avril 25, 2024

Battlefield V

Résumé :

Le soft propose de revivre les batailles de la seconde guerre mondiale, avec des décors destructibles et une nouveauté bien dans l’ère du temps pour la franchise : un mode Battle Royale.

Avis :

Grâce à son contexte et à sa mise en scène, Battlefield 1 se révélait un FPS notable dans un genre où la concurrence est particulièrement rude. Contrairement à Call of Duty, la saga de Dice ne s’annualise pas, privilégiant un contenu plus dense sur la durée. Preuve en est avec les « War Stories » en solo et les modes de jeu en ligne supplémentaires. Toutefois, Battlefield V semble emboîter le pas à son principal rival (Call of Duty WWII) en s’insinuant en pleine Seconde Guerre mondiale. Depuis près d’une décennie, une période quelque peu tombée en désuétude dans le paysage vidéoludique. De prime abord, ce nouveau volet arrive sur le tard et paraît opportuniste.

Pourtant, Dice va s’efforcer de proposer des points de vue différents en utilisant une structure similaire à son prédécesseur. Sans altérer la cohérence de l’ensemble, les « War Stories » ont le mérite de varier les situations, de par la nature des missions et des environnements, tout en respectant une ligne directrice. Un processus narratif qui dynamise chaque histoire, sans faire preuve de remplissage ou de verbiage à outrance. Par ailleurs, le concept permet également de mettre en avant certaines valeurs, outre l’héroïsme exacerbé de certains titres. En l’occurrence, Battlefield V évoque des récits oubliés ou plutôt occultés.

On songe à l’opération Albumen à laquelle ont participé des repris de justice aux « compétences » particulières ou encore à cette incursion en Norvège pour la bataille de l’eau lourde. Soit dit en passant, cette dernière mission a été essentielle afin de contrer les ambitions du régime nazi pour développer des armes nucléaires. On apprécie également la possibilité de se trouver du côté allemand pour « Le Dernier tigre ». Sans se fourvoyer dans des allusions déplacées, eu égard au patriotisme des troupes ou à leur fanatisme, elle a le mérite d’atténuer le manichéisme généralement constaté en pareilles circonstances. Dans une certaine mesure, le traitement est similaire au film de Bryan Singer, Walkyrie.

Mais c’est surtout la mission du débarquement en Provence, dans la peau d’un tirailleur sénégalais qui se révèle marquante. On y prend la pleine conscience de la participation des factions colonialistes au conflit, le dédain de la hiérarchie militaire et l’occultation de l’Histoire elle-même. On dispose alors d’un regard différent sur l’importance de leur implication et de leur rôle dans la chute du IIIe Reich. Un aspect totalement délaissé par les manuels et les livres d’histoire, où les préjugés raciaux déterminent ce qui mérite de passer à la postérité ou pas. En cela, les missions traduisent un intérêt notable pour aborder le conflit avec recul et gravité, sans pour autant sombrer dans la complaisance et la facilité.

Si Battlefield V récite sa leçon sans fausses notes sur le fond, le titre n’est pas exempt de reproches sur la forme. Il est difficile de ne pas faire l’impasse sur un manque d’innovations flagrant. Certes, le gameplay est rôdé. Il répond au doigt et à l’œil sans faire de fioritures. On peut tout de même déplorer une intelligence artificielle prévisible, voire idiote, en de nombreuses occasions. Cela se vérifie surtout lorsqu’on tente de s’infiltrer ou la facilité de tromper les troupes quand les alarmes sont sabotées. De même, on regrette que l’usage des véhicules soit en retrait pour cet opus (du moins, en solo), n’en déplaise à la vastitude des cartes. Ces dernières sont, par ailleurs, clairement forgées pour le multijoueur.

Les missions ont beau faire montre de variété dans le cadre ou les enjeux narratifs, les objectifs présentés le sont nettement moins. La conquête des territoires, le sabotage en règle d’infrastructures ou encore une bête capture de drapeaux… Autant de points qui mériteraient de trouver une approche différente pour rendre l’ensemble moins prévisible, et ce, en dépit d’une énergie qui ne faiblit à aucun instant. Même la destruction des environnements s’avère moins percutante et prépondérante que dans Battlefield 1. Autrement dit, les nouveaux venus apprécieront la découverte du titre, tandis que les habitués de la franchise pesteront contre un contenu qui ne se renouvelle guère.

Quant à la durée de vie, elle varie selon le profil et le degré de persévérance de chaque joueur. Limiter cette incursion dans la Seconde Guerre mondiale au seul mode solo et l’aventure se boucle entre 5 et 6 heures. Il y a bien la recherche de quelques secrets ou des modes de difficulté extrêmes, mais rien qui n’encourage vraiment à un acharnement, hormis pour les plus perfectionnistes. En ce qui concerne le multijoueur, l’a priori est tout autre pour peu que l’on dispose d’une communauté fidèle et que l’on ne se lasse guère des confrontations. À noter que Battlefield V est nettement plus plaisant et stable que Call of Duty Black Ops 4, sorti à quelques mois d’intervalles.

Au final, Battlefield V fait le job en se reposant sur les lauriers du précédent opus. La qualité des « War Stories » offre un regard différent sur la Seconde Guerre mondiale. Ce qui présente un vrai contraste avec le contenu prémâché qui n’apporte strictement rien à la saga de Dice et au genre. On regrette une IA de décérébré, des objectifs répétitifs et une mauvaise exploitation des possibilités d’approche. En général, la mission oriente sciemment les décisions du joueur pour privilégier l’infiltration ou la confrontation directe. Il en ressort un FPS correct qui profite d’une narration plus soignée qu’à l’accoutumée. Cependant, il est à déplorer une originalité totalement absente sur le fond qui atténue un constat globalement favorable.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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