avril 25, 2024

Bob Roberts

De : Tim Robbins

Avec Tim Robbins, Giancarlo Esposito, Alan Rickman, Ray Wise

Année: 1992

Pays: Etats-Unis, Angleterre

Genre: Comédie

Résumé:

L’épopée satirique de la campagne électorale d’un chanteur de musique folk, Bob Roberts, qui se porte, en 1990, candidat au Sénat américain.

Avis:

Excellent comédien américain qui est bien souvent sous-estimé, Tim Robbins est aussi un réalisateur. Un réalisateur qui a peu réalisé, c’est vrai, mais un réalisateur tout de même et un réalisateur qui mérite qu’on jette un œil sur ses films. Quand Tim Robbins décide de se laisser tenter par la caméra, il a déjà presque seize ans de carrière et il est l’un des comédiens qui ne cesse de monter. Il a tourné pour Tony Scott, Spike Lee, Robert Altman, Roger Donaldson, Ron Shelton, Michael Almereyda, Rob Reiner… Bref, Tim Robbins a déjà une très belle filmographie.

Si l’on ne peut que vous conseiller de vous arrêter sur son second film, « La dernière marche » (film qui est sûrement son plus connu en tant que réalisateur), il est impossible de ne pas aussi et surtout vous conseiller son premier film, « Bob Roberts« , une satire politique délirante, tournée sous la forme d’un faux documentaire qui suit le parcours d’un chanteur de country aux idées assez extrêmes qui se lance en politique et brigue un siège de sénateur. Film engagé, film presque visionnaire, film qui démonte l’american dream, « Bob Roberts » est une petite pépite qu’il faut sortir de l’ombre !

Bob Roberts a trente-cinq ans. Mis à la porte de chez lui à l’âge de dix-sept, Bob aurait pu être clochard et vivre aux crochets de la société, mais Bob, c’est un gagnant, c’est un homme qui sait ce qu’il veut et il a tout fait pour être celui qu’il voulait. Bob a fait des études, puis il a fait un tour dans l’armée, avant de décider de devenir riche. Ainsi, Bob a cartonné à Wall Street. Puis sans maison de disque derrière lui, Bob s’est lancé dans la musique country et alors que son troisième album va sortir, aujourd’hui, il est indéniable qu’il fait partie du paysage musical américain. Mais être une vedette, ça ne suffisait pas à Bob et le jeune homme s’est alors lancé en politique. Il est le politique chanteur, et il vise un siège de sénateur. Se déplaçant en bus, Bob va de ville en ville pour rencontrer ses fans et ses futurs électeurs…

Pour son premier film en tant que réalisateur, Tim Robbins frappe fort et se fait très surprenant avec « Bob Roberts« , un faux documentaire qui parle de politique, d’idées extrêmes, de corruption, d’argent et de marketing. « Bob Roberts« , c’est le film qu’on n’attendait pas. Farfelu, engagé et surtout très intelligent, ce film suit le parcours d’un homme prêt à tout pour accéder au pouvoir et le pire, c’est que l’ensemble est crédible et aujourd’hui, cette histoire d’un homme parti de rien devenu très riche, aux idées extrémistes, qui parle à l’américain moyen, leur promettant de s’occuper d’eux, ça a tendance à nous rappeler quelqu’un…

Écrit pas Tim Robbins lui-même, « Bob Roberts« , c’est un scénario très intelligent, qui sait exactement ce qu’il fait. Optant pour un ton humoristique, voire farfelu, « Bob Roberts » s’impose comme une satire qui se fait piquante. Une satire grinçante, dont le ton se fait de plus en plus virulent au fur et à mesure que cette campagne politique avance et croyez-le, cette campagne nous réserve bien des surprises, surtout dans son final qui conclue merveilleusement cette pépite. Tim Robbins nous laisse très intelligemment en suspens, et il nous laisse imaginer la suite, et c’est très, très bon.

Comme je le disais, le ton est piquant, et à travers son film, Tim Robbins nous décrit un monde pourri, dicté trop souvent par l’argent, l’orgueil, les ambitions personnelles. Un monde qui n’hésite pas à duper, trahir, mentir, pour arriver à ses fins. Un monde fait de marketing et d’images. Un monde qui est bien trop fait de séduction, « Bob Roberts« , c’est un joli présentoir, c’est l’american dream à merveille, le candidat le sait et il en profite. Puis le film parlera aussi de ces partisans, de ces américains prêts à tout croire, pour un peu d’espoir. Bref, « Bob Roberts« , c’est un film complexe, riche et très intelligent.

Pour mettre en images cette campagne, Tim Robbins a fait le choix de vraiment nous présenter un faux documentaire et si le film a vieilli et mériterait une restauration (l’édition DVD que j’ai est vraiment laborieuse, entre images dégueulasses par moment, uniquement de la VF et faute d’orthographe sur le nom de Tim Robbins sur la jaquette, on ne vous félicite par chez Lazer Film !), il n’empêche que dans l’état, « Bob Roberts » est un film qui fonctionne très bien. C’est un film qui aura bien un petit coup de mou à un certain moment donné, mais c’est simplement parce qu’il mute et qu’il s’en va vers une autre direction. La direction qui pose un merveilleux clou pour le spectacle. Filmé caméra à l’épaule, monté avec ingéniosité, filmant les banquets, les discours, les concerts, les backstages, les interviews, les moments plus apaisés ou non en bus… On pourrait presque dire que Tim Robbins fait du Michael Moore avec son film et ce n’est ni plus, ni moins que passionnant à suivre, en plus d’être drôle.

Si tout le gratin d’Hollywood s’est donné rendez-vous ici, çà et là, on retrouvera Alan Rickman, Helen Hunt, Susan Sarandon (évidemment), James Spader, John Cusack, Ray Wise, Jack Black, Peter Gallagher, Pamela Reed, Bob Balaban et j’en oublie sûrement, il est vrai que « Bob Roberts« , c’est surtout Giancarlo Esposito en journaliste qui veut faire tomber les masques et surtout, Tim Robbins, génial de bout en bout en chanteur country et politicien véreux.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Tim Robbins nous sortait le grand jeu et son « Bob Roberts » est une merveille. C’est drôle, c’est fou, ça tape là où ça fait mal, ça évite la caricature, et le tout se pose comme un documentaire d’une rare efficacité. « Bob Roberts« , chanteur country engagé en politique, ne mérite pas l’ombre dans laquelle il se trouve. Il faut voir « Bob Roberts« , car en plus d’être drôle et subtile, cette satire, aujourd’hui, fait froid dans le dos, car elle se pose comme visionnaire et ça, c’est assez fou. Bref, vous l’aurez compris, ici, on est totalement conquis !

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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