avril 20, 2024

The Legend of Zelda – Breath of the Wild

Résumé :

Link se réveille d’un sommeil de 100 ans dans un royaume d’Hyrule dévasté. Il lui faudra percer les mystères du passé et vaincre Ganon, le fléau. L’aventure prend place dans un gigantesque monde ouvert et accorde ainsi une part importante à l’exploration.

Avis :

Dans l’univers des jeux vidéo, et particulièrement la sphère Nintendo, la sortie d’un nouveau Zelda est toujours un évènement majeur. Au fil des décennies, l’une des plus grandes références de l’action-RPG a su tirer parti des fonctionnalités et des performances des consoles conçues par le constructeur nippon. Quel que soit le média, les épisodes cultes se succèdent, comme l’éternel Ocarina of Time, le merveilleux The Wind Waker ou le sublime Twilight Princess. Sans dénaturer le matériau initial, chaque opus constitue une découverte à part entière du royaume d’Hyrule. Avec The Legend of Zelda – Breath of the Wild, la saga confirme ses fondamentaux tout en repoussant littéralement les frontières de son monde…

Une approche inédite de l’open world pour un résultat XXL

La notion d’open world est soumise à de nombreuses interprétations. Certains la considèrent par la possibilité d’arpenter une map gigantesque avec un minimum de cheminement imposé, d’autres l’assimilent à une liberté totale en accédant aux moindres recoins dès les premières minutes. Au fil des épisodes, la saga Zelda s’est distinguée par une exploration d’Hyrule plus ou moins conséquente. Le joueur avait le choix entre se concentrer sur la quête principale et découvrir des missions annexes, mais jamais avec une telle marge de manœuvre.

1.1 Une absence (presque) totale de limites géographiques

En l’occurrence, The Legend of Zelda – Breath of the Wild marque un précédent et pas uniquement pour la franchise de Nintendo. L’idée est de proposer une carte gigantesque d’entrée de jeu. D’emblée, il est possible de parcourir les plaines d’Hyrule, parler à quelques quidams ou arpenter les ruines d’anciennes cités. Rarement, le terme d’open world aura atteint un tel degré de développement. C’est bien simple, à aucun moment on a l’impression que le jeu possède une quelconque limite géographique ; exception faite de l’océan. Même les montagnes ou les reliefs les plus escarpés ne sont pas inaccessibles.

1.2 Des capacités qui encouragent à l’exploration du royaume

Link a en effet la possibilité de tout escalader. Bien entendu, il est nécessaire de prendre garde à sa jauge d’endurance et, au besoin de l’améliorer. Cependant, tout ce que l’on voit à l’écran et sur la ligne d’horizon peut être parcouru, soit plusieurs kilomètres carrés en perspective. Certains lieux sont particulièrement difficiles d’accès, tandis que d’autres sont prompts à de longues chevauchées. Contemplative à certains égards, l’approche n’est pas sans rappeler l’œuvre de Fumito Ueda dans la découverte de ce monde à part entière. Cela vaut également pour l’ascension et l’exploration des créatures divines.

1.3 Donner vie à Hyrule : une direction artistique remarquable

Afin de donner vie au royaume d’Hyrule, la direction artistique se montre particulièrement cohérente dans l’agencement des différentes zones. Déserts, marécages, volcans, plaines, montagnes, canyons, contrées enneigées… Chaque site possède des particularités qui lui sont propres. Ils disposent également de leur écosystème avec une flore et une faune, certes éparse, mais qui ajoute un semblant de réalisme à un univers de fantasy particulièrement enchanteur. Étant donné la taille des espaces, il sera aussi possible de gagner du temps en se servant des points de téléportation débloqués çà et là grâce à la découverte des sanctuaires.

Un royaume en péril, un héros et… une princesse à sauver ?

Qu’il s’agisse du présent volet ou d’un autre épisode, l’histoire de Zelda reste relativement convenue dans le sens où elle ressasse des enjeux similaires d’un opus à l’autre. Il est vrai qu’il peut y avoir des subtilités, des ajouts mythologiques qui viennent parfaire la légende au fil des époques et des affrontements avec Ganon (ou Ganondorf si l’on parle de son incarnation humaine). Cependant, elle demeure assez linéaire et manichéenne dans ses fondamentaux. Pour résumer succinctement, Link doit sauver la princesse Zelda et le royaume d’Hyrule contre un mal antédiluvien.

