décembre 11, 2024

Enola Holmes

De : Harry Bradbeer

Avec Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin, Helena Bonham Carter

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Aventure, Policier

Résumé :

Enola, la jeune sœur de Sherlock Holmes, met ses talents de détective à l’épreuve pour tenter de retrouver sa mère disparue et déjouer une dangereuse conspiration.

Avis :

Parmi les personnages fictifs les plus adaptés au cinéma, Sherlock Holmes tient une place de choix, se trouvant largement devant Dracula, par exemple. Donc forcément, des histoires sur le plus célèbres des détectives, on en a eu à la pelle. Et pour les producteurs, il faut trouver de nouvelles façons de faire vendre la « franchise » Holmes, si l’on peut dire ainsi. Sorti en 2006 puis en 2007 en France sous le titre La Double Disparition, le premier roman mettant en scène la sœur cadette de Sherlock et Mycroft Holmes est un succès, lançant une franchise qui se déclinera même en bande-dessinée. Un tel succès ne pouvait donc échapper à la case adaptation cinématographique et c’est sur Netflix que l’on peut retrouver cela en la présence de la « bankable » Millie Bobby Brown (Stranger Things). Se voulant un brûlot féministe en plus d’une enquête palpitante pour retrouver une mère disparue, qu’en est-il vraiment de ce film ? Renouveau pour les Holmes ou coup d’épée dans l’eau ?

Un Divertissement Ludique

Le scénario du film est relativement simple. Enola vit seule avec sa mère, puis un beau jour, cette dernière disparait. Laissant des indices à sa fille, elle se décide de se mettre à sa rechercher et va se retrouver dans un Londres tentaculaire et dangereux. Bien entendu, elle va rencontrer ses deux frères, avoir plus ou moins d’affinités avec eux, puis elle va trouver un baron qui sera au sein d’un complot, plus ou moins en lien avec la disparition de sa maman. Pitch éculé et vu et revu, cela n’empêche au film d’être divertissant. Dynamique, enjoué et sans temps mort, Enola Holmes peut se targuer d’emprunter des sentiers rafraîchissants au sein d’une intrigue vieille comme le monde. D’autant plus que certains éléments resteront en suspens histoire de donner du grain à moudre aux spectateurs et que certaines thématiques sont assez intéressantes à explorer pour la suite.

Néanmoins, ce n’est pas temps grâce à son histoire somme toute classique qu’Enola Holmes gagne ses traits de noblesse. Si tant est que noblesse il y a sur une production plutôt formatée. La vraie force de ce film, c’est sa mise en scène qui s’inspire de choses qui existent déjà, mais s’en sert avec une volonté de briser certains codes. Si le fait de briser le quatrième mur est un élément « rigolo », il n’apporte pas vraiment de sens à l’histoire, si ce n’est d’expliquer à outrance les modes de fonctionnement de l’héroïne. Fort heureusement, c’est plus dans le dynamisme de la mise en scène que l’on se régalera, Harry Bradbeer n’hésitant pas à s’inspirer du style de Guy Ritchie, insufflant de l’énergie, des séquences ultra cut et même des moments en animation qui sont intéressants. Alors oui, ce n’est pas forcément original, mais cela colle parfaitement avec l’ambiance du film, avec cette espèce de bonhommie ambiante qui berce tout le métrage.

Un Film Féministe ?

Tout n’est pas parfait dans Enola Holmes, loin de là. Si on gratte un peu la surface superficielle du métrage, on découvre tout de même un film assez vide et très maladroit sur certains de ses sujets. En effet, le film s’est toujours revendiqué comme féministe, notamment grâce à la présence de son héroïne, qui va s’affranchir de ses frères et résoudre les enquêtes plus vite que Sherlock Holmes. Sauf que là, son investigation va servir à un homme, jeune et beau, lui permettant de briller en société en devenant lord, alors qu’elle reste dans l’ombre. Jamais la pauvre Enola ne va s’épanouir ailleurs que dans le carcan qu’on lui impose, et pire que tout, elle se retrouve à être la faire-valoir d’un homme. Alors comme film féministe, on a vu mieux…

Mais outre son aspect faussement féministe, le film se fourvoie aussi dans les relations qu’entretiennent les personnages. Enola se retrouve seule, et elle va tisser des liens d’amitié avec Sherlock. Sauf que ce dernier n’en a eu rien à foutre pendant seize longues années, et d’un coup, il veut s’occuper d’elle, y voyant un concurrent de taille. Quant à Mycroft, c’est une belle ordure qui ne voit que par sa notoriété et son étiquette. Le film ne prend jamais le temps de vraiment construire des liens solides entre les trois personnages, préférant largement se concentrer sur Enola et son quatrième mur qu’elle brise constamment pour afficher un statut cool et détendu. Malheureusement, il en ira de même avec les antagonistes, qui ne seront pas intéressants et très peu travaillés. On restera sur une histoire plate qui suit son cours, avec une résolution finale faussement alambiquée qui manque de mordant.

Et c’est bien tout ce qui manque à ce Enola Holmes pour dépasser son cadre de simple divertissement de masse. Que ce soit dans la finalité de son scénario, dans ses personnages, ou même dans ses acteurs, le film manque clairement de niaque, de nervosité et d’un peu de politiquement incorrect. Tout est trop sage, tout est trop téléphoné au niveau des relations et finalement, aussi sympathique soit-il Enola Holmes reste un film Netflix lambda, qui s’étire trop en longueur et qui mise bien trop sur son casting luxueux. Millie Bobby Brown cabotine comme jamais. Henry Cavill est toujours charismatique mais il campe un Sherlock transparent. Sam Claflin en fait des caisses et seule Helena Bonham Carter reste assez sobre dans sa prestation. Une maigre consolation.

Au final, Enola Holmes reste un divertissement relativement bancal mais qui tient le coup grâce à la fraîcheur de sa réalisation et à son côté débonnaire qui fait passer un bon moment. Cependant, difficile de passer outre certaines aspérités d’un scénario fainéant et d’un film faussement féministe, qui enfile les clichés sur plus de deux heures. C’est bien dommage car il y avait matière à faire mais le film reste trop estampillé Netflix, avec tous les stéréotypes que l’on connait maintenant pour pleinement convaincre.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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