avril 20, 2024

Edith et Marcel

De : Claude Lelouch

Avec Evelyne Bouix, Marcel Cerdan Jr., Jacques Villeret, Francis Huster

Année : 1983

Pays : France

Genre : Biopic

Résumé :

Deux histoires d’amour en parallèle : celle, célèbre, de la chanteuse d’Edith Piaf et du boxeur Marcel Cerdan, et celle, moins spectaculaire, de Margot de Villedieu et Jacques Barbier.

Avis :

La carrière de Claude Lelouch est un accordéon. Comme bien des cinéastes, Claude Lelouch est capable de l’excellence, du bon, du moins bon et du très mauvais. Quand certains metteurs en scène prennent un certain temps pour passer d’un film à l’autre, Claude Lelouch est une machine de guerre, enchaînant les tournages sans répit (et ça, encore aujourd’hui), alors forcément, avec vingt-deux films en vingt ans (moment où sort le film sur lequel on s’arrête aujourd’hui), tout ne peut être bon et bien.

À la fin des années 70, Claude Lelouch se tape un échec cuisant avec « À nous deux« . Qu’importe, il revient alors en 1981 avec « Les uns et les autres » qui sera l’un de ses plus beaux succès. Pour son film suivant, Claude Lelouch a envie de filmer les amours d’Edith Piaf et Marcel Cerdan. Si au départ le film devait être tenu par Evelyne Bouix et Patrick Dewaere, le suicide de ce dernier remit beaucoup de choses en question, au point que Claude Lelouch a bien failli abandonner son projet à quelques semaines du tournage. C’est alors qu’une idée lui est venue : et s’il engageait le fils de Marcel Cerdan. Voilà pour la petite anecdote. À sortie, « Edith et Marcel » fut un terrible échec auquel Claude Lelouch ne s’attendait absolument pas et cet échec est dommage, car même si « Edith et Marcel » est loin d’être l’un des meilleurs Lelouch, il reste un film qui, quand il se pose sur l’histoire d’amour entre Piaf et Cerdan, demeure beau et touchant.

Edith et Marcel, deux monstres sacrés de l’histoire de France. Deux monstres qui vont se rencontrer à New-York et de là va naître une magnifique histoire d’amour. Une histoire d’amour qui sera interrompue brutalement en Octobre 1949, avec la mort de Marcel Cerdan dans un crash d’avion.

S’il y a bien une chose qu’on retrouve dans quasi toute la filmographie de Claude Lelouch, c’est l’amour. Claude Lelouch est passionné par les histoires d’amour, qu’elles finissent mal ou non. Alors quand Claude Lelouch s’attaque à l’histoire d’amour entre la Môme Piaf et le célèbre boxeur, forcément, l’idée donne envie.

« Edith et Marcel« , c’est un film fleuve, c’est du romantique et du romanesque. « Edith et Marcel« , c’est deux heures quarante d’amour, de passion et de joie de vivre. Mais « Edith et Marcel« , c’est aussi un film étrange, notamment quand Claude Lelouch décide de filmer deux histoires, de mettre deux histoires d’amour en parallèle. L’une spectaculaire et connue de tous, l’autre totalement inconnue et ordinaire, et ce choix nous laisse assez dubitatif.

Si l’histoire d’amour entre Piaf et Cerdan est belle, voire magnifique, avec cette passion que Lelouch filme si bien, avec ce sentiment amoureux qui ferait faire n’importe quoi, il est vrai qu’on a bien du mal à comprendre le choix de Clade Lelouch de nous entraîner en même temps dans une autre histoire, surtout que cette dernière casse le rythme de son film, apportant de la longueur à l’ensemble, ainsi que beaucoup d’interrogations et ce sentiment est franchement dommage, car avec cette histoire en décalée, Claude Lelouch offre un rôle magnifique et touchant à Jacques Villeret. En fait, à bien y penser, ces deux histoires auraient mérité un film chacune, car c’est l’emboîtement des deux, au sein de ce film, qui ne fonctionne pas et nous laisse dubitatif.

« Edith et Marcel« , c’est un projet ambitieux et Claude Lelouch s’est donné les moyens de le mettre en œuvre. Film fleuve de deux heures quarante, film qui passe par toutes les bousculades de l’époque, film qui voyage énormément, Claude Lelouch a très bien su retranscrire les époques et les ambiances. Du côté de sa réalisation, comme toujours chez Lelouch, le film est bien trop riche, montrant encore une fois la folle envie de cinéma de son réalisateur. Mais ce trop-plein fait que le récit navigue entre sublime et décevant, passionnant et ennuyant. Outre le fait que ces deux histoires n’arrivent pas à fonctionner ensemble, le film a ses baisses de régime, allant de la folle épopée amoureuse à quelque chose de plan-plan et de moins intéressant.

Enfin, on ne peut passer à côté du casting de folie que nous a réunis ici Claude Lelouch. Jean-Claude Brialy, Charles Aznavour, Jacques Villeret, Francis Huster, Charlotte De Turckheim, Charles Gérard, Jean Bouise, Jean-Pierre Bacri, Philippe Khorsand… Chaque comédien tient très bien son rôle, même s’il y en a certains qu’on ne comprend pas vraiment (oui, on en revient toujours à cette histoire parallèle). Mais parmi tous ces comédiens, il faut mentionner Evelyne Bouix qui dans le rôle de Piaf fait des merveilles, alors même qu’elle ne lui ressemble pas et qu’elle ne cherche pas à l’imiter. Evelyne Bouix est touchante, amusante, passionnée et elle arrive sans mal à convaincre. Face à elle, Marcel Cerdan Jr. n’est pas vraiment bon, mais il arrive à dégager son petit charme, qui fait que malgré un jeu assez limité, il est attachant.

L’échec d’Edith et Marcel au moment de sa sortie est compréhensible, car pour on ne sait quelle drôle d’idée, Claude Lelouch a voulu s’éparpiller en filmant plusieurs histoires en même temps, ce qui a tendance à nous sortir de son film, nous posant la question du pourquoi ce choix. Après, au-dessus de ça, quand Lelouch se pose sur l’histoire d’amour de Piaf et Cerdan, son film reste beau, souvent intense, et émouvant, et rien que pour ça, il mérite qu’on s’y arrête.

Note : 14/20

Par Cinéted

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