2.1 Une légende vue et connue de tous

En cela, The Legend of Zelda – Breath of the Wild ne réinvente rien ou presque. On reste toujours avec des tenants et aboutissants semblables. Pour les personnages principaux, comme pour les intervenants secondaires, il y a bien un background qui vient épaissir la narration. De même, le nombre de récits annexes tisse une trame particulièrement dense autour d’un évènement commun.

À savoir, la défaite des forces d’Hyrule, il y a 100 ans. On peut même y entrevoir une tonalité mature avec une considération de la mort plus sombre, notamment à travers la perte de proches, le sacrifice de soi ou encore les notions de destinée et libre arbitre. Ce qui constitue une prise de risque minimale pour fournir une progression fluide et néanmoins sans surprise ni fulgurance de ce côté. Avec un titre de cette envergure, on aurait tout de même espéré un effort notable pour soigner la scénarisation.

2.2 Une mise en scène sans fard

Cela se confirme également avec la réalisation et la rareté des cut-scenes. Celle-ci joue la carte du minimalisme. La présentation des créatures divines et le dénouement des missions afférentes ont beau se montrer spectaculaires, la mise en scène reste nettement en retrait. Il faut même se lancer dans une quête « annexe » pour retrouver les souvenirs perdus de Link et ainsi obtenir une scène cachée lors du final. Attention à leur chronologie chaotique si l’on ne prend pas garde à respecter leur ordre.

De même, certaines séquences sont recyclées lorsqu’il s’agit d’introduire et de conclure l’exploration des sanctuaires. Le travail aurait été plus colossal qu’il ne l’est déjà, mais un minimum de variation n’était pas pour déplaire, ne serait-ce que dans les échanges avec les divinités. Ce Zelda se contente donc des acquis et ressasse des faiblesses inhérentes à tout open world. L’immersion ne passe pas par la qualité de son intrigue ni sa réalisation, mais par l’expérience vidéoludique qu’il propose.

Des combats, des pouvoirs et des armes (périssables)

Pour tout action-RPG, les combats constituent l’un des aspects fondamentaux du gameplay. Éventail des coups, qualité de la maniabilité, fluidité des mouvements, positionnement de la caméra… Là encore, The Legend of Zelda – Breath of the Wild ne révolutionne pas le genre, mais fournit un système d’une grande richesse.

3.1 L’art du combat : un apprentissage long et plaisant

Les affrontements au corps à corps sont particulièrement dynamiques. La palette de coups permet de forger son propre style de combat avec un parfait équilibre entre défense et attaque. Le changement d’armes demeure fluide et bien pensé pour ajuster sa stratégie en fonction de l’évolution des confrontations. En effet, le rapport de force peut facilement s’inverser pour peu que l’on baisse sa garde, littéralement. À l’image des chevaux que l’on peut capturer, le jeu ne se laisse pas dompter immédiatement. On ne parlera pas d’une grande difficulté, mais d’un apprentissage progressif afin de tirer parti des compétences de Link, de l’environnement et des faiblesses des ennemis.

3.2 Jouer les opportunistes pour entretenir son inventaire et son arsenal

L’une des grandes particularités de cet épisode est de proposer un arsenal qui s’use et, après un certain nombre de coups, se casse. Cela vaut aussi bien pour les armes de mêlée, les arcs ou même les boucliers. Si l’on excepte une préparation rigoureuse, il n’est pas rare qu’une épée se brise sur un ennemi. L’idée a de quoi décontenancer puisqu’elle oblige à renouveler son inventaire de manière constante, à se lancer dans la recherche d’items. Il est recommandé de s’y habituer rapidement, car il s’agit d’une mécanique récurrente au fil de l’aventure. Il faut donc saisir la moindre opportunité de glaner des ressources naturelles, des trésors cachés ou les effets des ennemis occis.

3.3 De l’art de résoudre des énigmes avec la magie et d’améliorer ses capacités

À cela s’ajoutent d’autres éléments qui viennent enrichir l’approche. Cela tient, entre autres, aux pouvoirs de la tablette Sheikah tels que les bombes, la manipulation temporelle ou la création de blocs de glace. Ceux-ci ont surtout une grande importance pour la résolution d’énigmes. À ce titre, elles demeurent bien pensées avec une complexité graduelle selon le cadre et la difficulté à dénicher les sanctuaires. L’évolution des capacités de Link (endurance et vie) passe notamment par cette phase de recherche et de réflexion. On peut également évoquer la tenue du héros qui peut bénéficier d’amélioration pour peu que l’on trouve les sources de fées et que l’on dispose des matériaux nécessaires à leur optimisation.

