Avis :
A-t-on encore des choses à prouver quand on a gagné un Grammy Award, que l’on a été nommé deux fois aux Brit Awards dans la catégorie des meilleurs chanteurs, que l’on est entré dans le Rock and Roll Hall of Fame et que le magazine Rolling Stone nous a placé dans les 100 artistes les plus importants du monde ? Parce qu’Elvis Costello, c’est tout ça et bien plus encore. Initiateur de la scène pub rock dans les années 70, l’auteur/compositeur/interprète se fout royalement de ce qui fait le succès et vogue au fil de ses envies. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fut plus ou moins oublié du grand public. Mais peu lui chaut, l’homme fait ce qu’il lui plait et une partie de ses fans l’ont suivi dans ses frasques musicales. Pour son dernier album, le 36ème il me semble, l’homme s’est associé avec The Roots, un groupe de rap qui s’est formé en 1987. Alors on pourrait croire qu’Elvis Costello s’est laissé embrigader dans une facilité artistique dans l’espoir de renouer avec le grand public mais il n’en est rien car The Roots est un groupe qui est très influencé par le jazz, la soul et qui possède une démarche sobre et dont la présence des instrumentalistes sur scène est une exception. Wise Up Ghost est donc une association qui possède plein de promesses, mais qu’en est-il vraiment ?
Le skeud commence avec Walk Us Uptown et il faut dire que ça commence assez mal. Un début électro, une batterie purement rap, une voix assez faiblarde. Heureusement, le piano et le rythme lancinant vont faire que cette chanson sera un peu moins pénible. Mais il n’y a rien de bien folichon là-dedans. On sent bien les influences de la Motown et de la musique afro-américaine, mais cela reste trop classique et la voix n’est pas assez chaude. Heureusement pour nous, le deuxième morceau sera beaucoup beaucoup mieux. Sugar Won’t Work est tout ce qui est bon dans la soul musique. Un clavier bien présent, un rythme de guitare très chaud et un refrain qui entre bien en tête. Pas de doutes, on est en présence de l’un des meilleurs titres de l’album. Cette joie sera de courte durée, car avec Refuse to be Saved, on retombe dans les relents de la première pièce, avec une rythme un peu trop saccadé qui ne sied pas du tout à la voix du chanteur. D’autant plus que cela est très mou du genou et sans grande originalité. Wake Me Up, bien qu’un peu plus soul que la précédente reste un morceau assez ennuyeux malgré la présence de trompettes. Entre le rythme mollasson et la voix lancinante d’Elvis Costello, on reste dans quelque chose de finalement chiant. Alors cela est contrebalancé avec Tripwire, une ballade très lente mais qui possède une vraie puissance émotionnelle et qui rappelle les meilleurs chanteurs de soul comme Otis Redding ou encore Marvin Gaye. Stick Out Your Tongue fait partie de ces morceaux relativement faibles, qui ne marquent ni par leur rythmique ni par leur technicité. Come the Meantimes est un excellent morceau avec une sonorité de fond qui fait penser à This is a Man’s World et qui est très intéressante. (She Might be a) Grenade est un autre morceau bouche-trou, qui ne sert pas à grand-chose et qui ne reste pas dans la tête.
Cinco Minutos Con Vos est un morceau à part dans le skeud. En effet, il s’appuie sur une rythmique purement latine, dans une ambiance ultra chaude avec une chanteuse qui chante en espagnol. Le morceau est très intéressant et très sulfureux. Une autre réussite. Et le top dans tout ça, c’est que le morceau suivant, Viceroy’s Row est encore une réussite. Clair et sans bavure, il propose vraiment un autre morceau qui rappelle la musique noire des années 70/80 et des meilleurs moments de la Motown. Le seul problème, c’est qu’il n’y a rien de vraiment inventif là-dedans. D’autant plus que le rythme est constamment le même dans tout l’album et qu’à la longue, cela devient vite redondant et donc pénible. Wise Up Ghost est un morceau raté. Long, redondant, sans rythme, on peut dire que c’est un des morceaux les plus faiblards de tout l’album. If I Could Believe clôture l’album de manière suave et agréable, avec une ballade sympathique mais loin d’être mémorable. Par la suite, trois morceaux bonus jalonnent la fin du skeud. My New Haunt est relativement mauvaise, s’appuyant sur un mélange rock et électro qui ne fonctionne pas. Can you Hear Me est un morceau planant qui n’est pas du tout accrocheur et The Puppet Has Cut His Strings n’est pas terrible non plus, trop lente et peu engageante.
Au final, Wise Up Ghost, le dernier né d’Elvis Costello et de son partenariat avec The Roots n’est pas désagréable, mais il pêche par un manque de rythme et une certaine lenteur qui porte préjudice à l’ensemble du skeud. Souvent mou mais parsemé de quelques éclairs de génie, l’album ne marquera pas par ses prises de risque et ne révolutionnera pas le genre. Pas assez varié et pas assez nerveux, du moins sur certains morceaux, l’album reste relativement moyen, surtout qu’il est très long.
- Walk Us Uptown
- Sugar Won’t Work
- Refuse to be Saved
- Wake Me Up
- Tripwire
- Stick Out Your Tongue
- Come The Meantimes
- (She Might Be a) Grenade
- Cinco Minutos Con Vos
- Viceroy’s Row
- Wise Up Ghost
- If I Could Believe
- My New Haunt
- Can You Hear Me
- The Puppet Has Cut His Strings
Note: 08/20
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=9lfhafgiONU[/youtube]
Par AqME