D’Après une Idée de : Mick Garris
Avec Clifton Collins Jr., Briana Evigan, Doug Jones, Maggie Lawson
Pays : Etats-Unis
Nombre d’Episodes : 13
Genre : Horreur
Résumé :
Une série d’anthologie du suspense et de l’horreur.
Avis :
Initiée en 2005 sous l’égide de Mick Garris, puis continuée l’année d’après, les Masters of Horror, malgré son côté inégal, est une anthologie qui a fait plaisir aux fans du genre, permettant de voir de grands réalisateurs de l’horreur s’essayer à un format plus court, plus condensé, mais toujours avec une générosité gore palpable. Deux ans plus tard, en 2008, les producteurs de l’anthologie passent la main à d’autres, qui veulent rendre le format plus accessible et donc moins horrifique, ou tout du moins, moins sale. Si on garde Mick Garris pour l’idée histoire de faire un lien avec les Masters of Horror, Fear Itself n’a plus grand-chose à voir avec ce qui a été fait auparavant. Plus soft, moins percutant, allant chercher des cinéastes moins connus pour remplir les treize épisodes, tout sentait moins bon dans cette troisième saison cachée des Masters of Horror. D’ailleurs, fait important, le sous-titre n’est plus les maîtres de l’horreur mais les maîtres de la peur, un choix des mots qui en dit long sur les intentions de la série, et force est de constater que ce n’est pas bon du tout.
Le premier segment est signé Stuart Gordon qui est l’un des seuls (avec John Landis) à rempiler pour une troisième fois. On le sait, ces deux premières incursions n’étaient pas très intéressantes et avec Le Dévoreur, il revient à un meilleur niveau. Si l’histoire est banale et raconte la venue d’un cannibale dans une prison, la mise en scène suinte la sueur et l’angoisse et c’est plutôt bien fichu. Bon, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, mais globalement, c’est assez satisfaisant et on aura même quelques passages un peu gores. Mais rapidement, la série va se perdre dans des épisodes complètement foirés. Ames Errantes de Brad Anderson est une calamité avec un mélange d’esprits vengeurs et de flic corrompu qui ne mène nulle part et s’avère carrément pénible à suivre. Résidence Surveillée de Mary Harron aurait pu être intéressant, avec un climat anxiogène, mais la réalisatrice n’arrive à rien sinon brasser du vide et ne pas aller au bout de son concept d’un point de vue visuel. Enfin, pour cette première fournée, Le Sacrifice s’avère une petite bouffée d’air frais grâce à Breck Eisner (le remake de The Crazies) qui signe un segment vampirique plutôt plaisant, prenant et un poil plus gore que le reste. Rien de folichon cependant, mais dans le marasme moribond de la série, c’est plutôt bien fait.
Par la suite, on trouve le segment de John Landis, lui qui nous avait habitués à deux excellents épisodes sur les saisons précédentes. Et là, c’est la douche froide. Son histoire ne tient pas debout et repose sur un twist que l’on voit venir des kilomètres à la ronde. C’est mou, c’est inintéressant, on va suivre un couple de jeunes mariés qui ne va faire que s’engueuler et dont les réactions sont stupides et il ne se passe absolument rien. Rien d’horrifique, rien d’affreux et même la résolution laisse pantois devant tant d’effort pour rien. Quand arrive le segment de Ronny Yu (Freddy Vs Jason), on s’attend à un épisode qui va dégommer à tout va, et pourtant, il ne se passe pas grand-chose malgré un postulat de base intéressant. L’épisode n’est pas désagréable, son twist final est même assez marrant, mais ça reste trop gentillet, se rapprochent plus d’un thriller fantastique que d’un film d’horreur à proprement parlé. Et la surprise viendra certainement de La Morsure de Ernest Dickerson, qui avait signé l’un des plus mauvais segments lors de la saison précédente et qui livre là une comédie avec un loup-garou. Drôle, cynique et assumant pleinement son côté bis, cet épisode est une bonne surprise un con sur les bords, mais efficace.
Cette nouvelle saison permet de voir arriver de nouvelles têtes et de jeunes premiers de l’époque qui aujourd’hui sont plus connus. Darren Lynn Bousman fait partie de cette nouvelle vague de l’époque grâce à Saw II et signe un segment d’une nullité abyssale. Voulant faire une apocalypse zombie avec une fausse romance à l’intérieur, on se retrouve face à un épisode imbuvable au niveau de la mise en scène et qui ne raconte vraiment rien. C’est triste à voir et pénible à suivre, il n’y a clairement rien à sauver dans ce bousin. Cependant, l’épisode suivant, Le Ranch Maudit, sera plus intéressant car plus dérangeant et embrassant un mythe peu connu, le Wendigo. Doug Jones y est parfait grâce à son physique émacié et l’épisode n’arrête pas un seul instant, n’épargnant rien ni personne. Si on peut regretter le manque de gore d’un point de vue visuel, certains tics de réalisation renforce un côté malsain plutôt bien vu. C’est grave, car avec la piètre qualité de cette saison, on se contente d’un minimum. Et alors, l’épisode suivant va nous rappeler à quel point cette saison est abominable. Double Chance s’amuse avec le mythe de Jekyll & M. Hyde sans pour autant en ressortir quelque chose de bien. Lent, pas passionnant, mal joué et surtout mal réalisé, on revient sur un épisode bateau qui n’a rien d’horrifique.
Pour les trois derniers segments, on nage en pleine médiocrité. Spiritisme est d’une banalité à se crever les yeux, avec deux lycéennes qui pensent résoudre un meurtre en jouant avec un ouija. Bien évidemment, le tout marche avec un twist qui veut nous surprendre mais qui nous réveillera juste gentiment d’un long épisode ennuyeux sans ambition, si ce n’est de mettre en avant une toute jeune Anna Kendrick, encore une fois dans le rôle d’une ingénue un peu écervelée. La question que l’on se pose avec l’épisode suivant, c’est pourquoi avoir choisi le tâcheron Rupert Wainwright pour faire un film ? Il a déjà fait tellement de mal à Fog en faisant un remake tout pété, quel intérêt de le prendre pour cette anthologie ? Et de voir à quel point il est mauvais avec un épisode dégueulasse, sans queue ni tête et d’un ennui profond. Enfin, Le Cercle sera un épisode plutôt sympathique, avec de vrais éléments de mise en scène, mais qui se perd dans un final fainéant et presque attendu.
Au final, Fear Itself, sorte de troisième saison édulcorée des Masters of Horror, est une purge infâme et difforme que l’on ne voulait pas voir. En voulant faire un show plus accessible et moins sale, les producteurs se trompent complètement de cible et ne font ni plus ni moins que de déstructurer un concept qui avait déjà du plomb dans l’aile. Sans surprise donc, cette troisième saison sonnera le glas des Masters of Horror et scellera le sort des anthologies horrifiques avec de grands réalisateurs. Dommage…
Note : 06/20
Par AqME