De : Lucas Belvaux
Avec Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer
Année : 2020
Pays : France
Genre : Drame, Historique
Résumé :
Ils ont été appelés en Algérie au moment des » événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Avis :
Lucas Belvaux est un réalisateur belge qui exerce depuis presque une trentaine d’années. Au cours de sa carrière, Lucas Belvaux a touché à un peu tous les styles, du drame à la comédie, en passant par le thriller. Mais depuis un petit bout de temps, le réalisateur se fait de plus en plus politique, avec des prises de positions ouvertes et ces prises de positions ont même pris la forme d’un long-métrage, il y a trois ans de cela, avec « Chez nous« . Film qui n’hésite pas à pointer du doigt un parti extrémiste de droite, dirigé par une femme blonde…
Depuis « Chez nous« , Lucas Belvaux avait disparu des radars. Cette année, le réalisateur refait surface avec « Des hommes« , film qui aurait dû être présenté sur la Croisette en Mai dernier, mais pour cause de pandémie, il sera présenté à Deauville, dans le cadre de Cannes à Deauville. Après les extrémistes de droite, Lucas Belvaux a décidé à nouveau de se faire politique et cette fois-ci, il a décidé d’aborder la guerre d’Algérie, ses horreurs et les séquelles qu’elle a pu laisser sur ses survivants. Si le film demeure intéressant sur plus d’un point, malheureusement pour nous, Lucas Belvaux se rate et livre un film lourd et épuisant de voix off.
Ils ont été appelés en Algérie au moment des événements en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois, il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Quelle déception que ces « … hommes » de Lucas Belvaux. Une déception qui se fait même incompréhensible, tant le film est étonnant dans son raté. La guerre d’Algérie et les séquelles qu’elle a pu infliger à ses survivants, franchement le sujet fait envie, surtout quand c’est Lucas Belvaux qui s’en empare, après « Chez nous« .
Avec ce film, le réalisateur belge a décidé de nous raconter, à travers plusieurs personnages, des ressentis et des vécus. Tenant des sujets vraiment intéressants, abordant les horreurs de la guerre commises des deux côtés, « Des hommes« , pour bien des réflexions et des mises en lumière, est un film qui mériterait son coup d’œil. Même si sur l’ensemble, il est raté et l’on y reviendra, il faut toutefois lui laisser que sur plus d’un plan, plus d’un axe, « Des hommes » parle très bien de la guerre et de comment elle peut marquer des hommes à vie. Avec cette guerre, Lucas Belvaux questionne la légitimité de la France à se retrouver présente en Algérie. Le réalisateur parle des faits pendant la guerre, mais aussi le comportement de la France après la guerre, laissant beaucoup de gens sur place, livré à un destin funèbre. Le réalisateur aborde aussi la guerre à travers le regard de jeunes d’une vingtaine d’années, désireux de vivre, et se posant pour certains la question du bien-fondé de ce conflit. D’ailleurs de ce côté-là, le film peut se faire touchant, en plus d’être intéressant.
Mais voilà, malheureusement pour Lucas Belvaux et pour nous, pour le reste, le réalisateur s’est planté. Si l’on passera au-dessus des incohérences ou encore des confusions dans ce qu’il nous raconte. Le véritable souci de ce film, c’est l’omniprésence non pas d’une voix off, mais bien de plusieurs voix off, qui polluent en pensées et réflexions tout le film. Sur les une heure quarante que dure « Des hommes« , il doit bien y avoir plus des trois-quarts du film qui est parcouru d’une voix ou plusieurs voix off, qui en plus de nous embrouiller, car on ne comprend plus qui raconte quoi et pour qui, ça finit par être aussi agaçant qu’épuisant. De plus, ces voix off ne résonnent en aucun cas comme des réflexions naturelles, non, le tout est enfoncé à la truelle, certains passages sont vraiment très, très loin, le final pourrait presque en déclencher des rires nerveux, tant on finit par se demander quand est-ce que ça va s’arrêter.
Du côté de son casting, Lucas Belvaux nous a trouvés de jeunes comédiens qui en dépit de ce que j’ai pu écrire plus haut, sont bons et leurs personnages sont assez touchants, même s’ils sont plombés par ces voix off. Ainsi, Yoann Zimmer, Edouard Sulpice et Félix Kysyl sont de belles découvertes. Pour les autres, outre le fait d’avoir des personnages sous-employés, (Catherine Frot surtout), ce film nous propose un Gérard Depardieu mauvais au possible. Un Depardieu en roue libre totale qui en fait des caisses et des caisses avec un personnage qu’on a bien du mal à cerner. D’ailleurs, tous les personnages adultes, on a bien du mal à les cerner.
« Des hommes » de Lucas Belvaux était un projet qui partait de manière intéressante, le réalisateur s’arrêtant sur la guerre d’Algérie, mais final, malgré des éléments intéressants, « Des Hommes » est surtout un film épuisant qui ne cesse de bavarder en off, jusqu’à ce que l’on en puisse plus.
Note : 07/20
Par Cinéted