mars 28, 2024

Jeunesse Sauvage – Règlement de Compte à Sète

De : Frédéric Carpentier

Avec Pablo Cobo, Darren Muselet, Léone François, Jérôme Bideau

Année : 2020

Pays : Belgique, France

Genre : Drame

Résumé :

Raphaël, le chef d’une bande de jeunes voleurs de rues, voit son autorité menacée par Kevin, son fidèle lieutenant. Pour garder le pouvoir, il doit affronter la trahison et un univers de plus en plus violent, où les armes remplacent les poings.

Avis :

Frédéric Carpentier fait des études en philosophie et une fois celles-ci finies, il se dirige alors vers le cinéma. Il commence en tant que scénariste et il va travailler sur les scénarios d’Erik Zonca ou d’André Téchiné. En parallèle de ça, il anime dans des quartiers des ateliers réalisations avec des jeunes. Il passe à la réalisation en 2005 avec « Les vagues« , un téléfilm avec notamment Roxanne Mesquida et Denis Menochet. Entre 2006 et 2018, il va alors réaliser trois courts-métrages.

« Jeunesse sauvage » est le premier long-métrage de Frédéric Carpentier. Pendant des années, il a animé dans des quartiers difficiles des ateliers artistiques en tous genres et c’est de là qu’est né « Jeunesse sauvage« . Voulant parler de la jeunesse autrement, avec un autre ton, Frédéric Carpentier a donc posé sa caméra à Sète dans le sud de la France pour y filmer une jeunesse perdue et qui se cherche. Une jeunesse qui cherche sa place quitte à emprunter la voie de la violence. À travers ce portrait simple, juste, nuancé, Frédéric Carpentier nous touche avec ses « kékés de banlieues », et c’est là la vraie surprise de ce film. Car si à aucun moment le réalisateur leur cherche des excuses, il arrive néanmoins à les rendre humain et presque tendre, ce qui est un petit exploit en lui-même.

Raphaël, la vingtaine, est le chef d’un gang de voleurs de rue. Le jeune homme partage son quotidien entre des petites magouilles, une colocataire qu’il aime bien mais avec qui il se restreint, et un père qu’il aimerait bien aider plus encore. Alors qu’il vient de voler une voiture de luxe, Raphaël voit alors son autorité défiée par son ami le plus fidèle, Kevin, un jeune de sa bande. Petit à petit, la violence se fait de plus en plus dure et un jour, les armes à feu remplacent les poings…

Les jeunes de quartiers, la vie des jeunes de quartiers, l’image que renvoient ces jeunes de quartiers, voilà un sujet que le cinéma a fait, refait et re-refait. « La Haine« , « Fracture« , « Chouf« , « L’esquive« , « Divines« , « Bande de filles« , « La vie en grand« , « La cité rose« , « Entre les murs » … Bref, il y a une pelletée de films qui abordent la vie de ces jeunes et on pourrait croire avec une telle proposition qu’il n’y a plus grand-chose à raconter, qu’on en a fait le tour et dans un sens, c’est vrai, et ici, « Jeunesse sauvage » va emprunter tous les sentiers qu’on connaît déjà et pourtant, malgré cela, le film de Frédéric Carpentier développe un ton, une authenticité et un regard qui fait que malgré le genre qu’on connaît par cœur, on apprécie beaucoup cette plongée au plus près de ces personnages. Surtout que cette plongée est faite en compagnie de deux acteurs géniaux, Darren Muselet qu’on avait déjà beaucoup remarqué dans « Mon frère » de Julien Abraham, mais c’est surtout Pablo Cobo, dont c’est le premier grand rôle, et le jeune comédien crève tout simplement l’écran. On peut même dire que si le film de Frédéric Carpentier est aussi touchant, c’est grâce à lui. Pablo Cobo a ce petit quelque chose étonnant qui rassure autant qu’il peut mettre sous pression, qui fait qu’on aime beaucoup ce personnage, alors qu’il peut être très détestable à plus d’un moment. D’ailleurs, ce dernier argument peut se poser sur plusieurs personnages, tant Frédéric Carpentier a réussi à capturer cette authenticité chez tous ses personnages.

Cette authenticité, on la retrouve aussi dans le ton que peut avoir le film et dans sa mise en scène. Frédéric Carpentier livre là un film brut, un film qui ne fait pas de concession. « Jeunesse sauvage » présente ses personnages sans jugement aucun, il présente sa violence de rue telle qu’elle est.

Avec ce film, Frédéric Carpentier nous plonge dans l’univers de ces jeunes. Il nous en présente ses codes, et à force de petits détails, de justesse, de rythme, « Jeunesse sauvage » se fait prenant, et même si parfois le film aura ses petites lourdeurs qui sont presque du cliché dans le portrait de son personnage, avec ce père SDF rejeté de la société qui a tendance à virer schizophrène (le portrait était déjà très riche et surtout très nuancé et cet élément en plus n’était pas forcément nécessaire, surtout qu’il est assez peu convaincant au final), sur l’ensemble, « Jeunesse sauvage » est un film qu’on aime suivre. Un film devant lequel on prend plaisir à suivre ces personnages.

Ce premier film de Frédéric Carpentier est une petite réussite. S‘il est vrai qu’il ne sera pas aussi puissant qu’un « Divines » ou un « La haine« , pour ne citer que ces deux-là, « Jeunesse sauvage » s’inscrit bien dans leur lignée et il mérite qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour l’authenticité que le réalisateur a réussi à capturer ou encore pour ces deux acteurs, Darren Muselet qui décidément est à suivre de très, très prêt et Pablo Cobo dont c’est le premier grand rôle et comme je le disais, le jeune homme crève l’écran.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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