Avis :
C’est malheureux à dire, mais les meilleurs groupes de Death viennent globalement des pays scandinaves. Outre le fait que la quantité force, à quelque part, à la qualité, puisqu’avec le nombre, on trouvera forcément notre compte, il se dégage de ces groupes une ambiance, une envie de se défaire des codes de la musique commerciale. Ainsi donc, chaque année, on trouve notre lot de nouveaux groupes qui ont tout des grands et qui, on l’espère, perceront et trouveront le chemin des concerts populaires. Dernière découverte en date, Legbah. Fondé en 2011 en Suède, à Karlskrona pour être plus précis, c’est six ans plus tard que le groupe fera parler de lui avec un premier album éponyme. Sorti en 2017, Legbah est à ce jour (j’écris ces lignes en 2020) le seul et unique album de la formation, stable depuis sa création, à peu de choses près. Relativement court, dépassant avec grande peine la demi-heure, cet album va pourtant fournir un parfait échantillon de ce que le groupe peut donner sur scène, comme sur un concept un peu plus long. Car en effet, si la durée de l’album sera sa principale faiblesse, Legbah fait preuve d’un savoir-faire exceptionnel et n’hésite pas à mélanger le Death avec le Heavy, mettant même quelques notes plus Hard pour de beau solo. Bref, vous l’aurez compris, c’est bien.
Le skeud débute avec une petite intro avec Sorg, qui dure presque trois minutes et qui est totalement instrumentale. Doux au départ, avec une petite guitare sèche, le morceau évolue au fur et à mesure, laissant de plus en plus de place à de bons gros riffs et à une mélodie qui accroche immédiatement. Cela permet de bien démarrer avec Ignited by One, un son qui peut paraître simpliste et très cadré, mais qui n’hésite pas à envoyer la sauce dès le démarrage. L’ensemble est porté par la puissance vocale d’un chanteur en pleine possession de ses moyens qui manie un growl s’accordant parfaitement au rythme du titre. Le petit break tout doux qui permet de lâcher les chevaux par la suite est percutant et offre finalement un Death très intéressant malgré son classicisme. C’est avec Words Will not Return que Legbah marque énormément de points. Le titre est long, mais parfaitement maîtrisé et surtout, il allie parfaitement des strates très Death avec des nappes mélodiques Heavy du plus bel effet. Sans jamais tomber dans une surenchère ou une perte d’équilibre, le groupe trouve un juste milieu osmotique qui à la fois touche et donne envie de sauter dans tous les sens.
Avec Vision and the Void, Legbah continue son exploration d’un Death qui tente, par tous les moyens, de s’affranchir des codes du genre. A la fois doux au départ, avec une longue intro qui fait écho au premier titre, les riffs vont permettre de livrer une jolie prestation très Heavy sur le fond, mais qui s’accorde très bien avec le Death recherché. Encore une fois, le mélange à la perfection et on va se surprendre à hocher la tête plus d’une fois. Höstvisa est un interlude instrumental qui permet de faire une petite pause et surtout de montrer l’étendue du groupe. A la fois technique et doucereux, le titre offre un joli liant avec le morceau suivant, The Destroyer. Monolithique au possible, virulent et sans aucun temps mort, nous faisons face à un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage et qui s’avère très différent des autres titres. Ici, la puissance prévaut sur tout le reste et on voit que Legbah en a encore sous le pied pour nous réserver de belles surprises. Enfin, Toward the Burning Path sera le morceau le plus long, le plus complexe et peut-être qui lorgnera le plus vers un côté Death Prog fort agréable. Alors oui, ça tabasse fort, mais c’est maîtrisé et surtout, c’est très différent de ce que l’on a eu auparavant. Le seul gros bémol de cet album, c’est sa durée. Une petite demi-heure, pour du Death, c’est trop peu et on en reprendrait bien une autre louche.
Au final, Legbah, le premier album du groupe du même nom, est une très belle réussite. Alternant entre un Death assez classique et un Heavy qui permet à la formation de se lâcher sur les compos et les solos, Legbah offre un panel technique impressionnant et une belle production pour un tout jeune groupe. On espère vraiment que les suédois vont revenir avec un album plus dense, plus long, histoire de nous en faire profiter un peu plus.
- Sorg
- Ignited by One
- Words Will not Return
- Vision and the Void
- Höstvisa
- The Destroyer
- Toward the Burning Path
Note : 17/20
Par AqME