginaire insatiable.
La lecture n’est pas du tout indigeste, l’autrice a su doser son récit suffisamment pour que l’on prenne plaisir à déambuler dans son univers, sans empiéter sur l’intrigue et son déroulé. On reste clairement scotchés face à cette créativité démente. Tout comme Vénus, le lecteur ouvre de grands yeux émerveillés sur ce que le roman lui dépeint. Les descriptions pullulent de dynamisme et de vivacité, les décors incroyables éblouissent, avec leurs couleurs et formes délirantes. L’autrice a inventé un univers futuriste novateur, entre féerie et horreur. La technologie s’insère partout, trompe et hypnotise, drogue et affaiblit, mais elle reste belle et majestueuse, attirante et surprenante.
H+ innove encore par ce décor novateur, cette atmosphère si particulière et unique en son genre.
Une intrigue bien ficelée
La fin du premier tome ne laisse clairement pas deviner la suite. Les rebondissements, les révélations, les attentats, les manifestations et les découvertes de Vénus rythment l’histoire qui, sans aller à cent à l’heure, ne démérite pas en suspens, actions et mystères.
Les personnages secondaires, aussi captivants que l’héroïne, nous accrochent. Téméraires, inquiétants, sournois, évanescents et cruels, ils ne nous laissent pas de marbre.
H+ offre une histoire prenante, dans un univers indéfinissable, menée tambour battant par une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. Une bouffée d’air frais ; de la science-fiction qui fait réfléchir, qui effraie tout en faisant rêver. Un sacré exploit !
Un mélange détonnant qui marche.
Un coup de cœur inattendu.
Note : 20/20
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Par Lildrille