mars 29, 2024

Batushka – Hospodi

Avis :

Le monde du Black Métal est parcouru de quelques histoires croustillantes et pour le moins glauques que l’on ne va pas énumérer ici. Mais entre des actes de cannibalisme, des coups de feu, des tentatives de meurtre et des églises brûlées, la liste est assez longue et tout cela contribue à renvoyer une image malsaine de cette musique extrême. Pourtant, si on s’attarde un peu sur certains groupes, on va découvrir quelques petites pépites et des formations qui sont largement accessibles, dont Batushka. Groupe polonais fondé en 2015 et auteur d’un seul et unique album qui aura marqué le monde du Black de son empreinte, Batushka va se séparer. Mais se séparer de manière un peu hors norme. En effet, c’est un peu le bordel. D’un côté, on a Krzysztof Drabikowski et de l’autre, on a Bartlomiej Krysiuk. Les deux hommes se disputent, mais aucun en veut laisser les droits du groupe à l’autre. Du coup, on se retrouve aujourd’hui avec deux groupes du même nom, dont il est impossible de les différencier. Pas même au niveau d’un logo ou d’une police d’écriture. Bref, c’est la loose.

C’est en 2019 que les deux types sortent de l’ombre et proposent au public un album. Et les fans de se déchirer dessus. Alors soyons clairs, Il y a vraisemblablement un parti pris dans cette histoire et quand on regarde les notes des deux albums, ce n’est pas celui que l’on va chroniquer qui en sort vainqueur. Mais les raisons sont loin d’être purement artistiques. On sent une véritable véhémence dans les propos des fans envers Krysiuk, et de ce fait, Hospodi a pris cher dans la face. Cet album mérite-t-il tant de haine ? Certainement pas si l’on se place dans la peau d’un néophyte qui tombe un peu par hasard sur cet effort. Ce qui fut notre cas…

Le skeud débute avec un morceau d’ambiance, une introduction qui met en avant le délire religion orthodoxe un peu gothique sur les bords. L’entrée en matière, à base de litanies religieuses est plutôt intéressante et nous met dans le bain. L’album démarre vraiment avec Dziewiatyj Czas. Là aussi, le début est là, mais très rapidement, les riffs déboulent et un bon gros cri est émis. Si le côté Black peut faire peur avec sa double-pédale, il faut se dire qu’ici, c’est très accessible et que l’on pourrait presque se croire sur un album de Death un peu technique. Seule la voix fera écho au Black, mais elle ne sera pas aussi aigue que prévu. Les chœurs masculins en fond qui scandent « alléluia » font leur petit effet et on ne s’ennuiera pas devant ces grosses six minutes. Il y aura même un petit côté épique et dantesque au milieu du morceau, en guise de break.

En fait, le principal reproche que l’on peut faire avec cet album, c’est qu’il est vite répétitif. Les morceaux sont très longs, assez peu variés en leur sein, et on va vite se rendre compte qu’il manque une réelle identité au groupe. Pour autant, cela est loin d’être désagréable à l’écoute. Wieczernia débute presque comme un Ghost avant de partir vers un rythme plus lourd et plus rapide, où la double-pédale va taper fort. Cela est contrebalancé avec des chœurs religieux plutôt bienvenus et qui permettent d’aérer l’ensemble. Powieczerje sera un titre un peu plus tendu, plus nerveux, tout en mettant en avant une montée crescendo vers une violence qui reste tout de même maîtrisée. Car oui, même si on navigue dans du Black, ce côté de Batushka se veut accessible et agréable. Et c’est peut-être ça qui a fait du mal aux fans, qui auraient aimé certainement un truc un peu plus underground.

Parmi les morceaux les plus notables, il faut tout de même citer Utrenia. Bien lourd dans ses riffs, ultra puissant, dantesque dans son orchestration, nous faisons face à un gros titre qui exploite à merveille les thèmes du groupe et cette volonté de toujours mêler religion à quelque chose de sombre et impalpable. Le titre sait aussi se faire plus calme pour apposer une ambiance encore plus sombre avant le chant guttural du leader. Enfin, difficile aussi de passer à côté de Liturgiya, un très long titre qui clôture l’album de la plus belle des façons. Se terminant comme il débute, bouclant une boucle qui se termine en terre, Batushka version Krysiuk espère sûrement son passé, mais ce n’est guère le cas.

Au final, Hospodi, le premier (et dernier) album en date de Batushka, ne mérite pas du tout toutes ces mauvaises critiques. Certes, il est imparfait, manque d’une vraie patte artistique marquante, mais il ne faut pas renier ses qualités indéniables. A savoir de longs titres maîtrisés, une ambiance bien dosée qui joue avec les codes du Black et surtout, une musique extrême accessible qui semble être une bonne porte d’entrée pour le profane. Et rien que ça, c’est déjà pas mal.

  • Wozglas
  • Dziewiatyj Czas
  • Wieczernia
  • Powieczerje
  • Polunosznica
  • Utrenia
  • Pierwyj Czas
  • Tretij Czas
  • Szestoj Czas
  • Liturgiya

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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