Titre Original : Beyond Borders
De : Martin Campbell
Avec Angelina Jolie, Clive Owen, Teri Polo, Linus Roache
Année : 2003
Pays : Etats-Unis, Allemagne
Genre : Drame
Résumé :
Au cours d’une soirée mondaine organisée pour venir en aide aux Ethiopiens, Sarah Jennings, l’épouse d’un homme riche, fait la connaissance de Nick Ward, un humanitaire habitué au terrain. Celui-ci dénonce aux médias le manque de financement et de ressources dans les pays en proie à la misère la plus totale.
Sarah, touchée par les paroles et le dévouement de Nick, décide de lui donner un coup de main. Celui-ci la met dans le feu de l’action afin de tester sa résistance physique et mentale. Cette expérience bouleverse sa vie.
De retour dans sa maison à Londres, elle s’implique activement au sein d’Oxfam et garde le contact avec Nick. Les années passent, et lorsque Nick lui demande d’user de son influence chez Oxfam pour obtenir de l’aide au Cambodge, elle décide de se rendre sur place. Cette dévotion pour les causes humanitaires la rapproche de plus en plus de Nick.
Avis :
Martin Campbell est un réalisateur qui vient de Nouvelle-Zélande, qui après quelques petits films assez remarqués dans les années 90, s’est retrouvé aux manettes d’un certain « GoldenEye » en 1995. De là, tout s’est emballé et Martin Campbell s’est retrouvé à la tête de grosses productions hollywoodiennes, comme « Le masque de Zorro » et sa suite ou encore « Vertical Limite« .
C’est au milieu de cette période-là que Martin Campbell, presque discrètement, a voulu faire un film « plus petit » et plus engagé. Un film qui serait moins dans le divertissement et bien plus dans l’émotion et une certaine prise de conscience. Ce film, sorti d’ailleurs directement en DVD, c’est « Sans frontière« , et même si on est loin des meilleurs films de Martin Campbell, même si le film est truffé de petits défauts et d’éléments pas essentiels, il a toutefois le mérite d’être fort, beau, touchant, et au-delà de ça, notamment durant une belle heure et demie, il raconte fort bien le bénévolat, sa difficulté, ces vies abîmées et ces âmes engagées. Et le tout est bien tenu par ses deux comédiens principaux, aussi sincères qu’investis. Bref, un petit Martin Campbell méconnu, qui mérite son petit coup d’œil.
Sarah, la vingtaine, assiste ce soir-là à un gala de charité pour venir en aide aux éthiopiens. Sarah est insouciante et mariée à un riche homme d’affaires, et alors que « la fête » bat son plein, un homme fait irruption dans la salle pour dénoncer l’hypocrisie de ces soirées-là. Cet homme, c’est Nick Ward, et c’est un homme de terrain confronté à la misère et la difficulté, voire même l’impossibilité de pouvoir accomplir sa mission. Pour Sarah, cette soirée-là et sa rencontre avec Nick va changer sa vie et son regard à jamais…
Sentiment quelque peu partagé sur ce petit cru signé Martin Campbell. Si sur l’ensemble de son film, Martin Campbell livre là un beau film et surtout un film intéressant de par ce qu’il dit et montre des missions humanitaires et conflits dans le monde, il n’empêche que son « Sans frontière » entre merveille et facilité, laisse un petit goût d’inégal.
Le souci avec « Sans frontière« , c’est qu’il se scinde en deux histoires. La première, c’est celle d’une femme qui ouvre les yeux sur un tout autre monde, et décide de s’investir corps et âme dans une cause. De ce côté-là, le film est impeccable, et on peut même dire que la plongée qu’offre Martin Campbell dès le début de son film est assez vertigineuse. Se déroulant sur une dizaine d’années, « Sans frontière » explore plusieurs crises et conflits, abordant la famine et les guerres en Ethiopie, s’aventurant au Cambodge avec les blessures des Khmers rouges ou encore et pour finir, en Tchétchénie dans les années 90. À travers tous ces conflits, Martin Campbell développe les missions des ONG, il parle de difficultés sur place, des confrontations ou encore la façon de composer avec les différentes autorités ou opposants, pour venir en aide aux populations. Martin Campbell aborde aussi les financements et la frontière qui peut être parfois très mince entre la légalité et l’illégalité.
Au milieu de tout ça, on découvre ces terrains et ces drames à travers le regard d’une femme qui prend conscience de tout ceci et surtout qui évolue et s’engage de plus en plus. De ce côté-là, le film est une très belle réussite et il est prenant, voire même bouleversant (je dois bien avouer que l’ouverture et toute la partie en Ethiopie m’a beaucoup remué). Mais voilà, presque de manière attendue, à travers cette histoire, se crée une deuxième, et c’est là où « Sans frontière » se relâche et tombe dans la facilité. La rencontre entre ces deux personnages, on le sait, on le devine tant c’est évident et cliché, donnera naissance à une histoire d’amour, et si Martin Campbell livre une histoire d’amour qui sort un petit des sentiers battus, car elle ne sera jamais pleinement assouvie, on restera toutefois sceptique devant, car elle pousse le film dans une love story hollywoodienne typique et c’est dommage. Le film, avec son fond, les conflits et les sujets qu’il explore, n’avait pas besoin de ça pour être fort et beau.
Ce sentiment de partage et d’inégal, on le retrouve aussi du côté de la mise en scène de Campbell, qui d’un côté livre une histoire d’amour assez convenue, même si elle sort des sentiers et de l’autre, il livre un film fort, avec une ambiance assez terrible, voire même glaçante. Des images puissantes et dures, des conflits recréés qui sonnent justes, mention aux décorateurs qui ont fait de terribles reconstitutions. Le film tient un rythme soutenu, même si les transitions d’une époque à l’autre sont peu subtiles. Puis au milieu de tout ça, il y a ce final, évident et presque logique, ce qui est quelque peu décevant.
Enfin, « Sans frontière« , c’est Clive Owen et Angelina Jolie et malgré l’histoire d’amour qui « plombe » un peu le film, il n’empêche que les deux acteurs sont très bons. Clive Owen en médecin d’une ONG grande gueule en fait peut-être un peu trop, mais le personnage est aussi attachant que convaincant et l’on a envie de le suivre. Quant à Angelina Jolie, elle est merveilleuse et le regard qu’elle porte sur sa vie, et ce qu’elle découvre, est bouleversant.
Entre deux « … Zorro« , Martin Campbell a voulu rendre hommage aux associations, ainsi qu’à ces hommes et femmes qui parcourent le monde pour apporter de l’aide et en ça, « Sans frontière » est un beau et bon film. Martin Campbell traite bien ses sujets, ose s’aventurer dans certaines zones d’ombre des associations qui composent parfois comme elles peuvent avec les autorités. Alors, même si son film est terni par cette romance hollywoodienne qui sonne presque comme une obligation, sur l’ensemble de son film, « Sans frontière » reste intéressant, beau, profond et touchant. Il ne reste peut-être pas comme l’un des immanquables de Campbell, mais il serait dommage de le bouder.
Note : 13/20
Par Cinéted