La durée de vie : une œuvre colossale

Au vu de ce qui a été amorcé jusque-là, on devine un contenu conséquent, pour ne pas dire titanesque. De nombreuses sources arguent près de 200 heures de jeu, voire davantage. Cela peut paraître incroyable, voire improbable, mais cette estimation n’est guère exagérée, du moins si l’on compte s’y investir pleinement. Tout dépend de la manière d’appréhender l’aventure, de se contenter des éléments incontournables ou de s’immiscer dans moult missions annexes.

4.1 Des quêtes secondaires à profusion

Ces dernières sont légion. Elles peuvent provenir des habitants d’un village, comme de la nécessité à débloquer certains sanctuaires. De quelques minutes à plusieurs heures, leur importance varie grandement d’une quête à l’autre. Recherche de trésors, secours providentiel à des voyageurs téméraires, affrontements avec des créatures rares et puissantes…

 Il est même possible d’acheter une maison, d’aider un fermier à regrouper ses poules, de dénicher des noix de Korogus (pour augmenter la taille de son inventaire) ou de se lancer dans un inventaire exhaustif du bestiaire d’Hyrule. À la fois ludique et distrayant, chaque défi permet d’enrichir l’expérience initiale. Certaines missions constituent de véritables challenges pour se frotter à des ennemis retors ou des énigmes alambiquées.

4.2 Des sanctuaires pour se creuser les méninges

Assimilables aux classiques donjons, les 120 sanctuaires encouragent à explorer toute la carte. Entre deux combats, ils permettent de se lancer dans des phases de réflexion subtiles. Les premières font office d’échauffement pour les neurones. Par la suite, certains puzzles sont alambiqués et nécessitent de concilier sens de l’observation, pouvoirs de la tablette Sheikah et timing.

À ce titre, le level design se sert de l’architecture des lieux, comme un moyen pour résoudre une énigme. Il est parfois envisageable d’avoir plusieurs approches pour en venir à bout. Seul bémol à ce véritable plaisir cérébral, la fonction gyroscopique de la Switch reste mal optimisée dans la coordination des gestes du joueur. Elle reste heureusement peu mise à contribution.

4.3 Et la quête principale ?

Techniquement, on peut affronter Ganon au sortir du sanctuaire du souvenir. Cette possibilité peut faire la joie des speedrunners pour boucler le titre en moins de trente minutes (!), mais ne constitue pas un réel intérêt. La préparation de Link, la quête de l’épée légendaire et la délivrance des créatures divines demeurent un minimum.

Pour rappel, la recherche des souvenirs perdus de Link permet de mieux appréhender les enjeux et de débloquer une scène cachée au terme du jeu. Faute de quoi, on reste sur un (léger) sentiment d’inachevé. Prévoyez alors au bas mot 40 à 45 heures. Une centaine d’heures est nécessaire pour capter l’essence même du titre. La suite n’est que plaisir pour les plus persévérants qui souhaitent s’immiscer corps et âme en Hyrule. Tout cela sans compter sur les DLC Les Épreuves légendaires et L’Ode aux Prodiges.

En conclusion…

Aborder The Legend of Zelda – Breath of the Wild, c’est se lancer dans une histoire sans fin. On sait à quel moment cela commence, mais pas quand l’aventure se termine. Afin de profiter pleinement de l’aura de cet épisode, il est nécessaire de faire preuve de patience et d’avoir le temps de s’y plonger. Certes, le jeu n’est pas exempt de reproches et de maladresses. On songe notamment à une histoire aux enjeux éculés et une réalisation qui manque de panache, contrairement à la direction artistique et aux compositions musicales.

Pour autant, l’œuvre de Nintendo redéfinit les codes de l’open world. Même avec les techniques « limitées » de la Switch, les développeurs démontrent qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’une puissance faramineuse pour repousser les frontières d’un concept vidéoludique. Il s’en dégage un sentiment d’évasion permanent qui encourage à l’exploration. Un monde où la fantasy reste synonyme de merveilleux. D’une densité sans pareil, The Legend of Zelda – Breath of the Wild s’avance comme un action-RPG remarquable et mémorable.

Note : 17/20

Par Dante

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