Titre Original: The Countess
De : Julie Delpy
Avec Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl, William Hurt
Année : 2009
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se trouve à la tête d’un vaste domaine et
d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend
progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour
devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle – dictant ses conditions
jusqu’au roi lui-même.
Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse mais
celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle.
Sombrant progressivement dans la folie, Elizabeth, à la suite d’un accident, se persuade que le
sang de jeunes vierges lui procure jeunesse et beauté. Elle commence à prendre des bains dans le sang des jeunes filles du château puis de la région. Débute alors une série d’actes sanglants
et diaboliques…
Avis :
Julie Delpy est une cinéaste de talent qui le prouve encore une fois avec ce portrait de femme redoutablement maîtrisé. Après son réjouissant « 2 days in Paris » la plus américaine de nos françaises revient avec ce troisième film très différent, mais tout aussi bon, voir même meilleur.
Le film nous raconte la vie d’Erzsebet Bathory, comtesse hongroise qui est à la tête d’une immense fortune au 17ème siècle.
Admirée de tous, mais crainte aussi par tout le monde, la légende veut qu’après une liaison avec un jeune homme, elle est perdue peu à peu la tête et s’est lancée dans la quête de la jeunesse. L’histoire retiendra une meurtrière sans scrupule.
J’aime le cinéma de Julie Delpy et j’ai plus qu’adoré cette comtesse. Derrière l’histoire et l’horreur que raconte le film, je trouve que Julie Delpy a réalisé là un superbe et cruel portrait de femme. C’est un film qui s’avère être très étonnant, aux vues des autres films de la réalisatrice, qui sont plutôt tendres, drôles et légers, celui-ci en est l’inverse total. C’est un film audacieux et la reconstitution de son époque est pleinement réussie.
C’est un film envoûtant aussi par son histoire sombre, voir glaciale, cruelle et sanglante, sa photographie qui est tout aussi inquiétante que la tension qui ne cesse de monter au fur et à mesure que le film avance. La fin est sublime et dramatique. Elle comporte tout ce qu’il fait les grandes tragédies, j’avoue qu’elle m’a beaucoup ému.
J’ai adoré comment Delpy a construit ce portrait. C’est un portrait complexe et plein de contradictions que filme la réalisatrice. On n’est pas dans la caricature de la femme froide et mauvaise, c’est l’histoire qui la rendra ainsi.
Au début du film c’est une femme un peu rude, mais lumineuse, elle est attachante, surtout qu’on connait son enfance, que Julie Delpy a très bien raconté même si c’était court. On prend plaisir à la voir s’éprendre de ce jeune homme. C’est une femme forte, passionnée, indépendante, en avance même sur son époque, mais toute cette force cache en fait une fragilité à fleur de peau et un certain manque de confiance et c’est ce qui la conduira à sa perte.
J’ai trouvé sa vie bouleversante, malgré les horreurs qu’elle fera par la suite dans son histoire. D’ailleurs il faut noter que Julie Delpy part assez loin, mais ça ne tombe jamais dans le glauque. Elle arrive à faire que, même si elle est affreuse et que ses méthodes sont immondes, on l’aime et que l’on est presque près à la pardonner. Et c’est là que réside tout le talent de la réalisatrice, c’est-à-dire que son personnage est si fort et attachant que j’avais presque envie qu’elle s’en sorte.
Julie Delpy a encore une fois très bien choisi ses comédiens. Elle s’offre le premier rôle et l’actrice y fait des merveilles, capable d’être bonne comme détestable d’une scène à l’autre. Ses confessions sont prenantes et puis cette façon presque à regret de faire ce qu’elle fait, mais elle ne peut faire autrement. J’ai trouvé l’actrice excellente dans chaque scène. Daniel Brühl y est aussi émouvant que Delpy. L’acteur qui retrouve la réalisatrice pour la deuxième fois se voit confier un rôle plus important et c’est un excellent choix. Il apporte beaucoup à l’histoire et au personnage. C’est un acteur que j’adore et qui choisit très bien ses projets, au point pour l’instant de ne pas avoir fait de fausses notes. C’est avec plaisir qu’on retrouve la prestance de William Hurt dans un rôle fourbe. Anamaria Marinca et Frederick Lau complètent cet excellent casting.
Maintenant que j’ai vu tous les films de Julie Delpy et peut-être aussi parce que je suis encore sous l’enchantement du film et le charme terriblement dramatique de l’histoire, mais « La Comtesse » est bien le meilleur film de la réalisatrice. Excellent, magnétique, éprouvant, cruel, ambitieux, émouvant, c’est à voir à tout prix.
Note : 17/20
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Par Cinéted